Les résultats des enquêtes 2009 et 2010 entreprises conjointement par l’Institute of Developing Economies (IDE-JETRO, Japan) et le Département Économie de l’Université d’Antananarivo avaient pour la première fois montré plus en détail la bonne performance et les contributions importantes des entreprises franches (EF) dans l’économie malgache. Le GEFP (Groupement des entreprises franches et partenaires) appuyait ces observations. Madagascar ambitionnait alors de ravir le statut de nouveau pays industrialisé de l’Afrique sub-saharienne. Malheureusement, l’effet conjugué de la crise financière mondiale et de la crise politique de 2009 a mis fin à cette ambition.
Afin d’évaluer les effets de la crise politique sur la performance des EF de confection, une troisième enquête a été entreprise en 2011. Etant donné le rôle considérable de cette industrie tournée vers l’exportation dans la réduction de la pauvreté, l’analyse analyse également l’impact de la crise politique sur l’opportunité de revenu pour la population pauvre. En effet, les résultats majeurs des enquêtes ont démontré que l’industrie de confection de Madagascar est une véritable « Success Story ». Après deux décennies de flux massifs d’IDE, elle occupe actuellement la première place dans l’exportation du pays et montrait une performance exceptionnelle. Madagascar figure parmi les quelques pays africains où l’industrie de confection est l’une des rares industries manufacturières prospères en Afrique. En effet, Madagascar est considéré par d’éminents économistes comme un pays qui a bien réussi son industrialisation.
Malheureusement, la crise politique de 2009, en créant des incertitudes et en entraînant la suspension de Madagascar de l’AGOA, infligeait des dommages importants à l’industrie de confection. En effet, tous les indicateurs virent au rouge pour les entreprises franches (toutes branches), à commencer par la régression annuelle de 13,5% de la valeur ajoutée produite, entre 2009 et 2011, réduisant ainsi leur contribution au PIB à 4,06% contre 5,4% pour la période précédente, soit une baisse de 25%. Les plus importants dommages restent au niveau de l’exportation quand la part de la ZF dans l’exportation totale est tombée à seulement 44,5% pour 2009-11. La valeur des exportations de vêtement de 2010, soit US$ 311,3 millions, ne représentait que la moitié de celle de 2008.
Entre 2008 et 2010, la production et la valeur ajoutée (VA) des entreprises franches de confection ont baissé fortement. La perte de nombreux emplois dans le secteur due à la fermeture des 23 entreprises en 2010, les licenciements et les chômages techniques, font baisser fortement l’effectif moyen des travailleurs par entreprise. La productivité a chuté considérablement (de l’ordre de 24,05% et de 59,46% pour les entreprises exportatrices et non-exportatrices) ; et en dépit des efforts faits pour réduire la masse salariale, le profit accusait une forte baisse de plus de 70%, montrant ainsi les effets dévastateurs de la crise politique sur les entreprises.
Les emplois dans l’industrie exportatrice de confection ont baissé de 46,5% entre 2008 et 2010, avec une plus forte baisse durant la première année post-crise. La perte d’emplois touchait essentiellement les travailleurs non qualifiés tels que les machinistes et les ouvriers de petites mains. 65,9% des pertes d’emplois jusqu’en 2010 ont été attribuées aux entreprises qui exportaient aux USA.
La crise a fait baisser significativement les salaires réels et donc le niveau de vie des travailleurs de l’industrie exportatrice de confection. La conséquence est plutôt considérée comme plus importante pour les machinistes qui sont, avec les ouvriers de petites mains, les moins payés de l’industrie, et dont le revenu réel a baissé de 9,2% en 2010.
La suspension de l’AGOA était responsable des 61,3% de fermeture d’entreprises en 2010, et 65,9% du total d’emplois perdus dans l’industrie de confection la même année. Elle a entraîné une baisse de 74% des exportations à destination des USA en 2010.
L’atelier de présentation des études aura lieu le 30 août prochain.
Recueilli par Vonjy
