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Editorial

Entre deux milieux ou deux époques ?

jeudi 27 décembre 2007 | RAW

Mauvaises surprises ou déplorables rencontres ? Je ne sais comment qualifier les situations dans lesquelles le citadin que je suis est confronté à la vie quotidienne des - je dirais- les banlieusards de la capitale car ils sont installés à peine à 15 kilomètres à vol d’oiseau du centre-ville.

J’ai déjà été en présence dans une petite épicerie de campagne, voici près de 3 ou 4 ans à l’unité de mesure « kapoaka Madco » dans le commerce du riz. Je croyais cette époque révolue car la route a fait son chemin ; nenni !

Bien avant cela, les ventes d’huile alimentaire à la cuillérée à soupe étaient courantes. À l’époque le papier monnaie de 10.000 fmg était déjà en circulation. Mais quelle fut ma surprise quand la quantité de sucre que les grands restaurants de la capitale offrent avec le café ou le thé se vend à Ar.100 dans les villages des environs du sud-ouest de la capitale. En fait, le sucre se vend aujourd’hui dans des sachets format clarinette d’une certaine époque, récente en tout cas par rapport à nos clarinettes des années 70 qui étaient assez épaisses.

La dégradation du pouvoir d’achat n’est certainement pas allée en solo car de plus en plus de ces petites épiceries de campagne vendent l’huile alimentaire à la cuillerée à café.

Parallèlement, notre consœur Vero Rabakoliarifetra, accompagnée par le cameraman Totoson François, a produit pour TVM et sur TVM un documentaire sur l’enfance dans le Sud-Est. Des situations flagrantes des insuffisances de notre politique d’éducation voire de son inefficacité sont constatées.

Le père est illettré. Je tairai le cas de son épouse partie, selon ses dires, depuis plusieurs années. Il ne sait même pas l’âge de son fils aîné. Le fils non plus n’a aucune idée de son âge. Toutefois, ce petit garçon d’à peine 9 ou 10 ans, est déjà complètement plongé dans la vie active. Il s’occupe de ses petits frères et sœurs. Il nourrit quelque part la ville car il ravitalle en poisson fumé ou séché le marché de Manakara sans y avoir jamais été. Avec l’équipe de la TVM ; il monte en ville à Manakara, à peine situé à 12 km de son village, et se rend compte du gouffre qui le sépare de ces enfants de la ville. À le voir, recroquevillé sur lui-même, silencieux, n’osant porter le regard sur quoi que ce soit et sur qui que ce soit, il serait en train de s’interroger sur son sort, sinon de maudire ses parents, sa famille, sa destinée s’il y croit. Le progrès ou le modernisme, le développement l’ont jusqu’à maintenant oublié.

Pourquoi lui ? Pourquoi pas les autres ? Mais que fait-on à Manakara ? Les parents de ces enfants qui vont à l’école des Sœurs qu’il a visitée, sont-ils suffisamment riches ? Ou bien ses parents ne sont-ils pas suffisamment convaincus des bienfaits de la fréquentation des écoles ? En tout cas le père qui a été interrogé par Vero Rabakoliarifetra a laissé croire, d’une part, qu’il ne peut se permettre d’envoyer ses enfants à l’école car la vie est dure et que, d’autre part, il ne voit d’autre avenir pour sa descendance que la diversification des cultures et donc des sources de revenus, en plus de la pêche artisanale pratiquée en zone côtière.

Le fossé est énorme entre les environs de la capitale et les environs des villes du Sud-Est. Si les ruraux du sud-ouest de la capitale ont la télé grâce à l’usage de batterie faute d’électricité, ceux des environs de Manakara n’ont aucun accès à l’information, fut-elle officielle et encore moins à la télé pour se faire une idée de « l’extérieur » .

Le chemin est encore long pour le pays et pour tout le monde.

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