Une aubaine pour des journalistes

Maka Alphonse (à droite)

Très grand a été l’étonnement des hommes de presse en entendant le nom d’Alphonse Manka, nommé membre du Congrès de la Transition (CT) lors de la cérémonie officielle d’installation des membres de cette institution le mardi 12 octobre dernier au palais d’État de Tsimbazaza. Aucun des journalistes ne s’attendait à ce que Maka Alphonse soit désigné congressiste, lorsqu’il avait collaboré avec les « Raiamandreny Mijoro » pour l’organisation de la conférence nationale tenue au Centre de conférences internationales d’Ivato du 13 au 18 septembre dernier.

Après l’annonce du nom de ce journaliste, il faut seulement reconnaître la logique de la presse malgache : tout changement de régime à Madagascar est une aubaine pour des journalistes. Cela est valable depuis plusieurs années. Il faut se rappeler que Gilbert Raharizatovo, actuel membre du Conseil supérieur de la transition (CST) était auparavant un journaliste de la Radio Nationale. Il a déjà été député, et s’est associé à Andry Rajoelina alors que ce dernier n’était encore qu’un simple maire de la Commune urbaine d’Antananarivo. Après le renversement du régime de Marc Ravalomanana, Gilbert Raharizatovo a été nommé ministre par Andry Rajoelina lorsque ce dernier est devenu président de la Haute Autorité de la Transition (HAT).

TIM

Le cas de Louis Bernard Rakotomanga, député issu du parti Tiako I Madagasikara et ancien journaliste de la télévision nationale, est aussi à soulever. Il s’était associé au parti fondé par Marc Ravalomanana lorsque ce dernier régnait sans partage dans la grande Île. À cause de son expérience en matière de communication, il fut un temps chargé de la fonction de porte parole du TIM. Mais après le renversement de régime, il s’est associé à feu Jacques Sylla pour tendre la main au nouvel homme fort du pays Andry Rajoelina.

Le cas le plus célèbre est celui de Rolly Mercia. Il s’est associé lui aussi à Andry Rajoelina alors que ce dernier était maire de la cité des milles. Après la fermeture de la télévision VIVA par le ministre Andriatavison Bruno, il créa alors sur la radio de même nom le « club de la presse privée » avec trois autres journalistes. Actuellement, Rolly Mercia est le directeur de l’information de la présidence de la HAT, sans parler d’autres postes ailleurs. Et nul ne sait encore ce que l’avenir réserve pour les journalistes malgaches.

Johannesburg

Ces faits rappellent un atelier de formation organisé récemment par les responsables régionaux du PNUD pour l’Afrique. Cette formation de deux jours, tenue le 27 et 28 septembre dernier à Johannesburg en Afrique du Sud, a vu la participation de quatre journalistes malgaches et a porté sur le thème « média et élection ». Au cours de cet atelier formation, il a été mis en exergue les rôles des médias en période électorale pour éviter les crises et donner une crédibilité à chaque élection.

Il a été souligné que les journalistes ne devraient pas prendre parti vis-à-vis des sujets d’études, c’est-à-dire l’élection et les candidats. Il serait souhaitable que les journalistes se concentrent sur l’éducation des électeurs en veillant à octroyer des informations riches et diversifiées. Il leur faut aussi donner la parole aux électeurs. Un équilibre nouveau doit être instauré : un équilibre, non plus entre les candidats, mais entre les candidats et les électeurs, c’est-à-dire les citoyens lambdas. Tous les journalistes africains, présents lors de cette formation ont reconnu la nécessité d’un changement d’angle dans la couverture des élections, avant, pendant et après les scrutins.

Mais à Madagascar l’application de cette nouvelle vision reste un grand défi. En effet, une élection est une occasion pour bousculer un régime. Et un changement de régime est une aubaine dans la carrière des journalistes. Tout cela, sans trop tenir compte de l’intérêt des citoyens victimes de désinformation.