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Editorial

Le culte de l’argent

mercredi 1er août 2007 | RAW

Le chanteur Samoela a raison. Le culte de l’argent s’est installé dans les moeurs des Malgaches. Le benjamin de la famille fait la loi. Il est riche. Son autorité est reconnu aussi bien par les plus puissants des « karana » que par les plus intransigeants des agents de la sécurité routière ou des bureaux des ministères. Il atteint tous les objectifs qu’il s’est fixé. Il réussit tout ce qu’il entreprend. Tout lui est permis et tout lui est facile. Il lui suffit d’un appel sur son portable pour franchir tous les écueils. Car il a de l’argent. Et il en distribue à foison pour en récolter deux à trois fois plus.

Bref, l’argent est pour ceux qui le connaissent ou ceux qui le fréquentent, est roi. L’argent règle tous les problèmes et apporte le bonheur, ou du moins la « sérénité » et le respect, dans la société malgache d’aujourd’hui. Et ce quoique de nombreux proverbes malgaches le nient. En tout cas, de nombreux dictons apparus récemment expriment le renversement de la situation ou des comportements mentaux. « Jiolahy manan-trano ka sarotra atao olon-dratsy » dit-on pour se plier ou se soumettre aux forces ou valeurs nouvelles (littéralement traduit par : un brigand qui possède une belle propriété ou une belle résidence, est difficilement qualifiable comme tel). La majorité des Magaches sont des croyants. La grande majorité d’entre elles est chrétienne. Mais contrairement aux enseignements chrétiens, on s’aperçoit que la recherche à outrance de biens matériels et la course aux volatiles richesses de ce bas-monde qu’il est, sont davantage devenues les motivations premières, sinon les obligations premières de nombre d’entre nous. L’exemple est sans doute venu d’en haut ; des dirigeants, des supérieurs, des parents, des éducateurs, des faiseurs d’opinion, des chefs en quelque sorte. Car on doit admettre que ce sont ces supposés « raiamandreny » qui exercent le plus d’influence sur la communauté des simples gens. À beaucoup d’égards, on avouera que le semblant de « révolution socialiste » qui a créé une nouvelle ploutocratie a foncièrement bouleversé la hiérarchie des valeurs. Ont largement contribué à ce bouleversement, autant la volonté des dirigeants de régenter la vie quotidienne et la manière de penser des citoyens, que les réactions des forces décadantes qui ont vainement espéré une révolte des Malgaches. Mais aussi l’opportunisme de quelques « éclairés » qui ont saisi cette soif d’une frange de leurs compatriotes qui ne voulait pas de cette mise à niveau par le bas. L’infantilisation du peuple aidant, les systèmes de valeur ont évolué et ouvert des brèches dans le système d’éducation même au sein de la famille. Tant et si bien que les membres d’une même famille se plient souvent et de plus en plus devant celui qui est riche pour plusieurs raisons. L’instruction, l’éducation, la sagesse, voire, le droit d’aînesse se courbent devant cette puissance de l’argent. C’est dire la force et la persévérance auxquelles on doit se nourrir pour remettre de l’ordre dans la société malgache si l’on veut encore demeurer des Malgaches mondialisés.

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