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14 avril 2017 à 16:50 | papangue (#9623)

Tohiny

« les pillages , les guerres de domination ( une forme d’impérialisme non ?) , l’exploitation d’hommes par d’autres hommes ne concerneraient ils pas les différentes ethnies ou tribus qui ont progressivement colonisé Madagascar avant l’arrivée des Français ? »

C’est une façon d’essayer de se défausser du crime colonial, répondre à côté.

Il faudrait lire le livre de Jared Diamond - Guns, Germs & Steel - the fates of human societies

Ce livre est le fruit d’un travail remarquable, et qui, pour ce que j’en sais, n’a pas d’équivalent par son ampleur. Jared Diamond propose de montrer que ce sont des facteurs environnementaux (dont : la disponibilité de plantes cultivables et d’animaux domesticables) qui ont permis aux civilisations eurasiennes, en général, de développer des sociétés technologiques et politiques complexes. Il réfute ainsi l’idée raciste – beaucoup plus communément admise qu’on ne le croit – selon laquelle l’hégémonie eurasienne, et particulièrement d’Europe occidentale, serait due à une quelconque supériorité intellectuelle et morale, religieuse ou pseudo-biologique.
Pour passer de l’état, peu favorable, de chasseurs - cueilleurs à celui, favorable, d’agriculteurs puis de sociétés technologiquement développées, un processus systémique est nécessaire, fondé sur :
- la disposition d’aliments sauvages en abondance
- parmi ces aliments la disponibilité accrue de plantes sauvages domesticables
- donc la possibilité de développer une production alimentaire excédentaire et stockable
- en conséquence un accroissement de la densité de la population conduisant à une spécialisation des tâches (scribes, artisans, politiques, soldats), à une organisation politique (chefferies, états) et à l’invention de l’écriture
- la présence d’animaux sauvages domesticables accroissant la force de travail (roue, charrue, engrenages, etc.) et facilitant l’innovation technique (en particulier le travail des métaux).
La disponibilité de ces facteurs est liée aux conditions climatiques de base et à leurs évolutions ainsi qu’aux facilités de communication entre les sociétés. Sous cet angle les territoires orientés Est-Ouest (Eurasie, Chine) bénéficient de conditions climatiques proches facilitant échanges et découvertes. Tandis que les territoires orientés Nord - Sud (Amériques, Afrique, Australie) présentent des barrières climatiques considérables (déserts, régime des pluies hivernales - régime des pluies estivales) bloquant le développement.
L’axe est-ouest de l’Eurasie a donc permis aux cultures du Croissant fertile de lancer rapidement l’agriculture sur la bande de latitudes tempérées allant de l’Irlande à la vallée de l’Indus et d’enrichir l’agriculture née indépendamment en Asie de l’Est. Inversement, les cultures eurasiennes qui ont été d’abord domestiquées loin du Croissant fertile mais aux mêmes latitudes ont pu se propager à leur tour dans cette région. (pp. 273-274 & 276).

L’orientation du continent Eurasien est essentiellement Est-Ouest, ce qui favorise la diffusion des cultures et/ou animaux domestiqués. En effet, une plante poussant à une latitude donnée en Inde a de bonnes chances de se répandre facilement à la même latitude vers l’Ouest (Italie ...). Par contre, les Amériques et l’Afrique sont Nord/Sud et les barrières écologiques (Sahel, barrières tropicales, ...) ont grandement retardé la diffusion des cultures et animaux et avec elles les avancées technologiques et civilisationnelles.
Encore un exemple ? Le fait que les peuples Eurasiens étaient interconnectés a favorisé la diffusion des technologies (L’Europe dominante du XVIIIème n’avait quasiment encore rien inventé avant 1500 ...) mais aussi leur non-abandon. En effet, l’acquisition du progrès technologique est loin d’être linéaire.
Ou encore, l’auteur explique que la division chronique de l’Europe (oh combien encore vraie) a été paradoxalement une chance historique de développement. Le long endormissement de la Chine qui était pourtant en pole position pour être la nation dominante est dû à une forte unification politique. Des dynasties rétives aux progrès ont pu ainsi sortir leur pays de la compétition ... ce qui n’a pu arriver à une Europe en perpétuelle compétition.
Ainsi démontré, on voit que les Indiens d’Amérique n’avaient aucune chance face aux émigrants européens même si leur nombre était très important (20 millions, loin du million évoqué dans les livres d’histoire américain pour accréditer le mythe fondateur du peuplement pionnier d’un espace vide). Idem pour les aborigènes d’Australie dont le développement était resté extrêmement en retrait du fait de l’isolement de leur île et de son climat très favorable.

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