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Culturel

Hemerson A. et l’art plastique

Les artistes et l’entretien du culte de la perfection

vendredi 25 janvier 2008 | Franck Raj

Dresser un état des lieux du monde des arts plastiques, non seulement en tant que produits mais également leur corrélation avec le marché. La conférence-débat du Tahala Rarihasina d’hier et conduite par Hemerson Andrianetrazafy de l’Association Vaika qui a essayé surtout de porter un regard sur les artistes....

Le conférencier n’a pas mâché ses mots en disant qu’on a trop tendance à faire de l’amalgame. Pour cet artiste peintre, c’est la disposition de l’esprit humain l’ayant permis d’accéder au statut de Sapiens qui détermine notre faculté de créer et d’anticiper. C’est donc une façon pour le peintre de parler de la création de la culture. Dans ses propos donc, il a voulu définir clairement le rôle de l’artiste, de son obligation d’entretenir cette flamme dans la société. Il n’a pas droit alors à rester dans le conventionnel. Sa démarche, c’est la quête de son humanité profonde ou sa particularité profonde. Aussi, l’artiste qui n’exploite pas cette dimension vivra dans un monde dominé par la platitude. « Dans les arts plastiques, il y a le risque de faire de l’artisanat et toute notre démarche s’en trouve faussée si on reste toujours dans la même gamme », a-t-il insisté.

Asseoir la singularité de l’artiste malgache par rapport à ses homologues du monde entier

Pour Hemerson Andrianetrazafy, il s’agit alors d’asseoir cette singularité de l’artiste comme le font actuellement les Réunionnais en quête pour leur part du monde Indianocéanique. Une particularité de l’artiste qui devrait s’épanouir pour se lancer dans l’ offensive vers toute l’Afrique francophone ou anglophone de l’Est ou de l’Ouest. Car parler de la réussite ou de la démocratie quitte à rabâcher l’ouïe sans une solide politique culturelle adaptée à la tradition, tout cela finira par devenir tout simplement des mots creux. Pis, nous sommes en décalage par rapport à nous-même. La première stratégie consistera alors à obliger les artistes à entretenir le culte de la perfection. Mais il y a lieu aussi de pousser tous les acteurs de l’art comme la classe créative, les intellectuelles et surtout les médiateurs conceptuels pour les rendre potable aux yeux du public. En attendant, Hemerson A. s’interroge si tout ce dispositif serait au moins prêt pour mener la lutte...

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- « Réfléchir sur l’existant »

Un bref entretien avec cet artiste, plasticien et historien d’art de formation, dans son atelier de travail au Rarihasina a permis de savoir certaines idées, entre autres la nécessité pour l’artiste de réfléchir à partir de l’existant au niveau de leur éducation et formation...

- Madagascar Tribune : votre lutte pour la défense des arts plastiques n’est-elle pas assez tardive ?

* Hemerson Andrianetrazafy : La lutte a toujours existé. Dans les années 60, elle a été menée avec André Rakotoson, Richard Razafindrakoto et moi-même, sur ce qu’il faudra faire. Mais tout autour, il faut de l’institution. L’essentiel, c’est faire comprendre aux gens que la classe créative joue un rôle primordial dans la formulation sociale et pour porter très haut l’imaginaire collectif. Et les arts plastiques en sont l’un des vecteurs. C’est pour cette raison que j’insiste sur une concertation sociale avec la participation des intellectuels afin d’élaborer une politique culturelle globale et spécifique. Mais la mondialisation constitue aussi un enjeu culturel majeur sinon on est réduit à être de simples consommateurs de produits chinois...

- les artistes pourront-ils alors compter sur l’Etat ?

* Personnellement, je n’attends plus rien de l’Etat. D’abord, nos responsables ne sont plus conscients de la dimension humaine. C’est toujours comme lors du temps du « Livre rouge », mais il n’y a aucune corrélation avec le développement. Il faut être plus près de la réalité car l’humain n’est pas un robot. Le changement part de nous-même. Qu’on ne nous l’impose donc pas car la culture, c’est l’aboutissement du système social, ne serait-ce que porter l’imaginaire collectif, faute de quoi on est réduit à rêver des Bmw, du multi-média high-tech nippon. Dans les arts plastiques, il faut que l’artiste réfléchisse avec le temps et de ne pas se presser. Or, c’est cette dimension réflexive qui manque à nos artistes.

- Les peintres locaux ont-ils fait école ?

* Les arts plastiques, c’est un monde dominé par les autodidactes. Or, la première école des beaux-arts a été initiée au palais de la reine en 1914. La première pinacothèque a été créée dans le temple d’Anatirova. mais la plupart des collections est parti en fumée lors de l’incendie de 95.

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