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Lu ailleurs

OIF : « La trahison de Dakar »

lundi 8 décembre 2014
Jean-Claude de l’Estrac

Préambule :
Je tiens à préciser, de prime abord, que les propos que je tiens ici n’engagent que moi, et ne peuvent, en aucune manière, être imputés à l’Etat mauricien.

Mais j’estime qu’il est de mon devoir, pour le bien même de la Francophonie, de dénoncer l’opération qui, au pays de Senghor, a vu l’Organisation internationale de la Francophonie être attribuée à l’Amérique du nord. La personnalité et les qualités de Mme Michaelle Jean n’est pas le sujet. Ni la volonté du Canada, grand pays de la Francophonie, à diriger cette organisation dont il est un des deux principaux contributeurs.

Personnellement j’ai de l’admiration pour la francophonie innovante et vivante du Québec que j’ai souvent visité. La question essentielle est que la Charte de l’Organisation n’a pas été respectée et que le nouveau secrétaire général a été désigné et imposé par une entente diplomatique entre la France et le Sénégal. Elle s’est manifestée
suite à des tractations dont la plupart des pays membres ignorent les tenants et aboutissants.

Le prétexte est qu’il y avait quatre candidats africains et la candidate du Canada qui entendaient se présenter. Et alors ? C’est bien pour gérer ce cas de figure – ce qui est d’ailleurs un signe de vitalité – que l’article 6 de la Charte de l’OIF prévoit une élection. L’on ne peut pas prétendre promouvoir la démocratie dans l’espace francophone et utiliser les méthodes despotiques à l’ancienne pour imposer un candidat suite à des tractations secrètes.

C’est une première trahison, la charte est trahie. Le procédé n’a été ni ouvert, ni transparent, ni démocratique. Si des élections en bonne et due forme avaient été tenues, le résultat aurait été tout autre.
Ensuite, partout où je me suis trouvé en Afrique, tous les dirigeants politiques rencontrés n’ont eu de cesse d’affirmer que le poste de secrétaire général devrait être occupé par un représentant des pays du Sud, un Africain s’entend, dans le respect de ce qu’ils appellent le Pacte de Hanoi. Quand bien même les pressions françaises, qu’ils aient finalement décidé, sans vraiment se battre, de retirer une à une leurs candidatures en faveur de la candidate du Canada est incompréhensible, inexpliquée et inexplicable. Le président de la
République de Maurice a longtemps résisté avant de se trouver devant le fait accompli d’un « consensus » restreint avant même qu’il n’ait eut la possibilité de dire que Maurice était disposée à se soumettre à un vote.

Le président français a activement animé la discussion même si La France, apparemment n’avait pas officiellement de candidat. Mais le président français ne s’était pas privé, la vieille de l’élection prévue, de dire son choix ; il avait publiquement dit le bien qu’il pensait de la candidate du Canada. Il avait jusque-là prétendu vouloir œuvrer en faveur d’un consensus africain. A Dakar, le pacte de Hanoi a été trahi.
Enfin, l’ile Maurice a toutes les raisons de se sentir trahie. La candidature mauricienne a été assez largement encouragée tant par des diplomates français qu’africains. Elle est née d’une réflexion qui disait vouloir rompre avec la Françafrique, qui entendait pousser l’OIF à se tourner vers l’océan Indien et l’Afrique orientale. Ce qui avait retenu notre attention c’est l’appréciation du cas mauricien. On soulignait que « Maurice est un Etat extrêmement moderne et dynamique, résolument tourné vers les investissements d’avenir au profit de la jeunesse et désireux de jouer un rôle de pont entre l’Afrique et les grands acteurs de l’océan indien. »

Sur la base de ce constat, on avait dressé le portrait du prochain secrétaire général de l’OIF. « En choisissant une personnalité de cette région, nous donnerions acte à l’OIF de sa capacité à apporter un message universel sur les sujets qui mobilisent des sociétés civiles, qui sont des enjeux décisifs pour la jeunesse de ces pays pour leur avenir et pour la stabilité du monde… Nous devrions donc, à l’occasion du renouvellement du secrétaire général, montrer notre capacité à ouvrir le jeu et à engager résolument l’OIF dans la voie de la modernité et d’un rôle universel, dynamique et proactif. »

C’est fort de cette nouvelle orientation annoncée de la diplomatie française et encouragé par de nombreux diplomates français et la parole de nombreux dirigeants africains que l’Etat mauricien décide de s’engager dans cette campagne. Les propos que le président Hollande tient au Premier ministre mauricien achèvent de le convaincre du soutien tacite français.

Mais c’est surtout en Afrique que le candidat mènera campagne. Une campagne intense axée sur des propositions précises et concrètes qui recueillent une large adhésion. Nous avons recensé plus de 400 articles de presse. Je crois qu’on n’a jamais autant parlé de Maurice et de francophonie qu’au cours de cette année.

Presse écrite, radio, télévision

Mais je constate une faiblesse africaine : tous les dirigeants africains rencontrés voulaient d’abord connaitre la position française. Quand le président Hollande a jeté son poids en faveur du Canada – malgré les réticences du Quai d’Orsay – les Africains ne se sont pas fait beaucoup prier pour s’exécuter. Même le président Ali Bongo a préféré partir plutôt que de s’opposer. Maurice a le sentiment d’avoir été trahie. Les conséquences pour l’OIF sont graves, il n’y a qu’à lire la presse africaine et même française. La
déception est très forte. On spécule beaucoup sur d’éventuelles contreparties.

Il faut souhaiter maintenant qu’une forme d’équilibre politique et gestionnaire soit trouvée à la direction de l’organisation pour sauvegarder le principe de la solidarité qui est censée être une vertu cardinale de l’organisation. Et plus que tout il faut espérer que la francophonie économique voie le jour. Les dirigeants du Canada n’ont pas cessé, aux lendemains de l’élection encore, de me dire combien mon programme était pertinent et riche en propositions.

Je voudrais réitérer mes remerciements au président de la République, au Premier ministre, au vice Premier ministre, au ministre des Affaires étrangères et aux diplomates du ministère pour leur soutien agissant. J’ai été soutenu à Dakar par une forte délégation composée notamment de la secrétaire p.i aux Affaires étrangères, Mme Usha Canabady, de M. Roy Bissondoyal, chargé d’Affaires à l’ambassade de Maurice, M. Vijay Makhan, M. Amédée Darga, de Mme Marie-France Roussety qui se sont totalement investis dans cette bataille. Je
remercie tous ceux, très nombreux à Maurice, en Afrique, en Asie et en Europe qui m’ont donné des ailes dans cette campagne qui a été longue et harassante.

Je termine en suggérant ce qui pourrait être mon prochain livre. Mon titre provisoire est trouvé : l’ambition mauricienne, le paradoxe sénégalais, l’erreur française.

Jean-Claude de l’Estrac
December 5th, 2014 Rédaction Financial Afrik

23 commentaires

Vos commentaires

  • 8 décembre 2014 à 10:21 | RAMAHEFARISOA Basile (#6111)

    Je ne suis qu’un simple citoyen Malgache,à l’étranger mais j’étais le « PREMIER » à souhaiter que Maurice n’accède pas à la tête de l’OIF.
    Mettre un anglophone,à la tête de l’OIF,c’est le « MONDE » à l’envers.

    Basile RAMAHEFARISOA-1943
    b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 8 décembre 2014 à 11:27 | Raanona (#8467) répond à RAMAHEFARISOA Basile

      PArce que le Canada n’est pas anglophone ?
      Ne pas oublier que seul le Québec parle fçs dans ce vaste pays !

    • 8 décembre 2014 à 12:20 | RAMAHEFARISOA Basile (#6111) répond à Raanona

      La « DAME noire_haĩtienne-quebecquoise » est « FRANCOPHONE ».Point barre !

    • 8 décembre 2014 à 13:28 | Raanona (#8467) répond à RAMAHEFARISOA Basile

      Jean-Claude de l’Estrac est aussi FRANCOPHONE (voir même son nom qui a une connotation française (et noble en plus) Si l’île Maurice ne l’était pas (francophone), elle n’aurait même pas été invitée à ce sommet de la francophonie. Point barre.

    • 8 décembre 2014 à 18:53 | RAMAHEFARISOA Basile (#6111) répond à Raanona

      Tout ce qui est précédé de « de »,n’est pas noble.
      Exemple :
      - Maurice Couve de Murville,ancien Ministre des Affaires Etrangères de DE GAULLE.

    • 8 décembre 2014 à 20:59 | ASSISE (#1505) répond à RAMAHEFARISOA Basile

      Mafy loha ity M. Basile ity an !

      Anglophone eh !

      Francophone eh !

      Efa hoe tsy tonga tany ireo raha tsy francophone.

      Mbola tohizana point barre indray ./

    • 9 décembre 2014 à 07:00 | Mailaka (#2536) répond à Raanona

      Le Canada est un pays bilingue, le français est sa deuxième langue officielle au même titre que l’anglais. Il n’y a pas qu’au Québec qu’on parle français. Le Nouveau Brunswick est une province bilingue. Il y a les Franco-Ontariens, les francophones du Manitoba et dans toutes les provinces il y a une communauté française.

    • 11 décembre 2014 à 06:05 | QUOUSQUE TANDEM (#543) répond à ASSISE

      On retrouve ici l’antimauritianisme viscéral du pauvre imbécile. A l’Ile Maurice, n’importe où, on peut s"exprimer en français, être compris, et recevoir une réponse en francais. Peut-on dire la même chose de Madagascar ? Il n’est qu’à voir le français très approximatif de ce forum et de le comparer avec celui des forums mauriciens !

  • 8 décembre 2014 à 10:40 | Isambilo (#4541)

    La candeur de monsieur de l’Estrac m’étonne.
    l’OIF est un instrument mais aussi une vitrine. Il fallait une personne qui n’a plus rien à prouver ni à gagner.C’était le cas d’Abdou Diouf, c’est le cas de cette dame. Monsieur de l’Estrac aurait dû présenter sa candidature sans demander le soutien d’un état quelconque.
    Et puis, il faut se rendre à l’évidence, l’Océan Indien Occidental est marginal dans l’économie mondiale et l’île Maurice n’est pas trop présentable en tant qu’aspirant au statut de paradis fiscal.

  • 8 décembre 2014 à 10:57 | plus qu’hier et moins que demain (#6149)

    Assalaamo alaikoum

    La francophonie restera toujours la voix de son maître.
    Mes sincères condoléances à Mr JCE.

  • 8 décembre 2014 à 11:15 | lanja (#4980)

    blabla trop longue sur un sujet qui n ’ intéresse que très peu de gens , l’OIF n’apporte pratiquement rien pour ses membres !

    • 8 décembre 2014 à 13:30 | Stomato (#3476) répond à lanja

      Ah oui ???
      Si la francophonie n’apporte rien à Madagascar, dites moi pourquoi les lois et règlements sont publiés en français ?
      Pourquoi les centres d’appels établis à Madagascar opèrent au profit de société françaises ?
      N’est ce pas quelque chose de la francophonie qui rapporte (encore) à Madagascar ?

  • 8 décembre 2014 à 11:30 | Eloim (#8244)

    Quoi qu’on dise autour de cette histoire récente de l’OIF à DAKAR, il a entièrement raison. Je n’en discute pas sur la-dessus car j’y ai déjà mis quelques mots sur la-dessus il y a plus d’une semaine. Cette organisation, malgré la domination de la rubrique culturelle, est l’outil de la « France-Afrique » que certains parmi les forumistes n’en déplaisent autant ! 2 ou 3 dossiers plutôt officiels compromettant nous livrent un certain nombre de « SECRETS ». Qui vivra verra !

  • 8 décembre 2014 à 13:26 | bbernard (#6880)

    Ce monsieur ferait mieux de se taire. Il est trop impliqué dans la France-Afrique, quoi qu’il essaie de faire croire. Il a raison de dire que la nomination de cette québécoise est une atteinte à la démocratie en refusant que cette attribution passe par un vote. Mais tout le monde sait que la France cherche à garder la main-mise sur les pays francophones. Tout est truqué en Afrique (Madagascar est un pays africain) et c’est la France qui manipule tout.

    • 8 décembre 2014 à 14:53 | vatomena (#7547) répond à bbernard

      d’autres disent que ce sont les karanes et les chinois qui manipulent tout ! font et défont les gouvernements

    • 8 décembre 2014 à 15:27 | bbernard (#6880) répond à vatomena

      A Madagascar oui, mais dans le reste de l’Afrique, c’est la France qui est sous les coups d’Etats et les manipulations frauduleuses des élections.

    • 8 décembre 2014 à 18:03 | Stomato (#3476) répond à bbernard

      Médisons, médisons il en restera toujours quelque chose...

    • 8 décembre 2014 à 19:04 | RAMAHEFARISOA Basile (#6111) répond à bbernard

      Je regrette qu’après le refus de BLAISE,l’africain
      SEM François HOLLANDE
      Président de la République Française
      Chef d’Etat de la France
      n’a pas repris le contrôle de l’OIF,soit par :
      - Claude CHIRAC,la Fille de son « AMI » Jacques CHIRAC
      ou
      - Jack LANG,le mitterandiste « social »de service.
      Ce qui nous intéresse,maintenant :
      - « 2 015=Sommet mondial de l’ENVIRONNEMENT,à PARIS »
      - 2016 Sommet de l’OIF,à Madagascar
      HR/FH=même combat !
      LES RENDEZ-VOUS de 2017 et 2018,à la portée des deux « PRESIDENTS »

      Le PADESM et ses héritiers.

      Basile RAMAHEFARISOA-1943
      b.ramahefarisoa@gmaiLcom

  • 8 décembre 2014 à 15:57 | kakilay (#2022)

    « La candidature mauricienne a été assez largement encouragée tant par des diplomates français qu’africains. Elle est née d’une réflexion qui disait vouloir rompre avec la Françafrique »

    "Nous devrions donc, à l’occasion du renouvellement du secrétaire général, montrer notre capacité à OUVRIR LE JEU et à engager résolument l’OIF dans la voie de la modernité et d’un rôle universel, dynamique et proactif. »

    Combien même la diplomatie française est gangrénée par la françafrique : cette nébuleuse née des cerveaux nationalistes des pays francophones. Il y a Le Président de la République, le Quai d’Orsay, ET la cellule africaine plus connue sous l’appellation de françafrique.

    Questions donc :
    comment se fait-il que le Président
    soit monté au créneau
    quand cela pouvait être réglée par la françafrique,
    et au moins par le Quai d’Orsay ?

    Qui a eu la lumineuse idée
    de vouloir mettre campaoré
    à la tête de la francophonie ?

    Un diplomate français,
    ayant à traiter le dossier Malagasy disait :
    je suis un diplomate et non un voyou.
    Voulant signifier par là
    que le cas de Madagascar
    ne relève plus de la diplomatie
    mais de la philosophie mafieuse.

    L’Estrac était un de ses hérauts.
    Et en mettant en exergue la françafrique
    en ce jour,
    on peut se rendre compte,
    que l’on peut fustiger la françafrique,
    ...
    pour servir la françafrique :

    Quand il annonce « des diplomates »,
    comprenons qu’il s’agit
    et des diplomates françafriques
    et des diplomates « qui ont une certaine idée de la France » :
    et ce ne sont pas les mêmes.
    Ceci expliquant cela :
    je suis un diplomate
    et non un voyou.

    Alors pourquoi la francophonie
    ne soulève-t-il pas tant l’enthousiasme ?

    Parce que ce sont
    la françafrique et heryvôvô
    qui y trouvent leur compte,
    ...
    d’abord.

    ...et qui n’a rien à voir :

    « On entend aujourd’hui par francophonie (avec une minuscule initiale) l’ensemble des PEUPLES ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications. Le terme Francophonie (avec une capitale initiale) désigne plutôt l’ensemble des GOUVERNEMENTS, pays ou instances officielles qui ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges.) »

  • 8 décembre 2014 à 17:13 | diego (#531)

    Bonjour,

    La Francophonie échappe à l’Afrique et les diplomates africains se demandent pourquoi ?

    La Francophonie est toujours et encore un club des putschistes et dictateurs africains :

    - Je l’ai déjà dit ici que le sort des candidats africains à été scellé lors de voyage de Mr Hollande au Canada le mois dernier !

    L’Afrique est riche, mais ses enfants, quand ils ne travaillent pas dans les hôpitaux ou des industries de point en Occident, ils meurent sur les rivages de l’Europe ou encore parquer comme des animaux que la présence fait la bonne affaire des extrémistes.

    Bien, les politiciens européens ont encore du mal à comprendre eux aussi que s’ils continuent à mener une politique qui visent à maintenir les dictateurs en place en Afrique leurs institutions seront mis à l’épreuve et ils doivent s’attendre à perdre des élections dans les mois et les années à venir :

    - Faire souffrire l’Afrique et les extrémistes Européens continuent à prospérer et à gagner des élections......

  • 8 décembre 2014 à 21:16 | ASSISE (#1505)

    Le Mauricien « JCDL » était mal parti.

    L’Ile Maurice croyait en la Francophonie par un Ministère Mauricien de la Francophonie, l’OIF (Internationale) n’a rien à voir avec la COI (Régionale).

    RATE

    C’est tout, pas plus ni moins.

  • 8 décembre 2014 à 22:00 | ASSISE (#1505)

    L’Ile Maurice s’est beaucoup investi, tout en sachant les résolutions des Nations Unies sur les îles éparses, afin de bien co-gérer quelques unes de celles-ci avec La France.

    Etait-ce un investissement avec amertume ?

  • 9 décembre 2014 à 08:01 | meloky (#637)

    Ne savez vous pas que Dakar , c’est un lieu de theatre, comme ce qui se passa pendant l’affaire 2002 !!!!
    Donc ne casse pas la tete : C’est raiment un endroit que la trahison se fleurit !
    C’est une experience vecue par les malgaches qui se retentit partout dans le monde !

    full stop !!!!

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