Pour ce qui est des conversations, mon premier réflexe est de saluer la courtoisie de la plupart des Malgaches que je côtoie, qui font l’effort, en présence d’un étranger, de discuter en français. Mais tôt ou tard, dans le feu d’une conversation animée, l’attention se relâche et le malgache reprend ses droits, ce qui est bien normal. Et puis, c’est bien connu, on ne peut découvrir et comprendre une culture qu’en s’initiant aux subtilités de sa langue.
Certes. Seulement, c’est bien plus facile à dire qu’à faire ! Malgré toute ma bonne volonté, l’apprentissage va lentement, très lentement même. Contrairement aux autres langues étrangères traditionnellement enseignées en France (anglais, espagnol, allemand ou italien) qui toutes sont d’origines indo-européennes et ont donc des racines communes, il s’agit là de reprendre tout à zéro, sur des bases linguistiques totalement nouvelles.
La pratique de glisser quelques mots français dans une conversation en malgache, tant décriée par Ndimby A. dans un article précédent, est pourtant bien utile à l’étrangère que je suis pour, à défaut d’en connaître les subtilités, du moins suivre les grandes lignes d’une discussion.
Toujours est-il que le défi ne sera gagné que lorsque le dernier épisode de cette chronique sera rédigé en malgache. On prend les paris ?
Nelly
Vos commentaires
Chère Vahiny,
Pour le « vazaha », l’apprentissage du malgache peut sembler déroutant de prime abord. Pourtant, c’est une langue qui est assez facile à apprendre et à pratiquer. Très éloignées des difficiles subtilités grammaticales de la langue française, les règles de la langue malgaches sont relativement simples et en nombre limité (de plus elles comportent peu ou pas d’exceptions). Nos linguistes se sont attachés à simplifier ces règles. C’est pour cela, par exemple, que l’alphabet malgache est tronqué de plusieurs lettres par rapport à celui que vous connaissez en occident.
Vous verrez, à l’usage, la seule difficulté pour vous sera d’assimiler le fait qu’en malgache, toutes les voyelles finales sont muettes. C’est ce qui donne à tout vazaha un accent caractéristique lorsqu’il parle notre langue.
Pour le pari, je pronostique que vous réussirez votre défi avant la fin de la transition :-).
Pour finir, je ne peux que vous encourager dans votre entreprise en vous disant : « Tsy misy mafy tsy laitran’ny zoto ».
Bien à vous.
Petite correction, l’apprentissage du malgache est déroutant, et pas seulement de prime abord.
Pour un européen le malgache est une langue déroutante par l’absence du verbe être. Les méthodes d’apprentissage des langues majoritaires en Europe sont toutes basées sur les verbes être et avoir.
Exemple type : « My sister is not a boy ! », ou « Rodolphe, Ich bin ton père »...
Déroutante aussi par les changements important de la signification de mots selon la position de l’accent tonique...
Cela est aussi déroutant que le français dans la phrase : les poules du couvent couvent...
Mais ce que j’aime dans le malgache c’est la chanson quasi continue des discussions en malgache. Enfin sauf quand il est question d’engueulades.
« Mais ce que j’aime dans le malgache c’est la chanson quasi continue des discussions en malgache. Enfin sauf quand il est question d’engueulades ».
Stomato, même dans les engeulades, le malgache a trouvé le moyen de les faire en chanson (au propre comme au figuré). Les « hira gasy » et les kabary en sont des exemples. Dans ces exercices de style, le « mpihira gasy » ou le « mpikabary » invective souvent son vis-à-vis tout en restant dans la courtoisie et la « poésie ». Seulement, beaucoup ont oubllié ces pratiques ancestrales qui permettent d’éviter les enguelades sous les formes que nous connaissons aujourd’hui.
il ne faut pas oublier que la langue malgache écrite a été créée par les Anglais.les mots abstraits ou spirituels, qui n’existaient pas dans le malgache oral sont des mots anglais.D’où plus de facilité pour certains européens (anglophones) et beaucoup de problèmes pour les français.L’accent et l’intonation comptent aussi.
Merci à vous quatre d’intervenir sur le sujet.
C’est frais et d’une belle envolée.J’en apprends des choses sur notre langue malgache.
Pour ce qui est de son apprentissage , je pense qu’il devait y aller de la bonne volonté des vazaha colons s’ils voulaient réellement l’apprendre.
Mais clairement beaucoup d’entre eux ne voulaient pas le faire par principe . et c’était dommage. Comme le prononcé incorrect de nos noms patronymiques .
D’où ,sans doute, ces réactions incontrolées - souvent à outrance- des malgaches qui voulaient toujours, en représailles, rejetter la langue française ; à chaque montée d’adrénaline revolutionnaire à Madagascar. Quand on y réflechit à froid , ce fut également un grand tort . Qui n’est toujours pas redressé.
Je connais un allemand qui renonçait à apprendre le Français en raison de la conjugaison du verbe DIRE au présent de l ’indicatif << .... nous disons , vous dites , ils disent ( prononcer : dizente) >>. Au bout de 6 mois il n’avait rien compris.
Encore une fois merci et continuez à écrire avec autant d’élégance .
Et à Nelly bon courage
J’ai connu pas mal de vazaha qui voulaient apprendre la malgache de façon plus académique que lors de discussion de bar...
Mais il n’existait pas en brousse de cours de malgaches débutant pour français voulant se cultiver. Il restait donc la solution des bavardages de bar, ou d’arrière salles (sic).
Quand l’on arrivait a trouver des interlocuteurs malgaches disposés à enseigner des rudiments de malgache, dès que l’élève prononçait un mot de façon « étrange » le tuteur était gêné pour le locuteur et il se mettait à rire.
Donc l’apprenti croyait que l’on se moquait de lui et cela coupait rapidement toutes vélléïté de continuer.
Il n’y a pas que les noms patronymiques qui soient difficiles a prononcer, les noms de lieux le sont aussi !
Et puis quelle est la règle qui dit à partir de quelle syllabe l’on cesse de prononcer un nom malgache de quarante douze syllabes ? :-)
« Et puis quelle est la règle qui dit à partir de quelle syllabe l’on cesse de prononcer un nom malgache de quarante douze syllabes ? :-) »
On s’arrête quand on a le souffle coupé :-).
Tenez, pour vous entrainer, prenez un grand bol d’air frais et essayez de prononcer d’une traite ce nom d’un roi merina : Andriantsimitoviaminandriandehibe.
L’apprentissage d’une langue est toujours un exercice de volonté. Mais c’est également une volonté de communiquer avec la personne en face.
J’ai été frappé par un japonnais qui, trois mois après son arrivée à Antananarivo, parle très bien le malagasy. Mais je comprends bien qu’il portait vraiment son intérêt dans son apprentissage parce qu’il faisait des recherches en anthropologie.
Les américains engagés dans Peace Corps me surprendront toujours dans leur maîtrise des dialectes malagasy grâce à leur motivation de vouloir aider des malagasy dans les coins les plus reculésde l’île.
Il en est de même pour les missionnaires évangélistes.
Mais j’ai aussi des amis et collègues français qui ont vécu plus d’une année à Madagascar qui se cachent derrière le fait qu’à force de toujours côtoyer des gens qui parlent français, ils ne peuvent pratiquer le malagasy. Et je leur répond en plaisantant que soit ils sont intellectuellement limités, soit ils n’ont aucune considération pour leur pays d’accueil.
Le monde n’est pas aussi binaire que vous semblez le penser.
Les français que vous avez fréquenté à Madagascar n’étaient pas forcément limités intellectuellement parlant, ni peu respectueux de leur pays d’accueil... Ils étaient simplement placés dans un environnement immédiat ne les forçant pas à s’exprimer en malgache !
Lors d’un séjour, il y a une 15aine d’années, sur la Côte Est, j’ai été abordé par un jeune malgache qui s’est adressé a moi en anglais. Nous avons parlé pedant une bonne demie-heure en tentant d’éviter les taxi-brousse qui passaient un peu près de nous...
Quand il m’a quitté je lui ai demandé pourquoi il avait voulu me parler en anglais, il m’a simplement répondu : j’en avais besoin.
J"aurais aimé qu’il me parle en malgache...
Bien, bien tout ça, ça nous change en effet de ce qui est écrit courament ici. Et le malagasy et ses dialectes sont une langue maginfique, colorée, expressive : je ne suis pas qu’un peu fier de cette fabuleuse langue. Rien que les histoires et autres anecdotes véhiculées par les kabarys sont un enchantement pour les oreilles et l’esprit.
Ayant cotoyé en nombre des étrangers de toutes sortes, il m’est apparut que le plus feignant en apprentissage de langue, est le français et en général le francophone : « tena kamo mihitsy » ou manquant vraiment de bonne volonté. Les autres montrent un intérêt grandissant pour apprendre, et en celà s’intéressent à leur interlocuteur, le français ne montre pas le même intérêt, qu’il ait un croate ou un botswanais devant lui. Combien de fois on a eu droit au « vous, vous comprenez le français, expliquez-lui..!! »
Les francophones de France ont bien du mal à parler autre chose que leur créole du latin... Quand ils parlent esperanto, aussi, on les reconnaît dès le premier mot. Pour ma part, la connaissance préalable que j’avais du breton m’a bigrement servi, à l’époque - il y a quarante ans - à me lancer dans le grand bain du malagasy ! Non que les deux langues soient cousines, mais elles présentent divers traits communs.
Je suis d’ailleurs disposé à ré-apprendre le malagasy, en binôme avec un locuteur de cette langue désireux de progresser en français.
h.
Je suis tout à fait d’accord avec ceux qui pensent que les français font peu d’effort pour apprendre le Malgache. Je fais quand même quelques précisions.
Il y a les français installés sur place, souvent regroupés entre eux, et qui se contentent d’apprendre quelques mots : une sorte d’attitude post-colonialiste qu’on retrouve dans tous les pays francophones.
Il y les français qui font un simple séjour à Madagascar, ou des séjours répétés, et c’est vrai que pour eux apprendre le Malgache n’est pas simple . Beaucoup de Malgaches ( surtout dans les villes ) parlent et maitrisent très bien le français, et par politesse, s’adressent à vous tout de suite dans cette langue. Que faire ? répondre en très mauvais Malgache ? leur demander d’ arrêter d’avoir la gentillesse de parler votre langue ?
Dans le « pire » des cas, votre épouse est Malgache ( c’est mon cas ), et vous aurez les pires difficultés à essayer de placer un mot malgache.
Pour finir : je ne suis pas d’accord avec ceux qui prétendent que le malgache serait plus facile à apprendre qu’une autre langue : toutes les langues ont leur subtilités et possèdent en elles ce qui fait la différence entre langage parlé et poésie. Le malgache comme les autres langues.
La situation en Belgique est assez comparable à celle que vous décrivez : les francophones constatent bien souvent que, quand ils sont en présence de néerlandophones, ceux-ci optent spontanément pour le français, les privant de la possibilité de faire usage de leurs connaissances du néerlandais. Celles-ci étant généralement faibles, ils y trouvent donc tout de même leur compte...
h.
En tant que bretonnant, je confirme que c’est un élément important dans ma progression de l’apprentissage du malgache. La langue française ne dispose pas d’une palette de sons très large -ce qui explique en partie la difficulté des français à apprendre les langues étrangères- alors que le breton, tant dans sa prononciation que dans sa construction, nous permet de disposer de meilleurs outils d’apprentissage.
A galon, Yann
Mais pourquoi on ne dit jamais : « ah le français ! » ?
La difficulté va dans l’autre sens aussi.
La distance entre famille austronésienne (ou malayo-polynésienne) et famille indon-européenne est la même dans un sens comme dans l’autre.
J’ai besoin qu’on applaudisse les Malgaches.
Pour une fois !