Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
samedi 20 avril 2024
Antananarivo | 12h27
 

Politique

S’en sortir

lundi 23 mars 2009 | Miary

Madagascar est composée de deux ou trois sortes de populations.

Parlons tout d’abord de ceux qui vivent au gré des événements et qui suivront quels que soient les dirigeants de ce pays.

Il y a ceux qui voudraient que Madagascar se passe de l’aide extérieure et ne compte que sur ses propres forces, mobilise ses ressources et son énergie et surtout relève la tête pour être fier d’elle-même et de ce fait capable des plus grands exploits. Le groupe Otrikafo est l’animateur principal de cette tendance et doit affûter ses armes à un moment où de gré ou de force nous nous acheminons vers cette coupure, au moins momentanée, avec l’aide internationale.

La très grande majorité de nos penseurs et décideurs pensent que l’aide internationale nous est indispensable pour un long moment encore. De ce fait tout est pensé pour que cette reconnaissance des grands de ce monde nous soit acquise. De l’autre côté les diplomates ne cessent tout au long de la crise de signaler que si Madagascar ne suit pas un certain schéma, la pluie de sanctions va tomber, y compris la coupure de l’aide avec toutes les conséquences qui vont s’en suivre. Tout le monde suit actuellement les moindres signes de reconnaissance internationale. C’est plutôt l’aspect coup d’état qui est mis en valeur par l’entourage des responsables internationaux. Les Américains en premier, la SADEC, puis l’Union Africaine et dernièrement Sarkozy en personne sans l’intermédiaire d’un porte-parole.

S’en sortir est à notre sens indispensable comme le noyé qui cherche à sortir de l’eau. La reconnaissance internationale est loin d’être acquise et nous craignons que les engagements pris par Andry Rajoelina samedi dernier ne soient pas suffisants : bonne gouvernance, respect des lois et des droits humains. L’international réclame un retour à l’ordre constitutionnel.

Les solutions ne sont pas multiples :

- retour à la case départ et faire que Marc Ravalomanana revienne au pouvoir. Ce sera le bain de sang assuré car la fibre sensible des partisans de Andry Rajoelina se rebiffera pour de bon.

- trouver une formule de collaboration avec Marc Ravalomanana du genre « cohabitation ». En effet le modèle le plus proche de la Constitution est une solution qui recueille l’accord non équivoque et indiscutable de Marc Ravalomanana. Le camp de Rajoelina rétorquera que tout au long de la crise cela a été tenté sans suite. Dans la situation d’aujourd’hui cette hypothèse ne paraît pas réaliste.

Il reste à trouver une démarche qui à la fois enthousiasme le pays profond et satisfasse également la communauté internationale. Cette solution est simple à décrire : mettre noir sur blanc le programme de la transition. En effet, 24 mois c’est long et ce délai peut être légitimement soupçonné de recouvrir des mauvaises intentions. Il faut donner le planning de cette transition dans la mise en place des nouvelles structures de l’Etat. À quelle date se tiendront les différentes élections ou tout au moins donner une fourchette qui engage l’Autorité de transition ? Nous avons vu que c’est le marchandage qui a été effectué avec les pays africains ayant véritablement subi des coups d’état. Il semble raisonnable d’arriver à un délai de 18 à 20 mois et se garder une marge de manœuvre.

Pour les organisations de la vie publique malgache, un tel calendrier ne peut avoir que des avantages car tout le monde peut se préparer à affronter les épreuves futures et s’organiser en conséquence. Les doutes et les soupçons s’effaceraient et les débats seraient plus sereins. La priorité est cette adhésion populaire au sens large du terme. L’adhésion internationale s’en suivrait immanquablement. Madagascar ne peut se passer de cette démarche.

6 commentaires

Vos commentaires

  • 23 mars 2009 à 07:19 | Rakotomalala (#832)

    En lisant l’article j’ai été frappé par ces mots « se rebiffer et bain de sang » !!!

    pour vous donc ce sont les partisans d’Andry Rajoelina qui sont à craindre mais pas les militaires mutins(qui sont la cause de sa « victoire ») ? une seule question de la part d’un observateur à un journaliste : cette situation était-elle possible sans les mutins ???

    D’après vous, les personnes qui commencent à manifester ne doivent pas être pris en compte car, premièrement ils ne se rebifferont jamais et il n’y aura pas de bain de sang car ils sont pacifiques et pourquoi ne pas dire franchement « minoritaire » tant que vous y êtes ??

    je m’excuse mais de tel article ne fait qu’alimenter une probable guerre civile, et haine envers les forces de l’ordre !!!

    - assurez-vous d’abord d’avoir la majorité avant d’avancer vos arguments.
    vous ne sentez rien à Tana ??? bizarre pour un journaliste ... vous dormez sur vos deux oreilles alors !

    je vous propose deux schémas aussi probable que le vôtre en étant un simple citoyen :

    1- une autre partie de l’armée, soit victime de pressions (familiale, sociale et propre conviction) va prendre position, qu’adviendra-t-il ?

    2- au moment où les mutins ne vont plus dormir avec leurs armes (ils ne le feront pas durant 2 ans !!!), qu’adviendra-t-il ? Peut-on faire confiance à nos forces de l’ordre ? à notre justice qui cautionne les vols, les passe-droit au « grand jour » ?

    ce ne sont que des suppositions, mais le deuxième schéma est inévitable ...

    un bain de sang, à éviter autant que possible mais pas de votre point de vue !!! vous vous trompez de l’endroit où va tomber l’éclair !

    • 23 mars 2009 à 11:29 | miako (#1484) répond à Rakotomalala

      « ..... vous vous trompez de l’endroit où va tomber l’éclair !.... » !

      Effectivement,nous sommes éberlués par l’épiphénomène actuel or le plus dur est à venir ! Il est extrêmement courageux et à juste titre d’amnestier les prisonniers politiques générés par le pouvoir de Ravalomanana et dangereux en nageant à contre-courant de l’opinion en recevant les exilés sans condition aucune.
      Nous savons,désormais, que l’armée est sous la coupe d’un seul homme.Il va fouler à nouveau non seulement le sol de son pays mais aussi l’aspiration de liberté d’un peuple exangue !Il lui suffirait de presque rien alors pour créer les conditions d’une déflagration généralisée,d’asseoir une certaine légitimité et de ravir à nouveau le pouvoir. Le monde va à accourir, un pouvoir fort à l’image de Sassou sera le scoop et réclamé à tue tête... Le pouvoir actuel n’aura été que le porteur d’eau ou le lièvre d’une course de fond. Il lui sera imposible d’aller au delà de ses limites.
      Obliger le pouvoir de Andry Rajoelina à organiser une éléction présidentielle rapide fait entr’autre partie de ce scénario car il n’y a qu’un seul groupe qui est capable de drainer financièrement une campagne ultra rapide et coûteuse,ils ont eu largement le temps de développer leur lobbying.... suivez mon regard...
      Quelles solutions ? Côté Russe que peut-on attendre, rien ? Côté US, ils préfèrent protéger les acquis en se rangeant derrière La France...La RSA de Mothlante sera maîtrisée par le courant Zuma concernant Mada, celui-ci aura son retour d’ascenseur, il en aura besoin.On est presque à terme de cette situation en acceptant de boire le calice jusqu’à la lie ou bien un autre scénario, la dislocation du pays de façon irrémédiable ! Etait-ce le but originel de cette « lutte ».? Good luck ilay ts’isy menthol ! Ny fitiavako anao anie ry Gasikara ka amin-taonina !

  • 23 mars 2009 à 12:51 | zana47200 (#227)

    Merci Miary pour l’analyse même si le tableau n’est pas aussi gai qu’on s’y attendait et surtout que le moment de dresser de tel tableau n’est pas sans risque vis à vis des dirigeants ou du dirigeant.
    Il faut vraiment s’armer de courage pour s’en sortir même si les chances sont quasi-nulles. je ne suis pas défaitiste mais 3 mois de paralysie économique doivent laisser la caisse de l’état plus que vide. Et je vois mal, sans l’aide internationale comment Andry Rajoelina payera le salaire déjà des fonctionnaires car j’ai su que les retraités n’ont pas pu reçevoir leur retraite la semaine dernière.
    Chers compatriotes, vous allez peut être dire qu’il est plus facilede critiquer, mais avec la cris économique actuelle, je vois mal l’entré du train d’Andry Rajoelina dans le tunnel. Car l’entrée ets trop petite pour un grand TGV.
    Quoi qu’il en soit, je souahite à tous les compatriotes un bon courage

  • 23 mars 2009 à 13:37 | mimi (#426)

    Très bonne analyse.
    Les Malgaches ne sont pas prêts pour être financièrement indépendants et d’ailleurs sans se voiler la face aucun pays du monde ne le peut vraiment.Ne venez pas me dire que c’estle cas de l’île Maurice ou encore des anciennes colonies britanniques telle que les USA.
    Nombreux pensent que nous pouvons nous passer des aides financières étrangères celà en passant par l’industrie jusque dans le social et ils disent que c’est pour l’intégrité nationale.
    Ils peuvent avoir raison d’un côté surtout si on veut que toutes les ressources de notre pays nous soient profitables et si l’on veut faire respecter l’indépendance économique.
    Cependant ils voient totalement faux.
    Exemple le plus proche le pétrole.
    Qui d’entre ces opérateurs malgaches peut prétendre avoir assez de fonds à déployer pour pouvoir exploiter le pétrole ou encore assez patriote pour en faire profiter les malgaches.Il ne s’agit pas certe d’en faire profiter la population en versant des pourcentages aux ménages ; Non mais en respectant sa terre dans un premier temps,en offrant du travail aux populations suivant la légalité et les règles dans le code du travail malgache mais surtout en utilisant les bénéfices au profit du pays.Remarquons que toutes les sociétés malgaches ou encore reprise par l’Etat n’ont rien à envier par rapport au groupe TIKO.Les productions locales et nationales ont leur prestige mais ne rapportent pas assez et ne sont pas rentables pour la population.La Savonnerie tropicale essaye depuis son existence de se faire connaitre au mieux sur la scène nationale mais sans plus et il en est de même pour les autres.
    Elle ne peut malheureusement pas employer plus de personnel et donc ne peut même pas garantir de nouveaux emplois.Les nombreuses sociétés introduites à Madagagascar notamment les zones franches depuis 2002 ont apporté plus d’emplois aux populations.Nous avons donc besoin des investisseurs étrangers.
    D’autres exemples :
    Dans le domaine social, ce sont les étrangers qui déboursent le plus de fonds d’aide, pour les hôpitaux dans les régions les plus reculées, pour les associations caritatives, pour les écoles et bien d’autres mais aussi pour laprotection de nos richesses enfaune et flore.
    Qui d’entre-nous aura assez d’argent mais surtout de volonté pour essayer d’aider nos compatriotes et de preserver notre terre.On a besoin des fonds étrangers.
    Encore mieux, le salaire des fonctionnaires.Croyez-vous que tgv et sa troupe auront assez de moyen pour le payer ;Non ils ont besoin de l’appui de la Banque mondiale pour celà.

    Pour vous dire qu’aucun pays ne peut s’auto-suffir et celà quelques soient les efforts déployés par les entrepreneurs locaux et nationaux ou encore les gouvernements.

    On a toujours besoin de l’aide de la communauté internationale et surtout de sa reconnaissance légalement.

    Et honnetement je préfère travailler pour une société étrangère en règle que pour des malagaches.Actuellement je gagne beaucoup mieux que les autres et surtout que l’on respecte mon travail.
    Notre système social ne dépend pas de l’Etat et nous est fortement avantageux.
    Je ne prétend pas que la loyauté envers les étrangers efface mon patriotisme ni encoreme rend supérieure aux malgaches non au contraire j’espère un jour que tous mes compatriotes connaitront cet autre mode devie certe étrangère mais plutôt meilleur.Cequi est étranger n’est pas toujours forcement de l’esclavagisme ou encore mauvais.Mimi.

  • 23 mars 2009 à 13:58 | Imahatsangy (#443)

    Si j’ai bien compris la plupart des articles (tous journaux confondus, sans vouloir offenser TRIBUNE) et des posts de réaction (tous articles confondus), l’association Otrikafo a du pain sur la planche et encore d’immenses efforts à fournir pour que les privilégiés que nous sommes (ayant accès au net) soyions convaincus que l’endettement et les aides internationales, non seulement ne sont pas la solution, mais pire encore, vont permettre aux grandes puissances de nous achever.

    Puisque nul n’est prophète en son pays, puisque ce petit Otrikafo ne pèse pas beaucoup en euros ou en dollars (il dit qu’il n’a aucune aide extérieure) relisons un peu d’autres grands classiques, comme « LA GRANDE DESILLUSION » d’un certain Stiglitz.

    J’ai eu l’insigne honneur d’entendre les explications du Professeur Eric Mandrara, enseignant chercheur à l’Université d’Antananarivo - qu’il me pardonne de le citer sans sa permission - et même si je n’ai aucune formation en économie, même si je ne suis pas un opérateur économique, ses explications et ses arguments m’ont convaincu. Tant que nous attendons la « manne » des crédits et aides de l’étranger, Madagascar en tant que nation, ainsi que sa population dans sa presque totalité, seront de plus en plus pauvres et ne se développeront jamais.

    Celui qui n’a pas confiance en soi sera toujours tributaire de ceux qui imposent leurs lois.

    Izay mahatsangy no ary, rahavako !

  • 23 mars 2009 à 21:38 | Ralita (#487)

    Nous sommes coincés maintenant !

    Autosuffisance financière ? J’y crois mais il faut aussi renoncer à toute modernisation de nos infrastructures.

    Attendre les investisseurs étrangers ? Ils ont déjà des problèmes chez eux ! La mondialisation de l’économie a engendré la mondialisation de la crise financière.

    La seule solution est de retrousser nos manches et augmenter la production agricole du pays. Au moins, on évitera la famine. Mais notre mentalité nous empêchera, nous les « avo razana » de descendre dans les champs pour planter nos carottes. Mme Obama a déjà montrer l’exemple, alors quest-ce qu’on attend ?

    Ceci dit, nous avons besoin d’un dirigeant à qui on peut faire confiance, or je ne peux même pas considérer celui qu’on a actuellement comme une personne digne de confiance. Je ne fais pas partie des aveugles.

    Mais ce qui me fait plus peur c’est le retour des exilés politiques, la lutte pour le pouvoir entre ces politicards de tout bord et aux idées de bandits risque de devenir une guerre de gangs plus ou moins mafieux. Et dans cette guerre, c’est le peuple qui sera le grand perdant. Aiment-ils notre patrie ? Je pense que non. J’ai l’impression que le pire reste à venir.

    Avant que cela n’arrive, trouvons une solution pour que l’ordre (le vrai) revienne pour que la constitution soit respecter et que l’armée soit de nouveau unie et légaliste. Et cette solution doit commencer par la dissolution de ce gouvernement de haute autorité de trahison.

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS