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Editorial

La supercherie

vendredi 6 juin 2008 |  1476 visites  | RAW

Encore une fois, les peuples ont faim ! Les causes de cette flambée, confirment des spécialistes, sont multiples mais « elles sont globalement issues des jeux économiques. D’une part, une spéculation de replis sur les denrées alimentaires suite à la crise des subprimes. D’autre part, la production d’agrocarburants et le réchauffement climatique ».

Pointer du doigt les autorités locales africaines comme responsables des choix catastrophiques en matière de politiques alimentaires, soutiennent-ils, c’est « ignorer que les politiques agricoles des pays du Sud sont soumises aux conditionnalités de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) ou encore aux Accords de partenariat économique (APE) ».

En d’autres termes, accuser les Africains qui importent des aliments au lieu de les produire, parce que les autorités locales donnent la priorité aux cultures d’exportation afin d’en retirer les devises pour acheter ce qu’ils ne produisent pas, c’est méconnaître le problème et les enjeux ou désinformer. C’est un raccourci étonnant, déclare des spécialistes du commerce et de l’économie mondiale. Aussi étonnant, affirment-ils, que simplificateur et qui dédouane à peu de frais les politiques néolibérales de privatisation, de plans d’ajustement structurel, imposés depuis bientôt trente ans par les institutions financières internationales (IFI) et les gouvernements du Nord au reste de la planète.

Il faut avouer poursuivent ces spécialistes, que « les PAS (plans d’ajustement structurel) ont été imposés par les institutions de Bretton Woods aux pays du Sud dans le contexte de la crise de la dette du début des années 1980. Ces mécanismes, tout droit issus de l’idéologie néolibérale, englobent l’ensemble des secteurs des sociétés visées. En effet, pour les théoriciens du néolibéralisme, la mondialisation déploiera l’ensemble de ses bienfaits quand chaque région produira ce en quoi elle excelle et laissera donc le soin aux autres régions de produire la majorité de ce dont elle a besoin. C’est en substance la théorie des avantages comparatifs datant de 1817 ».

Plus simplement, un pays reconnu comme étant particulièrement adapté à la culture du cacao doit renoncer à produire les céréales, les huiles végétales, les légumineuses nécessaires à l’alimentation de base de ses habitants et doit échanger sur le marché mondial sa production contre tout ce qui lui manque. Il s’agit donc de se couper des cultures vivrières séculaires et essentielles à la souveraineté alimentaire des peuples pour se plier aux jeux des économistes. Jeux dangereux qui ont montré leurs limites très rapidement et dont on peut contempler toute la déraison à travers les échecs observés dans de nombreux pays ( Haïti, le Sénégal, le Burkina Faso, etc.). Dangereux car ignorants la destruction de la biodiversité au profit des monocultures d’exportations, ignorants aussi les impacts écologiques désastreux des transports nécessaires pour toutes ces marchandises.

Quelque part, la crise alimentaire d’aujourd’hui est le résultat des pratiques imposées par les pays du Nord développés.

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