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Mauritanie

Nouvelles élections pour sortir de la crise politique

samedi 18 juillet 2009

( Syfia Mauritanie ) Ce samedi 18 juillet, après un coup d’État militaire et presque un an de crise politique, les Mauritaniens élisent un nouveau président. Le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz part favori, mais d’autres poids lourds sont dans la course.

Le 18 juillet prochain, les Mauritaniens retournent aux urnes pour élire un nouveau président de la République. La campagne électorale a démarré le 3 juillet, sur toute l’étendue du territoire. Mais l’ambiance n’est pas comparable à celle des dernières élections de mars 2007, qui avaient amené au pouvoir le premier président du pays élu démocratiquement : Sidi Ould Cheikh Abdallahi, renversé par un coup d’État militaire le 6 août 2008. Tentes multicolores remplies de victuailles, thé à gogo ou gros billets d’ouguiyas, monnaie mauritanienne, pour cadeauter les militants ne sont pas cette fois, au rendez-vous.

Depuis le putsch, le pays connaît une crise politique profonde. Les sit-in et manifestations de 14 partis, regroupés au sein du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD) qui tentaient de faire revenir Sidi, le président déchu, ont été durement réprimés. Mohamed Ould Abdel Aziz, le général putschiste, a ensuite démissionné de l’armée, conformément à la Constitution, pour pouvoir se présenter aux élections. Ces dernières, initialement prévues le 6 juin, ont été reportées au 18 juillet à la suite du boycott d’une partie de l’opposition et surtout de la médiation internationale conduite par le Sénégal qui a abouti à la signature, le 4 juin dernier, d’un accord à Nouakchott. Un gouvernement d’union nationale a ainsi été créé pour la première fois en Mauritanie et une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) instituée. La Ceni, qui comprend des membres de l’opposition, a pu mener sa tâche sans entraves.

Quatre poids lourds

Aujourd’hui, à la veille du scrutin, la course au palais présidentiel semble ouverte. Les quelque 1,2 million d’électeurs auront le choix entre neuf candidats qui promettent tous de renforcer l’unité nationale et la démocratie. Quatre poids lourds mobilisent l’attention des observateurs : Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall, Messaoud Ould Boulkheir, et Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce dernier est considéré comme le grand favori. Depuis son putsch, il a toujours été soutenu par la majorité des députés. Aux commandes du pays pendant près d’un an, il a eu le temps de faire sa promotion et de placer ses hommes dans la hiérarchie administrative. Il a aussi conquis le cœur de bon nombre de Mauritaniens en réduisant les prix du gaz, de l’essence et ceux des denrées alimentaires de première nécessité. Il a par ailleurs recasé des milliers de familles qui habitaient, depuis plus de 30 ans, dans des zones non loties à Nouakchott et Nouadhibou. Enfin, il a fait équiper les hôpitaux en scanners et appareils hémodialyse, mis gratuitement au service des malades. Les partisans du président déchu qualifient, eux, ces actions en faveur des plus pauvres de « populistes ».

Le discours d’Abdel Aziz sur la lutte contre la gabegie et les prévaricateurs inquiète par ailleurs ses adversaires. Il y a une semaine, il a lancé des menaces voilées contre eux, tous membres de l’ancien régime. Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall, Messaoud Ould Boulkheir ont répliqué par une déclaration commune dans laquelle ils condamnent cette violence verbale.

Boulkheir et la vague Obama

Ely Ould Mohamed Vall, tombeur de Ould Taya en 2005, semble être le principal rival d’Abdel Aziz. « C’est lui qu’il craint le plus », écrit le journal mauritanien L’Authentique. Mohamed Vall a dirigé le Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) et avait mené avec succès une transition démocratique de deux ans qui s’était terminée par l’élection de Sidi à la tête du pays. Il avait fortement augmenté les salaires et propose aujourd’hui de continuer son œuvre « détruite le 6 août dernier ».

Messaoud Ould Boulkheir, arrivé 4e lors de la présidentielle de 2007, prétend lui aussi à la victoire. Cet Haratine (Noir descendant d’esclave) est le candidat du FNDD. Il est le leader incontesté de sa communauté et fut le premier négro-mauritanien à être élu président de l’Assemblée nationale. Au FNDD, certains pensent qu’il pourrait être handicapé au second tour par ses origines. « Loin de là ! », lance un haut responsable de ce parti. « Nous devons montrer aux Mauritaniens que notre pays peut être dirigé par n’importe lequel de ses fils », renchérit un autre qui requiert l’anonymat. Pour ce dernier, la candidature de Boulkheir pourrait même rappeler aux électeurs le cas d’Obama aux États-Unis. « Je ne pense pas que ce soit la même chose ici. Regardez ses meetings : à part son entourage, le reste de la foule est noire à 97 % », fait remarquer Ould Jiddou, un cadre travaillant dans une Ong. Boulkheir a déjà signé un accord de désistement réciproque pour le second tour avec Ahmed Ould Daddah, arrivé deuxième aux élections de 2007. Ould Daddah est d’ailleurs en train d’engranger des ralliements de personnalités de tous bords. Nombre d’observateurs le voient parmi ceux qui devraient être bien placés au premier tour.

Boubacar Sylla

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