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Opinions

Crise politique

L’historien Jean Fremigacci, très pessimiste

mercredi 4 février 2009

Une interview intitulée « Madagascar ou l’éternel retour de la crise » en date du 1er février dernier, interpelle sur le sort de la nation malgache. Il laisse perplexe et fait sérieusement réfléchir sur ce qui se produit aujourd’hui dans le pays.

Reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire malgache, Jean Fremigacci interviewé par Jérôme Talpin, « considère que cette crise est avant tout celle d’un régime discrédité par plusieurs affaires. L’historien remarque aussi que la Grande Ile est régulièrement touchée par ce genre de révolte populaire. Dans un contexte de crise, le pays aura cette fois beaucoup de mal à s’en relever ».

La crise était inévitable

Jean Fremigacci estime que les affaires évoquées sur la Place 13 Mai ne sont que les « catalyseurs d’un mécontentement social profond qui a donné son ampleur au mouvement sur lequel surfe Andry Rajoelina. La perte d’autorité du pouvoir a alors ouvert la voie au pillage en deux temps. D’abord, expression d’une condamnation, le pillage ancestral, rituel et probablement organisé qui détruit les biens et les signes mêmes de la présence du pouvoir déchu (magasins Magro, Radio et télévision nationale, etc.). Ensuite le pillage « moderne » par le prolétariat urbain misérable qui échappe à tout contrôle. Je ne crois guère à la thèse du complot planifié par les Ratsirakistes qui a cours dans certains cercles de la grande bourgeoisie de Tana, et qui présente Rajoelina comme un simple homme de paille de l’ancien président. La crise aurait pu n’éclater que dans deux ou trois ans, mais les erreurs de Ravalomanana ont créé les occasions pour qu’elle survienne plus tôt que prévu ».

Un pouvoir, depuis toujours oligarchique

En tout cas, l’historien identifie un mal profond qui ronge et qui corrompt les dirigeants qui accèdent au pouvoir.

Il s’agit des « maîtres traditionnels du pays depuis l’oligarchie du XIXe siècle jusqu’à l’oligarchie coloniale et à celle des Républiques qui ont suivi, qui se sont régulièrement taillé des rentes de monopole en profitant du pouvoir pour s’emparer des meilleures affaires. Si au lieu de tout verrouiller, Marc Ravalomanana avait libéré l’esprit d’entreprise comme il l’avait promis, Andry Rajoelina n’aurait peut-être jamais fait de politique. Maintenant, s’il arrive au pouvoir, peut-être que ce dernier évoluera de la même façon… »

Beaucoup d’espoirs, notamment ceux des entrepreneurs, reposaient sur les épaules de Marc Ravalomanana à l’époque. Autant sinon plus reposent aujourd’hui sur ceux de Andry Rajoelina. Mais savent-ils que le politique qui représente l’oligarchie ascendante qui attend son heure peut, au moment venu, confisquer toute plus-value jusqu’à l’explosion périodique, et ensuite remettre tout en cause pour recommencer à nouveau dans la rue ?

En tout cas, les appréciations de Jean Fremigacci, cet ancien de Madagascar, ne sont pas en faveur du développement de Madagascar. Il est pessimiste : « Chaque crise laisse une ardoise, et celle de la crise en cours risque d’être particulièrement salée ». Le contexte mondial est en effet très défavorable à un rapide redressement.

Recueilli par Valis

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