Un centre de formation continue spécialisé en médiation verra le jour au sein de l’Ecole Nationale d’Administration de Madagascar. Mais auparavant, un groupe de Médiateurs a terminé sa formation sanctionnée par un diplôme délivré par l’ENAM. Interviewé à ce sujet, le DG de l’ENAM lui-même, Alexandre Randrianasolo, est de cette première promotion.
• Madagascar Tribune : Qu’est-ce qu’un médiateur ?
– Alexandre Randrianasolo : Le Médiateur essaie de rapprocher deux individus ou deux groupes d’individus, en litige. Le but de la médiation est de trouver un terrain d’entente. Le Médiateur ne s’immisce pas dans les affaires qu’il prend en charge. Il ne lui appartient pas d’apporter une solution au différend, lequel peut être de nature familiale, sociale, commerciale ou autres... La fonction du Médiateur n’est pas une fonction d’arbitrage.
• Cette démarche confirme-t-elle l’adage : « Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès » ?
– « Bien sûr ! La médiation épargne la lenteur administrative et judiciaire et sert à trouver une issue rapide aux problèmes. Par conséquent, elle désengorge les travaux du Tribunal. Seul l’enregistrement du résultat de la médiation nécessite le Tribunal, ou le Notaire ».
• Existe-t-il un cadre légal pour l’exercice de la médiation ?
– « Il s’agit du Centre de Médiation de Madagascar ou VITRANA qui constitue un cadre positivant le dialogue. Mais il faudrait modifier certains dispositifs du Code de Procédure Civil, afin de légitimer la médiation judiciaire ou la médiation conventionnelle. La médiation judiciaire est proposée aux parties concernées par le Président du Tribunal qui remet l’affaire aux soins d’un Médiateur. Par la suite, les résultats de la médiation sont remis au Tribunal. Ce qui permet au Juge de prononcer une sentence relative au règlement du conflit que les deux parties sont tenues de respecter. Dans la médiation conventionnelle, les parties contactent directement le Médiateur, pour trouver eux-mêmes un consensus, même si l’affaire est déjà enrôlée au Tribunal. Le consensus est cautionné par le Médiateur ».
• Qui a initié cette formation et qui sont ceux qui ont reçu la récente formation ?
– « Nous étions 42, mais après les examens assortis de mémoire, 37 se sont vus attribuer le diplôme de médiation délivré par l’ENAM. Ce sont des magistrats, des avocats avec le Bâtonnier, le Médiateur de la République, des Enseignants de l’ENAM... L’Organisation Internationale de la Francophonie en est la source de financement. La Coopération Française sera partie prenante pour épauler l’ENAM à instaurer le Groupe de réflexion pour la médiation. Grâce à M. Stéphane Ben Simon, Directeur de l’Institut Catholique de Paris, et à Me Lala Ranaivosoa, du barreau de Madagascar, la formation en médiation est devenue un partenariat entre l’ENAM et l’IFOMEN, Institut de Formation en Médiation et Négociation ».
Propos recueillis par Razaka Oliva
