Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
vendredi 29 mars 2024
Antananarivo | 12h46
 

Répondre à un commentaire

21 mai 2020 à 09:33 | Turping (#1235)

Selon une étude publiée dans Plos One, il existe un lien extrêmement fort entre la présence de maladies infectieuses dans une population et sa sympathie pour les régimes autoritaires

Adolf Hitler était obsédé par les virus.

Après la Grippe espagnole, qui ravagea l’Europe en 1918-1919, l’Allemagne fut en effet touchée par une pandémie de choléra (1923) tandis que la tuberculose et la polio continuaient à se répandre.

En 1924, le grand romancier allemand Thomas Mann publia “La Montagne magique” (Der Zauberberg). Ce roman, qui est “considéré comme l’une des œuvres les plus plus influentes de la littérature allemande au XXe siècle” [1] relate la vie dans un terrible sanatorium de tuberculeux à Davos, en Suisse.

Cette histoire traumatisa les Allemands au point qu’une des premières mesures prises par Hitler après son arrivée au pouvoir en 1933 fut un grand programme de lutte contre la tuberculose. Il mobilisa une flotte de camions équipés d’appareils aux rayons X pour dépister la maladie par radiographie des poumons et isoler les malades.

Vous n’aviez pas le choix de vous faire dépister ou pas. La devise des Nazis, rappelons-le, était “l’intérêt commun devant l’intérêt individuel” (“Gemeinnutz vor Eigennutz”). Elle fut gravée sur les pièces de monnaie de 1 Mark à partir de 1933 :

Après la tuberculose, Hitler lança un grand programme pour désinfecter les usines et éliminer les poux et les rongeurs, vecteurs d’épidémies.

Le gaz Zyklon B, utilisé plus tard dans les chambres à gaz, fut utilisé à cet effet.

Il lança aussi un grand plan pour les espaces verts autour des usines, avec des arbres et des fleurs pour créer un environnement plus “sain”. La jeunesse était embrigadée dans des colonies appelées “Jeunesses Hitlériennes” pour des activités dans les campagnes, les forêts, loins de l’air vicié des grandes villes, pour ainsi “fortifier la race” et contribuer à faire “reverdir” l’Allemagne.

Mais la lutte contre les “infections” en tout genre ne devait pas s’arrêter là. Les Nazis l’étendirent aux hôpitaux psychiatriques, les handicapés mentaux étant considérés comme des faibles et des indésirables, consommant des ressources nécessaires aux “travailleurs allemands”. Ce fut ensuite le tour des Tziganes, des Juifs, des Slaves, considérés comme inférieurs et porteurs de maladies, et enfin à toutes sortes d’autres groupes sociaux désignés comme inutiles ou nuisibles.

Le feu, symbole de la purification
Ce dégoût et cette peur des infections explique aussi pourquoi Hitler adorait le feu. Les Nazis utilisaient le feu comme symbole de leur mouvement.

Le feu est, par excellence, l’élément purificateur.

Il permet de détruire toute vie, et donc toute maladie.

Les Nazis organisaient des marches au flambeau nocturnes dans les rues de Berlin, ainsi que d’immenses cérémonies la nuit où 150 000 hommes étaient alignés en carré parfait, ou en croix gammée, tandis que d’immenses torches illuminaient la scène et de puissants projecteurs balayaient le ciel.

On sait également l’usage du feu dans les fours crématoires, destinés à faire disparaître toute trace de personnes humaines et donc tout microbe.

Un lien étroit entre régimes autoritaires et présence de maladies infectieuses
Selon une grande étude publiée dans Plos One en 2013, il existe un lien direct et très étroit (corrélation de 0,7) entre la prévalence des maladies infectieuses dans une population, et la sympathie de celle-ci pour les régimes autoritaires. [2]

Autrement dit, plus le risque (réel ou imaginaire) d’infection est élevé, plus la population approuve, voire demande, des mesures autoritaires, restreignant ses libertés.

Plus il y a de risque de maladies infectieuses, plus une société devient même sexiste, xénophobe, ethnocentriste, ont expliqué Randy Thornhill, Corey L. Fincher et Devaraj Aran en 2008 dans un célèbre article intitulé “Parasites, démocratisation et libéralisation des valeurs parmi les pays contemporains”, publié dans Biological Reviews (Cambridge Philosophical Society), et qui aurait pu leur valoir le prix Nobel. [3]

Ces auteurs ont identifié un système “d’adaptation de l’homo sapiens pour gérer le problème des maladies infectieuses.” Dès que nous sentons augmenter le risque d’infection, nous acceptons (nous demandons !) aux Autorités de restreindre nos libertés pour nous protéger.

Or, l’être humain étant le principal vecteur des maladies infectieuses, la meilleure façon de nous protéger est alors d’interdire aux autres êtres humains de nous approcher, en fermant les lieux publics, en interdisant les rassemblements, les fêtes, en fermant les frontières, ou limitant les déplacements sur le territoire, voire en imposant des mesures de distanciation sociale permanentes.

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS