Georges R., aide-interne à la retraite ! La moustache poivre et sel, un képi vissé sur la tête. Avec sa haute stature, Georges R. fait penser à un jazzman de la Nouvelle-Orléans. Il a près de 70 ans et possède parfaitement toujours toutes ses facultés. Mais, c’était surtout un interne à la maternité de Befelatanana dans les années 50-60. Ses impressions...
• Madagascar Tribune : Alors, quelle différence entre notre époque et la votre dans le difficile métier d’aide-interne ?
– Georges R. : « Il n’y presque aucun rapprochement à faire. Dans les années 50, les gens étaient simples tout comme la société d’ailleurs. Ils étaient, disons, un peu trop prudes dans les mœurs à l’époque. Les questions d’avortement étaient par exemple un sujet très tabou. Rares étaient les femmes, jeunes ou mûres, qui osaient dire à voix haute ce qu’elles ont fait... Même les médécins se disculpaient aux yeux de la société s’ils étaient pris sur le fait. Rares étaient aussi les histoires de viol. Mais actuellement, vous connaissez très bien la situation. »
• Quelle est votre plus mauvais souvenir ?
– « C’est celui d’une femme dont son mari a enlevé le vagin lors d’une dispute. Celui-ci a affirmé à sa conjointe qu’ainsi, elle ne chercherait plus à se faire des histoires avec. La pire histoire de jalousie que j’ai jamais vue ! »
• A votre époque, y avait-il ces crimes abominables de nature sexuelle ?
– « Absolument pas. Jamais, on n’a vu d’aussi pareille dégradation des moeurs que de nos jours. Les gens sont devenus mauvais à tel point qu’ils n’ont plus de repère, ne respectent plus aucune valeur et n’ont aucune moralité. Hommes et femmes tuent facilement pour un rien, si je ne parle toujours que de l’avortement. Peut-être bien, est-ce à cause de la prolifération et la consommation de drogue ? Mais vraiment, ça va de mal en pis. C’est comme indiqué d’ailleurs dans la Bible ».
• Mais qu’est-ce qui explique au moins la bonne moralité à l’époque ?
– « Sans doute que la population était beaucoup moins nombreuse qu’aujourd’hui. Je me souviens très bien que pour aller à Anosibe, on voyageait dans une voiture à cheval car il n’y avait pas encore de bus. Alentour, le paysage était composé de mares et de jacinthes d’eau où les chevaux mènent souvent les voyageurs à la noyade (rires).. Mais il y avait aussi les Vazaha qui gouvernaient le pays. Avec ceux-là, on ne badine pas en matière d’ordre et de bonne conduite ».
Recueilli par Franck RAJ