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lundi 1er décembre 2025
Antananarivo | 09h37
 

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Virage diplomatique de l’UA : Madagascar sort peu à peu de l’isolement

lundi 1er décembre | Mandimbisoa R. |  56 visites 

L’Union africaine (UA) vient de faire un nouveau pas dans le dossier malgache. Dans un communiqué adopté le 20 novembre par son Conseil de paix et de sécurité (CPS), l’organisation continentale acte une inflexion de ton et de méthode vis-à-vis d’Antananarivo. Un tournant qui tranche avec la ligne dure suivie après la crise institutionnelle déclenchée le 12 octobre dernier, quand Andry Rajoelina a quitté le pays et que la Haute Cour constitutionnelle (HCC) a confié les rênes de l’État au colonel Michael Randrianirina. À l’époque, l’UA avait réagi par des sanctions et une suspension de Madagascar de ses instances officielles, au nom du rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernement.

Cinq semaines plus tard, le ton change et, avec lui, le message politique. Le CPS ne parle plus de « coup d’État militaire » ni de « changement anticonstitutionnel ». Il évoque désormais les « Autorités malgaches », un glissement sémantique lourd de sens diplomatique. Autrement dit : l’UA reconnaît de facto un interlocuteur, et ouvre la porte à une sortie de crise négociée plutôt qu’à un bras de fer.

Le contenu du communiqué confirme cette réorientation. Le CPS appelle à traiter « de manière globale » les causes structurelles profondes de l’instabilité malgache. L’accent n’est plus mis sur l’exigence d’un retour « rapide et total » à l’ordre constitutionnel, mais sur la construction d’une transition crédible. L’UA prend acte de la fin du précédent régime et mise sur une feuille de route inclusive, assortie d’objectifs clairs et d’un calendrier précis, que les autorités devront soumettre sans tarder.

Signe supplémentaire d’apaisement : l’UA renonce à l’isolement politique qui faisait partie de l’arsenal de sanctions. Dans un revirement rarement aussi explicite, le CPS invite au contraire les États membres, les partenaires internationaux et la communauté internationale à maintenir leur soutien à Madagascar, notamment par la mobilisation de ressources financières. Le CPS va plus loin en demandant à la Commission de l’UA d’intégrer Madagascar parmi les pays éligibles à la Facilité africaine de soutien aux transitions inclusives (FASTI), un programme appuyé techniquement et financièrement par le PNUD pour accompagner les Etats en transition.

Ce réchauffement reste toutefois conditionnel. La suspension de Madagascar des réunions des organes officiels de l’UA demeure en place. Pour l’organisation panafricaine, il s’agit d’une pression politique destinée à accélérer la présentation d’une feuille de route consensuelle et à clarifier les besoins d’appui technique, politique et financier, y compris pour répondre aux revendications sociales et aux attentes de la jeunesse.

Le gouvernement malgache, dans un communiqué daté du 30 novembre, dit accueillir avec satisfaction cette « approche plus constructive » et la reconnaissance des efforts des autorités pour stabiliser le pays et avancer dans la refondation nationale. Antananarivo souligne la solidarité réaffirmée de l’UA envers la souveraineté malgache et salue la volonté affichée d’un appui renforcé. Mais le ministère des Affaires étrangères ne cache pas ses regrets face au maintien de la suspension, estimant qu’un accompagnement optimal ne peut se déployer sous régime de sanctions.

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