Jusqu’à présent, les troubles politiques à Madagascar n’ont pas eu d’impact sur le marché de la vanille. Rappelons que la Grande île représente la moitié de l’offre mondiale. En 2002, le soulèvement populaire contre le président Ratsiraka avait retardé les exportations de vanille. Rien de tel pour le moment. Les embarquements se poursuivent tranquillement. Le pouvoir actuel – contesté par la rue – n’est pas impliqué dans cette culture surtout destinée à l’exportation.
Le marché perd ses repères
A vrai dire, les opérateurs – loin de la politique – sont surtout préoccupés par la prochaine campagne, celle qui démarrera en juillet 2009 avec la cueillette de la vanille verte. D’après les estimations les plus récentes, cette campagne pourra difficilement satisfaire la demande. En effet, pour celle qui s’achève, le fossé entre les 2 200 tonnes produites dans le monde et les 3 600 tonnes englouties par les consommateurs pose déjà des questions. Ce déséquilibre offre / demande aurait dû propulser vers le haut des prix en berne depuis deux ans. Mais la crise financière a bouleversé la logique du marché. L’automne dernier, les exportateurs malgaches ont eu le plus grand mal à financer leurs achats auprès des collecteurs. Les banques locales ont refusé de leur faire crédit. Grâce à leurs fonds propres, au soutien du négoce et à la bonne volonté des intermédiaires, la récolte a finalement pu être commercialisée. Mais à des prix maintenus au niveau plancher, autour de 25 dollars le kilo.
Des revenus en chute libre
Ce sont justement ces prix bas qui découragent de plus en plus les paysans. La culture de la vanille – qui exige des soins constants – n’est plus assez rémunératrice. La fusariose, cette drôle de maladie qui gangrène lentement les plantations, contribue également à rogner la production malgache. Ces quinze dernières années, la vanille rapportait entre 80 et 100 millions de dollars par an à Madagascar. Cette année, ce revenu est tombé à 25 millions de dollars. Pourtant, la demande est de plus en plus dynamique. Les industriels ont peut-être tiré partie de la faiblesse des cours en anticipant le déficit qui se profile pour la prochaine campagne. La récession mondiale pourrait même doper la consommation. Par temps de crise, on privilégie les desserts maisons, donc le recours aux arômes naturels.
Dominique Baillard