Au moment où des régions du pays, tel Taolanaro ou Toamasina ou Ambatovy-Moramanga, ou encore la Sofia et le Melaky, commencent à voir des chantiers en cours et des industries s’installer, le pouvoir dénonce des tentatives de déstabilisation. Le président de la République déplore que le pays soit la cible du terrorisme. Pour être clair, il soupçonne des préparatifs d’invasion sinon de manœuvre pour introduire des armes dans le pays.
Certains répliquent que la mélodie de menace de l’extérieur est connue. Le fantôme du communisme hantait le président Philibert Tsiranana. L’ombre de Bob Denard et d’autres mercenaires en provenance d’Afrique du Sud tournaient toujours autour du président Didier Ratsiraka qui avait une peur bleue des « impérialistes ». Aujourd’hui, on invoque le terrorisme et des manœuvres de déstabilisation par introduction d’armes.
Très perspicaces, ces « critiques » sont persuadés qu’il ne s’agit là que d’une manière de détourner l’opinion face à la vie chère. Mieux, c’est une tactique pour mobiliser l’opinion afin de pouvoir mieux maîtriser toutes les situations et toutes les énergies dans le sens du MAP. Ces iconoclastes en effet relèvent que l’appel du chef de l’Etat à la vigilance et à la mobilisation contre les « terroristes » intervient dans un contexte d’anxiété générale. Les politiques de l’opposition se démènent ou du moins s’organisent pour l’adhésion des citoyens à leur cause. Les présumées conséquences du discours de l’ambassadeur de France, Gildas le Lidec, sont dans les esprits des francophiles ou non, des opérateurs et des hommes d’affaires. Mais surtout la hausse du coût de la vie fragilise les ménages. C’est dans ce contexte assez délicat, soulignent ces « iconoclastes » que surgit le terrorisme, déploré par le président. Bref, ils n’en croient pas un mot.
Toujours est-il que les soupçons du président ne sont pas sans fondements. Il a montré des photos qui ont été prises par des habitants de Manakara. Et quand on réfléchit sur les craintes exprimées par Manandafy Rakotonirina à propos de l’exploitation de pétrole et des autres richesses de notre sous-sol (Nickel, Cobalt, Ilménite, émeraude, diamant…) et de la concurrence entre les pays du Nord et entre les grandes compagnies, on peut être édifié sur ces soupçons. La Corne de l’Afrique est en ce moment victime du combat auquel se livrent, par milices et mercenaires interposés, les grandes puissances européennes et américaines et les multinationales, si bien que l’insécurité règne jusque dans la partie nord-ouest de l’Océan indien. Des accointances avec des résidents à Madagascar ne sont pas impossibles.
