Le président tient à son dialogue. Il charge le gouvernement, et plus particulièrement le MAP pour l’organiser. Ces derniers ont fixé le rendez-vous au 28 novembre. Dans un dialogue, il faut au moins être deux. Deux parties qui doivent avoir des choses à se dire, des points de vue à échanger, des expériences à faire connaître et parfois des problèmes à régler. Dans un dialogue, la présence physique des participants et leur volonté de s’écouter mutuellement doivent être la règle. Dans un dialogue, pour qu’il soit utile, constructif et serve à quelque chose, tous doivent être des égaux. Personne n’est au-dessus de l’autre : le respect mutuel et une bonne de tolérance priment sur tout autre considération. Le deuxième dialogue présidentiel en gestation ne répond pas à ces critères. Le pouvoir souhaite en faire une occasion pour la promotion du MAP. L’opposition n’y viendra pas parce que ce dossier est, pour elle, caduc.
Sens unique
Du coup, le dialogue perd déjà un peu de sa valeur. Les spectateurs n’entendront d’autres sons de cloche que ceux déjà favorables à ce document. Ils seront privés de l’opportunité de voir se frotter d’autres projets de développement au MAP. Comment les tenants du Plan d’action pour Madagascar défendent-ils leur bible et comment les autres présentent-ils les leurs. Au demeurant, les débats iront à sens unique, voire dans le sens du poil du MAP. Il n’y aura pas de suspense. Les résultats sont connus d’avance : le MAP se poursuit, il continuera d’être la feuille de route, la boussole du pays pendant les années à venir. Bref, tout baigne dans l’huile pour le MAP et tout marche comme sur des roulettes pour le pouvoir. Les deux sont promis à un bel et radieux avenir. Selon un raisonnement par récurrence, la question se pose alors de savoir à quoi sert un dialogue si les protagonistes n’ont rien à se dire et si les résolutions sont déjà connues de tous ? Peut-être, pour apprendre à dialoguer.
