- Stan-Niry n’a pas mâché ses mots.
Une conférence de presse qui dégénère, on n’en verra pas tous les jours. Des artistes qui crachent dans la soupe, et critiquent la structure en place, c’est peut être un fait courant ailleurs, mais reste assez inédit au pays. Un Stan-Niry qui ne mâche pas ses mots, n’est peut être plus nouveau, mais lorsqu’il commente la situation dans laquelle les artistes évoluent, cela devient plus intéressant.
Après avoir présenté son projet dans le programme mensuel du cercle Germano-malgache, ce mercredi 15 avril 2009 à Analakely, le guitariste a parlé du « fond des problèmes de la musique et des artistes à Madagascar ». Devant une poignée de journalistes, le musicien étale ses arguments comme il joue du classique avec sa guitare. « Désolé de vous le dire, mais la culture a toujours été sous-estimée, voire passée sous-silence dans le pays », introduit-il.
« Si la Chine est devenue une puissance économique redoutable, la première selon moi, c’est qu’elle possède une culture bien structurée et des artistes bien soutenus, sur le plan financier et moral. Elle est avant tout connue pour son art culinaire, son art martial avec Bruce Lee et par ricochet le cinéma, et pour sa médecine traditionnelle. Le gouvernement chinois ne ménage pas ses forces pour aider les acteurs culturels et de décoller, par la suite, son économie ».
- Laza, le cinéaste.
Comme pour enfoncer le clou, le guitariste a ajouté que « le ministère chargé de la Culture et des Sports n’a jamais manqué de soutenir l’équipe nationale du foot, le Barea, qui n’a pas pu faire grand-chose jusqu’ici alors qu’il n’a jamais aidé Rajery ou Mikea, deux artistes qui ont déjà remporté deux grands Prix internationaux de musique. La plupart de ses reconnaissances envers les artistes ne sont qu’à titre posthume », regrette le musicien.
Que dire alors des activités des centres culturels qui donnent une place importante aux artistes malgaches ? « Ce n’est pas suffisant », rétorque-t-il. Laza, un cinéaste malgache bien connu pour sa verve et non pour ses œuvres, confirme qu’on doit toujours se soumettre aux exigences des décideurs si on veut réaliser quelque chose dans le pays. Ce qui ne permet pourtant pas aux artistes de s’épanouir dans leur projet et aux initiateurs de mieux avancer.
Le musicien est bel et bien convaincu qu’il y a des artistes talentueux à Madagascar. « Ils commencent à se faire connaître grâce à leurs propres efforts, et méritent bien d’avoir une carrière internationale », constate-t-il. Il ne manque plus en effet que l’aide à la création et le soutien financier de l’Etat. Et pourtant, une question se pose, est-ce que la musique et les autres produits artistiques malgaches peuvent-ils faire face à la concurrence internationale ?
