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9 juin 2022 à 10:44 | Besorongola (#10635)

Tribune. C’était deux jours avant Noël. A Madagascar, neuf paysans de la région d’Itasy ont été placés sous mandat de dépôt le 23 décembre 2019, accusés de cultiver des terres qui ne leur appartiendraient pas. Une affaire dont l’origine remonte à la colonisation.

L’Itasy est un petit territoire volcanique dont la richesse des sols avait attiré des colons français dès les années 1920. Un groupe d’entre eux y avait développé des plantations d’Aleurites moluccana, autrement appelés bancouliers ou, à Madagascar, les bakoly, dont les noix fournissent de l’huile, transformée notamment en savon. Plusieurs bâtiments massifs en ruine – les anciennes huileries – attestent encore du dynamisme qu’a pu connaître cette activité autour de la petite ville de Soavinandriana. Mais tout cela est de l’histoire ancienne.

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A l’indépendance de Madagascar, en 1960, les colons ont progressivement abandonné ces plantations, et l’arrivée au pouvoir de Didier Ratsiraka, l’« Amiral rouge », a accéléré le changement de statut de ces terres à partir de 1975. Après le départ des colons, les petits cultivateurs ont continué à occuper l’une de ces plantations qui recouvrait la petite plaine d’Ampalaha, une cuvette d’environ 600 hectares. Il s’agissait, pour la plupart d’entre eux, d’anciens ouvriers agricoles, hier salariés des plantations d’Aleurites, passés à la culture du maïs, plus simple et plus sommaire. Cette céréale fournit encore aujourd’hui une nourriture de subsistance aux familles.

Mais, sans se préoccuper de leur situation, un ministre de Ratsiraka a profité de sa position pour se faire attribuer 569 hectares dans cette plaine, faire borner sa « propriété », et menacer les paysans de les chasser par la force s’ils s’obstinaient à occuper le lieu. A l’époque, au milieu des années 1980, la tension a été très forte, avant de se tasser quand le dignitaire, appelé à des fonctions diplomatiques lointaines, s’est contenté de n’occuper que les 4 hectares où il avait construit sa ferme. Mais, au début des années 2010, il a relancé les procédures d’expulsion avec pour objectif cette fois d’aménager une grande exploitation de litchis en lieu et place des petites parcelles de maïs qui faisaient toujours vivre près de 300 familles.

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