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Afrique : La rue partagée sur la mort d’Oussama ben Laden

mercredi 4 mai 2011 |  1163 visites 

(MFI / 03.05.11) La mort d’Oussama ben Laden continue de susciter des réactions diverses en Afrique. Notamment au Maghreb et au Sahel, particulièrement concernés par le terrorisme d’al-Qaïda, et où les avis sont partagés. Sans oublier la Libye. Tour d’horizon avec nos correspondants.

Au Maroc, touché par un attentat meurtrier à Marrakech le 28 avril dernier dont le bilan n’est toujours pas définitif (pour l’instant 16 morts et 21 blessées, dont certains dans un état grave), l’annonce de la mort de ben Laden relayée par tous les médias ne soulage pas forcément. Ainsi à Rabat, un habitant estime que cette mort ne marque « pas la fin d’al-Qaïda. Il y a des milliers d’autres Oussama ben Laden. [al-Qaïda] est une école, les élèves vont continuer ». À Marrakech aussi, les avis sont partagés entre « soulagement pour certains, scepticisme pour d’autres ».

« Nous venons d’être meurtris dans notre chair »

Khalid Naciri, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement marocain résume les événements en ces termes : « Nous venons d’être meurtris dans notre chair, il faut savoir raison gardée. Ce n’est pas parce que la tête de la nébuleuse a été coupée qu’on en a fini avec le terrorisme ». Pourtant, selon Nadia Yassine, fille de Cheikh Yassine, fondateur du mouvement Justice et bienfaisance, « pour une grosse partie de la population marocaine, ben Laden n’est pas perçu comme un homme maléfique. Il aurait mieux valu avoir un tribunal. On l’a tué et jeté à la mer, et ce qui est dangereux c’est le combat au niveau du symbole, et dans le monde musulman on réagit ».

En Algérie, dans le quartier de la mosquée Kaboul (connue sous cette appellation), à Belcourt, quartier populaire d’Alger, les jeunes interrogés semblent indifférents à cette disparition. Mais personne, parmi eux, n’évoque Aqmi qui avait choisi d’adopter en 2007 le label de l’organisation terroriste de ben Laden : « Ben Laden ne nous intéresse pas. Les gens en entendent parler, mais ils ne veulent pas qu’on les assimile au terrorisme », affirme l’un d’eux.

« Une fausse et une mauvaise réponse à un vrai problème »

En Tunisie, selon Rached Ghannouchi, leader historique du parti islamiste tunisien Ennahda - parti reconnu il y a quelques semaines par les autorités de transition -, al-Qaïda, par ses agissements, a nui à l’image de l’Islam et à celle des musulmans dans le monde entier : « Nous considérons que le mouvement al-Qaïda est mort avec la victoire de la première révolution populaire en Tunisie. Al-Qaïda était une fausse et une mauvaise réponse à un vrai problème (...). Son idéologie a posé le problème du changement mais, en utilisant la mauvaise méthode, elle a renforcé les régimes autoritaires. » Une déclaration à méditer !

À Nouakchott, en Mauritanie, pourtant touchée depuis 2005 par des actes terroristes perpétrés par Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique), contre des Occidentaux mais aussi contre l’armée nationale, les réactions à l’annonce de la mort de ben Laden ne sont pas uniformes non plus. Beaucoup de Mauritaniens font une distinction entre l’action de ben Laden en Irak, en Afghanistan ou contre les Américains, et les attaques d’Aqmi sur leur sol.

De même, dans les pays du Sahel, les avis divergent, comme en témoignent ces étudiants nigériens rencontrés sur le campus universitaire de Niamey. Les étudiants sont sceptiques : certains pensent que Barack Obama a des raisons inavouées, électorales par exemple. Pour l’heure, pas de réaction officielle encore de la part du gouvernement nigérien.

À l’extrême ouest de l’Afrique, le Sénégal n’est pas en reste. Dans ce pays, l’Islam est encore pour l’essentiel confrérique, très éloigné des appels à la violence d’al-Qaïda. Mais le discours d’Oussama ben Laden a manifestement réussi à cristalliser la colère de certains, au point que dans la rue, les commentaires sur sa mort sont aussi partagés. Ainsi à Cambérène, dans l’agglomération de Dakar, certains pensent qu’Oussama ben Laden avait trahi la foi musulmane. Mais d’autres voient en lui un héros pour son opposition aux Occidentaux.

MFI / RFI / Avec nos correspondants sur place


Al-Qaïda et ben Laden : Au cœur du conflit libyen

(MFI / 03.05.11) Oussama ben Laden a été ces dernières semaines l’épouvantail brandi par les autorités de Tripoli pour justifier la lutte contre les insurgés. C’est en croyant combattre al-Qaïda que de nombreux kadhafistes se sont engagés aux côtés du Guide Mouammar Kadhafi. Plusieurs d’entre eux, faits prisonniers, ont confié qu’ils combattaient des terroristes tout droit venus d’Afghanistan et non des Libyens, et cela ne semble pas être une simple ligne de défense. À l’ouest du pays, des cartes ont été retrouvées dans la voiture d’un haut gradé libyen loyaliste. L’une d’elles détaillait les positions d’al-Qaïda dans une ville de la région, comme si au plus haut niveau les militaires croyaient eux aussi être engagés dans une chasse aux islamistes. L’implication d’al-Qaïda est prouvée chaque jour, insistait à la mi-avril le porte-parole du gouvernement Moussa Ibrahim. La présence d’islamistes radicaux dans le fief des insurgés et la ville voisine de Derna ne fait guère de doute, mais de là voir la main directe de ben Laden derrière la révolution libyenne, il y a un pas que pour l’instant la communauté internationale s’est refusée à franchir. Les insurgés ont toujours crié haut et fort qu’ils n’avaient rien à voir avec cette mouvance, mais al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) leur a compliqué la tâche en annonçant dès fin février son soutien à la révolution libyenne - soutien réitéré avec d’autres mots par le numéro 2 d’al-Qaïda, aujourd’hui numéro 1 : Ayman al-Zawahiri.

MFI / RFI

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