14 décembre 1988 : publication du premier numéro de Tribune. C’était sous le régime de la Révolution Socialiste malgache où la censure était de règle. Tribune se voulait une contribution au pluralisme de l’information, à l’expression des citoyens, que ce soit dans le monde de la politique, de la vie civique, de l’affirmation artistique, en un mot, faire vivre la démocratie dans ses différents aspects et composantes. Tribune se réjouit d’avoir été un acteur parmi d’autres de l’émergence du Comité National d’Observation des Elections – CNOE-. Le pays aspirait à plus de liberté, plus de démocratie. C’est ainsi que des citoyens s’organisèrent au sein du CNOE pour réagir contre une longue tradition de fraudes électorales et observer l’élection présidentielle du 12 mars 1989.
Le CNOE dénonçait la clause de discrimination qui réservait aux seuls membres du FNDR, Front National pour la de Défense de la Révolution, la possibilité de présenter des candidats aux élections, et réclamait le pluralisme des opinions, la liberté d’expression, la liberté d’association, tout cela exigeant une refonte complète des institutions.
Jamais définitifs
Tribune fut un lieu et un moyen d’expression de ces aspirations : nécessité d’élections libres et transparentes, plus de liberté (liberté d’opinion, liberté d’expression notamment). On peut dire que Tribune a contribué à ce que la Constitution adoptée par voie de référendum en 1992 se réfère, dès son préambule, à la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et consacre l’adhésion de Madagascar aux principes de la démocratie libérale.
Les acquis sont réels mais ils ne sont jamais définitifs. Des organismes de la Société Civile dénoncent des manœuvres tendant à la confiscation des instruments de la démocratie. L’opinion publique s’est émue à très juste titre des atteintes à la liberté d’expression lorsque des émissions de radio ont été interdites, lorsque des stations de radio ont été fermées. Etrange coïncidence, le jour même du 20° anniversaire de la naissance de Tribune, la station de télévision VIVA vient de recevoir l’ordre de fermeture de ses antennes, au motif semble-t-il de la diffusion d’une cassette reportant des propos de l’ancien Président de la République, Didier Ratsiraka. Je ne pouvais pas me taire face à cette nouvelle atteinte à la pluralité de l’expression des opinions en ce jour qui rappelle la longue route vers le libre jeu démocratique.
Rahaga Ramaholimihaso
Directeur de Publication
Madagascar Tribune
