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Opinions

Autosuffisance alimentaire : quelles solutions pour Madagascar

vendredi 24 juin 2011

1 – L’autosuffisance alimentaire concerne chaque famille

Les agriculteurs malgaches constituent les trois-quarts de la population du pays. Malgré leurs efforts et acharnement au travail, leur production ne suffit souvent pas à nourrir leur famille toute l’année. Nombreux sont ceux qui vendent une partie de leur riz au moment des récoltes pour pouvoir disposer des liquidités nécessaires à l’achat d’autres produits de première nécessité et satisfaire les autres besoins indispensables. Puis au moment de la période de soudure, ils doivent acheter du riz dont le montant élevé ne s’explique pas seulement par les coûts de stockage et de transport mais intègre également les actions des spéculateurs de toutes sortes. Par ailleurs en février 2011, l’arrivée sur les marchés malgaches de riz importé vendu à un prix plus bas que le riz produit localement a renforcé les difficultés des agriculteurs pour la vente des récoltes. Plus tard, le prix de vente très élevé du riz à Madagascar a étonné les observateurs à un moment où le cours mondial du riz était en baisse. Pour équilibrer ses comptes et profiter des fruits de son travail agricole, chaque famille de paysan a donc intérêt à assurer son autosuffisance alimentaire – au moins en riz – pour ne pas subir les aléas du marché.
La production agricole nationale doit prévoir l’approvisionnement des agglomérations urbaines. Et depuis la fin 2010, les longs mois de sécheresse suivis souvent par des inondations ont aggravé la famine et la malnutrition dans plusieurs zones de l’île. Des dirigeants du pays évoquent alors l’autosuffisance alimentaire parmi les objectifs à atteindre. Mais au lieu d’une politique agricole en faveur de l’agriculture familiale pour augmenter la production vivrière, la solution annoncée est une collaboration avec des Etats étrangers ou leurs entreprises. Quelle est donc la véritable priorité ?

2 – L’octroi de terres aux investisseurs étrangers ne constitue pas une solution pour atteindre l’autosuffisance alimentaire

Tout d’abord, comme le Collectif TANY l’a toujours affirmé, la vente de terres doit être exclue de toute négociation avec un Etat ou une société étrangère. En effet, toute vente de la terre de nos ancêtres est inacceptable et doit être condamnée car cela compromet notre souveraineté nationale, l’inaliénabilité du territoire et l’avenir des générations futures. Concernant les locations de terres et les baux emphytéotiques, la Banque Mondiale – qui pourtant soutient les investissements sur les terres agricoles – a diffusé en septembre 2010 les résultats de ses recherches sur les projets d’accaparement de terres arables à grande échelle à travers le monde. Ces travaux montrent que lorsque la majorité de la population à nourrir vit de l’agriculture, comme à Madagascar, les locations de terres aux grandes entreprises aboutissent au déplacement et au chômage des paysans. Au contraire, pour réduire la pauvreté, il faut opter plutôt pour l’agriculture contractuelle (ou contrat de fermage, farming contract) qui permet aux paysans de rester sur leurs terres et de continuer à les travailler. Les investisseurs apportent eux leur appui en petits matériels et intrants pour améliorer la productivité et la commercialisation et les bénéfices sont partagés entre les investisseurs et les paysans-producteurs.

Cette étude remet également en cause l’argument avancé par les investisseurs dans l’agro-business qui prônent que les populations rurales bénéficient d’emplois créés. Mais la forte mécanisation du système de production agricole adopté par ces compagnies et les objectifs de réduction des coûts de production des investisseurs les amènent à limiter les charges salariales et les recrutements.

En fait, le seul contrat de fermage à Madagascar connu du grand public est celui conclu entre la société indienne Varun, représentée par le bureau d’études malgache Sodhai, et 13 associations paysannes malgaches créées pour la circonstance dans la région Sofia. Il a été suspendu en 2009. Heureusement, car il s’agissait bel et bien d’un contrat désavantageux, que l’on pourrait qualifier de « gagnant-perdant »

Néanmoins, un chercheur a considéré ce contrat Varun comme étant le plus favorable aux paysans parmi les contrats de six pays africains dont il a pu disposer et qu’il a comparés. En effet les clauses de ce contrat stipulent que 30% de la production de riz devaient être donnés par Varun aux paysans comme frais de location des terres mais les paysans devaient vendre 70% de cette quantité à la société Varun au prix fixé par la société.

Mais le résultat des calculs montre que la quantité de riz restante n’aurait pas suffi à nourrir pendant l’année une famille paysanne concernée et que le nombre d’emploi annoncé correspondait à un emploi pour 155 hectares. De ce point de vue, le risque est grand que les paysans deviennent des chômeurs destinés à la migration ou à l’exode vers les villes. La transparence des contrats avec tous les investisseurs est vraiment nécessaire pour une meilleure évaluation de leurs apports.

3- Pour une politique agricole nationale en faveur des paysans malgaches producteurs de l’agriculture familiale qui constituent la majorité de la population

Les sociétés étrangères qui louent des terres, même pour des cultures vivrières, visent en premier lieu leurs propres intérêts mais pas l’autosuffisance alimentaire de Madagascar. La population mondiale victime de la faim atteint désormais un milliard et les organismes internationaux ont annoncé une augmentation importante du prix des produits alimentaires dans les prochaines années. C’est pourquoi depuis 2008 de nombreux pays ne disposant pas de terres et d’eau en quantités suffisantes pour garantir leur sécurité alimentaire, comme l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud ou l’île Maurice, ont demandé à leurs entreprises d’investir sur les terres agricoles dans les pays pauvres comme Madagascar. De plus, la recherche de profit maximal amène les grandes entreprises étrangères et nationales à favoriser l’exportation et à spéculer sur les prix. D’un autre côté, les compagnies européennes louent nos terres pour y cultiver plutôt du jatropha afin de satisfaire leurs besoins en agro-carburants.

Il nous appartient, à nous, Malgaches, d’assurer l’alimentation et l’autosuffisance alimentaire de notre population et nos paysans sont capables de le faire s’ils sont appuyés par une politique agricole en leur faveur, par des moyens adéquats en intrants, en petit matériel et techniques agricoles, dans la commercialisation et la sécurisation de leurs production. Défendons nos terres et soutenons nos paysans dans leur lutte quotidienne pour la protection de leurs droits et l’augmentation de leurs revenus.

La balle est ainsi dans le camp des dirigeants pour trouver et mettre en œuvre une politique agricole appropriée et visant à atteindre l’autosuffisance alimentaire des paysans et de la population malgache toute entière.

Mamy Rakotondrainibe, Pour le Collectif pour la Défense des Terres Malgaches – TANY

Recueilli par Valis

13 commentaires

Vos commentaires

  • 24 juin 2011 à 09:01 | HINDY (#1781)

    « Il nous appartient, à nous, Malgaches, d’assurer l’alimentation et l’autosuffisance alimentaire de notre population et nos paysans sont capables de le faire s’ils sont appuyés par une politique agricole en leur faveur, par des moyens adéquats en intrants, en petit matériel et techniques agricoles, dans la commercialisation et la sécurisation de leurs production. Défendons nos terres et soutenons nos paysans dans leur lutte quotidienne pour la protection de leurs droits et l’augmentation de leurs revenus ».
    Je suis entièrement d’accord sur cette politique. Mais je n’ai jamais compris pourquoi on n’a jamais pu ou voulu la faire.
    Or ce ne sont pas les exemples qui ont réussi qui manquent concernant d’autres produits. Prenons seulement l’exemple du coton. Il fut un temps, lorsque le coton se vendait bien, la HASYMA, en appliquant le système cité plus haut, arrivait à de très bons résultats. La HASYMA aidaient les paysans depuis la première phase de préparation du terrain (labour, pulvérisage) en mettant à disposition des tracteurs agricoles, ensuite donner la semence et faire la semis, mettre en œuvre l’engrais, donner les insecticides et surtout suivre techniquement, avec les paysans, chaque phase de développement de la plante. Les coûts de ces interventions sont ensuite déduits des prix des récoltes vendues à la HASYMA par les paysans.
    Est-ce que ce système ne nous coûterait pas moins cher que l’importation systématique de riz ? Evidemment ceci ne ferait pas gagner facilement et rapidement de l’argent aux importateurs, mais à long terme, je pense que c’est avantageux pour le pays.
    Une petite enquête intéressante à faire : demander dans un village le nombre de paysans qui auraient pu produire plus de riz s’ils avaient eu plus de semence et plus de terrain à leur disposition. Or il y a des régions où le pourcentage de terre cultivable mais non exploité dépasse largement notre insuffisance en riz.

  • 24 juin 2011 à 10:25 | bema (#828)

    L’autosuffisance alimentaire devrait être une cause nationale car c’est tout à fait à notre portée et même à l’époque du boky mena, Ratsiraka en a fait un objectif seulement trop politisée et propagandiste avec les tracteurs algériens et nord-coréens . Nous avons tout sur place mais tant qu’il n’y a pas de politique agricole digne de ce nom, nos paysans travailleront les mêmes surfaces avec les mêmes méthodes que leurs aïeux. Mettre nos terres (certaines) entre les mains des grandes multinationales peut être une source de devises mais sous nos conditions et que cela ne pénalise pas nos propres agriculteurs. Une idée qui me trotte toujours dans la tête depuis mon Service National :pourquoi ne pas utiliser l’armée et leurs engins dans l’agriculture. J’ai effectué ma formation militaire de l’époque au « régiment du génie » de Betongolo et sincèrement rien ne nous empêche d’y porter réflexion. Misaotra Tompoko.

    • 24 juin 2011 à 11:18 | Stomato (#3476) répond à bema

      Il est indéniable qu’une vraie Politique doit être mise en place.
      Une Politique qui tienne compte de tous les facteurs, pas seulement ceux qui concernent la partie purement agricole.
      Cependant même la partie purement agricole aurait besoin d’être changée.
      Tant que le Fokolona devra obligatoirement être consulté, tant que les Tangalamena et autres Ampanjaka bénéficieront de pouvoirs de blocage, la situation aura peu de chances de s’améliorer.
      Oui, il s’agit de résoudre ce problème dont l’idée de son existence n’est même pas encore acceptée.
      Le système occidental n’est probablement pas le meilleur, il n’empêche que c’est celui qui pour l’instant encore mène le monde.
      Si ce système devait changer, ce serait un autre système exotique, d’origine hors Madagascar.

      En étant à peine iconoclaste, je remarque que pendant la colonisation Madagascar exportait du riz en quantités respectables.
      L’autorité colonisatrice faisait peu de cas des autorités tutélaires et séculaires malgaches, cela fonctionnait pas trop mal. Du moins si l’on prend en compte UNIQUEMENT les aspects productivité et autosuffisance alimentaire.

  • 24 juin 2011 à 11:51 | lanja (#4980)

    TGV A TROUVE UNE SOLUTION VARY MORA INONA INDRAY NO TADIAVINAREO

  • 24 juin 2011 à 12:09 | Tsitapenambava (#1757)

    Matoa misy ny tsy fahampian-tsakafo (indrindra ny vary) eto Madagasikara dia marina tokoa fa noho ny tsy fisian’ny politika mazava mikasika ny fanajariana ny tany (politique d’aménagement du territoire) sy ny politika hentitra mikasika ny fampiroboroboana ny fambolena (politique agricole).

    Saingy misy fomba fijery tokony hahitsy ihany raha ny mikasika ny tantsaha no resahina. Diso ny fiheverana indraindray fa sarotra ampandrosoana ny tantsaha malagasy. Liam-pandrosoana tokoa ny tantsaha malagasy fa misy minia manakana izany fandrosoana izany. Mila foto-drafitrasa maharitra ny eny ambanivohitra (barazy, lakan-drano, làlana, tsena, tetezana, fitaovam-pitaterana, fitaovam-pifandraisana, fitaovam-pamokarana, sns) ankoatr’ireo akora sy kojakoja samihafa (intrants et outillages agricoles). Rehefa mila izany anefa izy ireo dia ampifilafilaina amin’ny hoe aloavy ny anjara birikinareo na ilay antsoin’ny teknisiana manam-pahaizana hoe « apport bénéficiaire ». Izay rehetra ilain’ny tantsaha dia andrasana fandraisan’anjara avy aminy avokoa vao tanterahina. Mazàna anefa sarotra sy tsy takatry ny ankamaroan’ny tantsaha izany fandraisan’anjara izany ka zary lasa filam-boa tsy hary.

    Matoa tsy mandeha na mihisatra ilay ataon’ireo tetikasa fampandrosoana ny eny ambanivohitra hoe « mobilisation des apports bénéficiaires » dia satria tsy manam-bola amin’izany ny tantsaha, tsy manam-bola amin’izany ny commune. Ny antony dia satria tsy mahafa-po ny vidim-bokatra ka kely ny fidiram-bola ao an-tokantrano. Kely araka izany koa ny hetra miditra amin’ny commune.

    Marihiko indray fa tsy ny tantsaha no kamo na tsy te handroso fa ny rafitra iainany mihintsy no mampahantra azy sy tsy hanany vola. Eto Madagasikara dia tsy ny mpamokatra no mametra ny vidim-bokatra fa ny mpividy. Raha mividy siramamy na sira na pétrole ny tantsaha dia ny mpivarotra no mametra ny vidin’entana fa rehefa mivarotra vary na tsaramaso na tsako ny mpamboly dia ny mpividy (mpanangom-bokatra sy mpijirika isan-karazany) no mametra ny vidiny. Izany ve dia mety ? Voatsindry foana ilay tantsaha dia tsy afa-mivoatra.

    Ankoatr’izay ny antsojay isan-karazany mikasika ny fananan-tany miaro fandrobàna sy hosoka feno fanambakàna atao rehefa mba manohitra ny tsy rariny ireo tantsaha ireo.

    Izany rehetra izany dia mety amin’ny firenena mana-katao satria rehefa tsy ampy ny vokatra eto an-toerana dia afaka manondrana sy mivarotra izany aty ry zareo. Ny tantsaha any ivelany indray no lasa manan-karena. Tadidio fa matoa ireo mpamatsy vola isan-karazany milaza hoe tokony hiezaka hahaleo tena ny tantsaha malagasy fa tsy hiantehitra amina fanampiana dia fantany tsara ny fahefàn’ny mpamokatra fa tsy ho lasa lavitra raha tsy ampiana ka izay no ahafahan-dry zareo miaro ny tsenany fa raha mandroso haingana ny tantsaha malagasy dia hihena ny anjarany eo amin’ny tsena. Efa voadio amin’izany avokoa ny ati-dohan’ireo izay mpitondra (décideurs) sy ireo teknisiana tapi-pahaizana eto amin’ny tanàna. Kanefa any amin’ireo firenena ireo dia « subventionné » ny mpamokatra mba ampidinana ny masonkarena ka hahafahan’ny vokatry ry zareo mibahana ny tsena satria « compétitif » ny azy amin’ny vidiny. Ny vokatry ny tantsaha eto Madagasikara dia tsy lasa lavitra fa sady tsy ampy kalitao (qualité) no lafo vidy.

    Koa raha mbola ratsy ny vidim-bokatra dia tsy afaka hampandroso ny fari-piainany ny tantsaha ary aleony mamokatra izay ho sakafony sy filàny ka izany no mahatonga ny tsy fanjarian-tsakafo hita saika manerana ny faritra maro. Noho izany dia tokony hisy paika mazava eken’ny rehetra mikasika ny fanangonam-bokatra izay anjakan’ny mpijirika tsy ara-dalàna ka mahatonga ny vidim-bokatra ho ambany hatrany ary tokony hivondrona sy hiray hina ihany koa ny tantsaha ka hiezaka hikajy ny masonkarenany ary hamaritra ny vidim-bokatra araka ny tokony ho izy fa tsy hanaiky rebireben’ny mpanangona sy ny teknisiana voasasa ati-doha.

    • 24 juin 2011 à 17:01 | basyvava (#4699) répond à Tsitapenambava

      Je partage à 100% l’analyse de Tsitapenambava, je sens que c’est à la fois un homme (ou femme) de terrain et de réflexions.

      Je trouve que le combat mené par ce fameux collectif TANY est un combat d’arrière garde. Qu’est-ce qu’ils ont à faire dans ce débat « nos » ancêtres ? Je n’ai jamais compris cette histoire de défense de la terre des ancêtres et surtout l’amalgame que ce collectif entretient avec la notion de souveraineté nationale ?

      La terre est un bien économique, il devrait appartenir à ceux qui la travaillent, qui la valorisent et POINT BARRRE (dixit notre Basile national). En fait, de quelles ancêtres ce collectif parle ? Nos ancêtres les « vazimba », nos ancêtres les « malais », les « africains », les « pirates » ou nos ancêtres les gaulois ? Il faut rappeler qu’une grande partie des terres fertiles dans la plupart des régions (Bongolava, Itasy, Vatovavy, Alaotra...) sont encore titrés au nom de colons (familles ou coopératives), et par conséquent, ces terres appartiennent à nos ancêtres les gaulois. Aujourd’hui, la majorité des paysans malgaches produisent sur des terres qui ne leur appartiennent pas, la réforme foncière en cours n’améliore pas leur situation (un certificat foncier n’a pas la même valeur juridique qu’un titre).

      Les problèmes de l’agriculture et des paysans sont bien résumés par Tsitapenambava. Le pire est que nos techniciens et ingénieurs qui sortent de l’école d’agro préférent travailler dans les bureaux au ministère ou dans le projets financés par la BM ou l’UE au lieu d’aller à la campagne pour produire. Ces types sont formés avec l’argent publique mais ils ne sont pas capables d’aller planter les choux pour donner l’exemple aux « Tantsaha » (ils sont censé maîtriser la technique agricole), ils se permettent juste de donner des leçons.

      Les paysans malgaches n’ont pas vocation à produire pour toute la population, ils produisent pour eux et vendent le surplus de production pour pouvoir acheter les PPNs. Les paysans ne sont pas des entrepreneurs, et pourtant pour règler les problèmes alimentaires il faudrait une agriculture moderne (notion de productivité, rendement...) qui nécessite à la fois un savoir faire (technologie) et un capital. En plus il faut prendre des risques, car les aléas climatiques et biologiques (invasion de criquets...) sont des données à prendre en compte. Effectivement, les malgaches qui disposent de capitaux n’investiront pas leur fric dans l’agriculture (je suis certain qu’aucun membre de ce collectif TANY n’a investi son épargne dans l’agriculture), ils préférent investir leurs capitaux dans des activités à cycle court qu’on appelle « Bizna » (achat, revente, profit rapide...et bizness avec les douaniers).

      Tous les experts sont aujourd’hui unanimes que Madagascar peut devenir un véritable grenier (du moins pour les pays autour). Or, l’expérience récente montre que les malgaches ne sont même pas capables d’exporter (en quantité et qualité) des pommes de terres pour un petit marché mauricien.

      Alors les membres du collectif TANY, c’est bien bon de défendre la terre de vos ancêtres mais je me demande bien si vos ancêtres en demandent autant.

      Madagascar peut devenir un grand pays agricole, exportateur, nous disposons d’un capital énorme (60 millions d’Ha) et beaucoup d’eau (qui part dans l’océan) mais il faut raisonner de manière économique et non culturelle, il faut savoir tirer profit de ces atouts. Effectivement, il appartient à l’Etat de veiller à atténuer les conséquences écologiques et sociales d’une exploitation agricole à grande échelle.

      Nous n’avons pas encore pu inventer un meilleur modèle économique que celui qui est en vigueur actuellement (libre échange, mondialisation), il faut savoir tirer profit de ce système et ne pas être éternellement sur la défensive. A moins que le collectif TANY dispose d’un modèle économique génial qui nous permet de vivre en autarcie, d’amour et d’eau fraîche. Si c’est le cas, alors il faut qu’ils proposent des solutions concrêtes et non renvoyer la balle au gouvernement, et puis il ne suffit pas de dire qu’il faut une bonne politique agricole, il faut nous le dire laquelle ?

      Effectivement, les membres de ce collectif mangent trois fois par jour et se permettent (comme la HAT) de parler au nom de tous les malgaches (paysans) qui n’ont pas la même ancêtre qu’eux (je suis aussi malgache que vous mais je ne suis pas si sûr que nous avons les mêmes origines). Est-ce que nous avons consulté tout le peuple pour cette question stratégique ? Non, il suffit que quelques pseudo-intellos en mal de sensation forte mais incapable de produire un kilo de riz, s’agitent et on prend ça pour de l’argent comptant. Ce n’est pas parce-que vous avez créé un collectif et que vous parlez un peu plus fort que le reste des malgaches que vous avez raison, je suis malgache et je ne suis pas d’accord avec votre position, avec votre combat d’arrière garde. Il faut modernier le pays pour lutter contre la pauvreté, il faut produire plus et mieux (peu importe la nationalité de ceux qui produisent).

      Une petite question à l’auteur de cet article : Croyez vous que la production à grande échelle de maïs (projet Daewoo) à Madagascar aurait arranger les affaires des farmers dans l’Arkansas ?

      Les US sont les premiers exportateurs de maïs en Corée, le projet de Daewoo présente une menace pour leurs farmers, les grands pays producteurs ont intérêt à soutenir les prix des produits agricoles pour maintenir le pouvoir d’achat de leurs agriculteurs, sinon ils seront obligés d’augmenter les subventions, ces pays sont endettés, il y a d’autres priorités pour une meilleure utilisation de l’argent publique.

      Bonnes fêtes de l’indépendance quand même.

      Ando Rabekoto.

  • 24 juin 2011 à 17:58 | scot (#4482)

    Mr Mamy Rakotondrainibe,
    nous comprenons bien où vous voulez en venir (touches pas à ma terre… !) Monsieur le « défenseur des terres malgaches » (pour qui/quoi ? contre qui/quoi ?).

    Vous avez eu le courage de monter sur cette tribune, alors parlez-nous de votre « …politique agricole appropriée visant à atteindre l’autosuffisance alimentaire… » au lieu de vous contenter de botter la balle dans le camp des dirigeants dont vous sous-entendez l’incompétence. J’ose croire qu’ils ont été réduits à importer à cause d’une production nationale insuffisante.
    Vous semblez prétendre en connaitre les causes (et, peut-être, détenez-vous des solutions) alors, dévoilez-nous votre stratégie ambitieuse et marquez-nous des buts !

    Pour vous faciliter la tâche, mettons les choses qui fâchent de côté et restons sur des questions rationnelles, celles des 20 millions de kibo qu’il vous faudra remplir 365 jours par an, maintenant, et le double dans 15 ans….
    Mettons-nous d’accord sur l’équation fondamentale suivante :

    Qté Totale Produite = Qté par Unité de Surface x Superficie Totale.

    Pour que tout le monde puisse bouffer (nous parlons d’autosuffisance…) il faudrait que la QTP soit supérieure ou égale à la Qté à ingérer par la population. Je me permettrai de rajouter quelques épices afin de corser le problème : nous exigeons une ration équilibrée, ce qui vous oblige à nous produire plus que des grains de riz… ce qui ajoute d’autres dimensions à un problème que nous sommes incapables de résoudre.
    Au regard de cette équation, il est évident qu’il n’y a que 2 types d’actions à entreprendre pour résoudre le problème :

    1- Augmenter la productivité (QUS) : Comment y arriverez-vous si vous vous contentez de petit outillage ? Sachant que l’irrigation est plus important que les intrants sur le point de vue de la productivité, pourquoi ne parlez-vous pas de mise en valeur des terrains par une infrastructure d’irrigation ? Ce n’est qu’ensuite que vous pourrez parler d’intrants et sur ce plan, combien de temps vos « bailleurs du fond » accepteront-ils de les subventionner ?

    2- Augmenter les Surfaces Productives : Ce n’est pas tout de dire que des terres sont disponibles, encore faut-il les rendre cultivables. Comment financerez-vous l’infrastructure d’irrigation ? Où se trouvent les ressources humaines pour les exploiter ?

    Veuillez répondre sur ces questions rationnelles. Que proposez-vous ?
    Ne nous parlez pas encore de tanindrazana... parlez-nous d’abord d’économie élémentaire.
    Car si les ancêtres nous ont confié cette terre, c’est qu’ils nous ont légué la responsabilité de nourrir tous les enfants de cette terre. Comment prendrez-vous vos responsabilités ?

    • 24 juin 2011 à 22:47 | basyvava (#4699) répond à scot

      Mr Scott,

      La réalité au pays est qu’au 21é siècle nos paysans pratiquent toujours l’agriculture de subsistance, la culture de rente, l’élevage contemplatif (dans le sud vous rencontrez facilement des troupeaux de 200-500 têtes de zébus qui ne seront abattus qu’une fois leur propriétaire ira rejoindre nos ancêtres).
      Les dahalo, en volant une partie de ces troupeaux et en les remettant dans le circuit commercial contribuent à stabiliser le prix du kilo de viande de zébu dans la capitale (une des raisons pour lesquelles l’Etat ne veut pas trop toucher à ce phénomène de dahalo).

      Depuis que Madagascar bénéficie des programmes de financement des bailleurs de fonds (FMI-BM-EU), il y a toujours eu un financement pour appuyer le développement rural, les paysans, mais quel est le résultat ?
      Il ne faut pas oublier que les fonds mobilisés dans le PSDR et autres appuis au développement rural sont des prêts et que ce sont nos enfants qui vont rembourser tout cela. Le rendement fiscal de cette agriculture de subsistance est quasi-nul, et le collectif des ancêtres veut encore que l’Etat subventionne ou continue à appuyer (mais comment) les paysans qui ne produisent que pour eux ? Si vous rassemblez toutes les études effectuées sur l’agriculture malgache et le développement rural par tous les experts patentés de la BM et l’UE, il y de quoi remplir un étage entier de l’Hotel Carlton.

      Il faut être réaliste, l’investissement dans les infrastructures (système d’irrigation, protection des bassins versants...) coûtent chers, il faudrait trouver un mécanisme qui permet de « partager » le coût car l’Etat a d’autres priorités (éducation, santé, sécurité publique, infrastructures routières...), dans ce cas, l’investissement privé dans une agriculture moderne et rentable doit être encouragé (peu importe la nationalité de l’investisseur). L’Etat pourra récupérer des ressources (taxes, impôts...) des activités agricoles et pourra se concentrer sur l’éducation et la santé publique. La terre est un actif à la disposition de l’Etat, il lui appartient de valoriser et tirer le maximum de profit de l’exploitation des terres, une politique intélligente pourra constituer un moyen de sortir une grande partie des malgaches de cette spirale de pauvreté.

      En lisant le titre de l’article, j m’attendais à une solution concrête et intélligente de la part de ce collectif mais il n’y a rien. C’est bien bon de dire : touchez pas à ma terre, mais c’est mieux d’avancer des solutions concrêtes et réalistes (en évitant d’utiliser tout le temps l’argent des contribuables pour subventionner X et Y). Les pseudo-intellos malgaches sont des champions olympiques quand il s’agit de constater, analyser et critiquer mais lorsqu’il s’agit de formuler une proposition claire, rationnelle, et concrête pour résoudre les problèmes, ils sont complètement transparents, invisibles.

      En plus, je suis sûr que la majorité des membres de ce collectif réside à l’étranger. En France, les malgaches peuvent acheter une maison, un terrain (en ville ou en milieu rural), mais les mêmes malgaches n’acceptent pas que les étrangers puissent acheter des terrains au pays.

      Mr Rakotondrainibe, je veux bien engager un débat rationnel avec vous concernant les aspects économiques du développement agricole mais concernant l’aspect culturel et toutes les questions qui touche aux « ancêtres » je ne suis loin d’être qualifié pour donner mon opinion.

      Ando Rabekoto.

    • 24 juin 2011 à 23:19 | scot (#4482) répond à basyvava

      Mr Rabekoto,
      vous faites honneur à votre pseudo et ne le prenez pas comme une insulte : vos arguments sont clairs, nets et précis !

      Il est évident que la réponse au risque démographique passe par une modernisation de l’agriculture malgache.

      Dommage que le « défonçeur des terres malgaches » n’ait pas daigné répondre ; peut-être aurait-il déclaré forfait ?

      Au plaisir...

    • 25 juin 2011 à 05:24 | scot (#4482) répond à FIPOZ

      Oui...

      Qu’y-a-t-il à comprendre dans cette traduction d’un article du Guardian qui s’est spécialisée dans la dénonciation des landgrabs (elle était d’ailleurs un des premiers à relayer l’information sur le pré-contrat malgache avec Daewoo...) ?

      Le monde est en train de subir une crise alimentaire et les premiers à en subir les conséquences sont le tiers-monde et le quart-monde. C’est même la préoccupation majeure de la réunion ministérielle du G20 de ces derniers jours.
      Outre la question humanitaire à résoudre, ce qui inquiète les décideurs de ce monde, c’est qu’un ventre qui a faim est plus enclin à se révolter et à déstabiliser les ordres établis....

      Voit-on, dans cet article, une quelconque proposition alternative pour remédier au problème ?
      C’est la réponse à cette question qui m’intéresse (...pas les gros titres de néo-colonialisme) et là, je reste sur ma faim....

  • 26 juin 2011 à 12:37 | Mamy (#5741)

    Réponse du Collectif TANY aux commentaires

    Merci au journal TRIBUNE d’avoir publié l’article et à tous ceux qui ont émis des commentaires.

    Le texte complet de cette Newsletter n°13 se trouve sur notre site http://terresmalgaches.info/spip.php?article39
    avec toutes les références.

    Cet article est le premier d’une série de textes que nous allons publier sur le sujet, d’où le (1) dans le titre « Autosuffisance alimentaire, quelles solutions pour Madagascar ? (1) ».

    L’un des objectifs de ce premier article était de réagir à une affirmation de Mr Andry Rajoelina, président de la H.A.T. dans l’interview à Jeune Afrique n° 2626 du 8 au 14 mai 2011 (voir la totalité de l’interview que nous citons dans la référence (5) sur notre site à la fin de la Newsletter 13 http://terresmalgaches.info/spip.php?article39) :

    Question : « Vous vous êtes mis en quête de nouveaux partenaires économiques. Vous avez cité la Chine. Quels sont les autres partenaires qui peuvent intéresser Madagascar ?

    Réponse : Depuis l’indépendance, Madagascar s’est refermée sur elle-même. Aujourd’hui, nous sommes ouverts aux opérateurs ou aux pays qui veulent vraiment investir. Actuellement, nous avons de grands projets immobiliers et touristiques avec Emaar [société basée à Dubaï qui a construit la tour la plus haute du monde, Burj Khalifa, NDLR]. Nous allons organiser une foire internationale ciblant les investisseurs dans l’hôtellerie. Nous voulons faire de Madagascar la vitrine touristique de l’Océan Indien. Nous allons accompagner ces investisseurs et faciliter l’accès aux terrains constructibles. Nous voulons que des étrangers puissent acheter un pied-à-terre, un appartement ou une villa, et qu’ils puissent disposer de leur carte de résident pour faciliter leur entrée et leur sortie du territoire. Nous souhaitons travailler aussi avec d’autres pays, par exemple la Turquie, la Chine ou l’Inde. Avec cette dernière, nous travaillerons sur le secteur de l’agriculture. Notre but est l’autosuffisance alimentaire. Nous n’avons aucun a-priori sur tel ou tel partenaire tant que les intérêts de Madagascar sont préservés. »

    Les personnes qui pensent qu’il faut laisser les dirigeants tranquilles et ne pas commenter leurs déclarations et actions, peuvent l’écrire.

    Le Collectif TANY a tenu à exprimer ses opinions en commençant, de manière urgente, par informer sur différents points et par demander aux dirigeants et décideurs de mettre en place, dans le cadre de leurs responsabilités et de leurs compétences, une politique nationale de développement agricole favorable aux paysans malgaches producteurs dans l’agriculture familiale.

    D’ailleurs, ce premier article du Collectif TANY n’a pas mentionné dans ses références des informations inquiétantes que les lecteurs ont pu lire ailleurs, telles que celle-ci :

    http://www.lagazette-dgi.com/index.php?option=com_content&task=view&id=12621&Itemid=55

    « CEDS en Chine : Mettre en avant les potentiels de Madagascar

    Mercredi, 11 Mai 2011 07:11

    La récente voyage académique effectué par le Centre d’études diplomatique et stratégique (CEDS) en Chine a permis aux participants de faire la promotion économique de Madagascar. Certes, la délégation ne représentait pas l’Etat malgache mais elle veut contribuer dans les actions pour attirer des investisseurs étrangers dont notamment chinois dans le pays. Rappelons que la Chine est la 2ème puissance économique mondiale et sa réserve en devises dépasse les 3 000 milliards de dollars. De quoi alimenter des investissements un peu partout dans le monde. Lors du voyage académique du CEDS en Chine donc, le Dr. Salomon Razafindratandra, auditeur de la 7ème promotion du CEDS a présenté les possibilités d’investissement à Madagascar à l’Académie des sciences et de l’agriculture de Changshan, à l’institut de diplomatie au Centre de recherche sur la francophonie et au siège de l’international network for bamboo and rattan à Pékin. Le conférencier a identifié 5 secteurs porteurs, à savoir l’énergie, l’agribusiness, le tourisme, les industries et les mines, les infrastructures.

    Pour ce qui est de l’agribusiness, Madagascar présente différents reliefs et climats favorables à une grande quantité de cultures. Il en est de même pour les types de sols qui accueillent également des cultures de contre-saison. Ces potentiels positionnent Madagascar sur l’échiquier international de l’agribusiness. Rappelons toutefois que l’octroi de vastes terrains à des étrangers a fait partie des griefs lancés par le régime actuel contre son prédécesseur. Certes, les Malgaches n’ont pas les moyens d’investir sur ces terrains, mais de nombreuses entités internationales comme la FAO lancent un appel sur les différents dangers de l’accaparation de terres par des compagnies étrangères. (...) »

    A la prochaine.
    Mamy Rakotondrainibe

    • 28 juin 2011 à 23:39 | basyvava (#4699) répond à Mamy

      Mr Mamy Rakotondrainibe,

      Vous n’avez toujours pas répondu concrètement à la question : quelles solutions réalistes (et réalisables) propose le collectif TANY pour assurer l’autosuffisance alimentaire ?

      Au lieu de répondre à cette question, vous nous renvoyez aux différentes études de bailleurs de fonds (WB, FAO...). Savez-vous au moins quels sont les intérêts que défendent ces organismes financiers internationaux ? quels sont les principaux pays actionnaires de la WB et FMI ? Etes-vous sûr que les études et rapports que ces organismes sortent sont neutres ? Etes vous certain que ces organismes souhaitent vraiment aider les pays pauvres à se développer ?

      Si votre collectif des ancêtres patauge pour trouver une solution concrête pour nourrir tous les malgaches, vous pouvez au moins répondre aux questions que je vous posent. Et puis, cessez de nous sortir des rapports de X ou Y dans l’avenir, essayez de sortir vous propres reflexions, nous ne sommes pas en train d’écrire une thèse monsieur, il s’agit de résoudre concrètement un problème qui touche une grande partie de la population malgache (problème qui s’est aggravé ses dernières 50 années).

      Pour votre information ,il n’y pas que Madagascar qui propose des terres agricoles aux étrangers, même les USA ont vendu des terres agricoles aux japonais.

      Ando Rabekoto.

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