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7 mars 2017 à 14:58 | hafatse (#9818)

Controle suite

MEDIAPART

L’avocat des jeunes plaignants, Slim Ben Achour, décrit ces méthodes pouvant aller au-delà des fouilles au corps, en « obligeant les adolescents à se mettre à quatre pattes dans le commissariat avec doigt dans les fesses au motif qu’ils pourraient être des mules, et en évoquant les pratiques de Pablo Escobar ». L’avocat décrit aussi la difficulté consistant à faire raconter ces mêmes faits aux mineurs lors des auditions, en présence de leurs parents. « Les jeunes ont déjà honte de parler des contrôles d’identité car leurs parents pensent que s’il y a contrôle, c’est que leurs fils ont fait quelque chose de répréhensible. Alors vous imaginez la difficulté à parler de violences sexuelles, surtout dans des familles qui n’ont pas une grande ouverture à l’homosexualité », souligne Lanna Hollo.
Les conséquences sont lourdes pour des enfants de 14 ou 16 ans, dont la sexualité est en construction. « À Paris XII, on a vu des jeunes dont les résultats ont chuté à l’école, qui ont perdu confiance en eux et en l’avenir », raconte Lanna Hollo. « Les jeunes vivent ça comme une grande violence, confirme Omer. Pour eux, la sexualité se limitait jusque-là à ce qu’ils voyaient sur Internet. Et là, c’est un premier contact physique hyper douloureux. »
Tous les jeunes de la rue ne sont cependant pas traités à la même enseigne. D’après les victimes, les témoins, les chercheurs ou encore les éducateurs que nous avons interrogés, il n’y a pas seulement une discrimination sur qui est contrôlé. Mais dans la manière dont le contrôle est effectué. Tous expliquent que les victimes des attouchements sont les minorités visibles. Tandis qu’un Blanc contrôlé sera l’objet de réflexions du type : « Arrête de faire l’Arabe », « Tu fais le Noir », « Pourquoi tu traînes avec eux ? »

Dans l’affaire du XIIe arrondissement parisien, aucun Blanc du quartier n’a raconté avoir été l’objet de violences sexuelles. « Dans l’inconscient, le Noir a une grosse bite, analyse Omer. Le policier lui signifie : “On peut quand même te défoncer le cul.” On est dans l’imaginaire, dans un registre sauvage. On montre qui est inférieur, c’est une question de puissance. »
Enseignant à Paris I, Guillaume Vadot a été interpellé en septembre à Saint-Denis lorsqu’il a voulu filmer un contrôle d’identité problématique : « Un agent avait une main sur mes fesses et m’a menacé de me violer. » « T’es prof ? Quand l’État islamique viendra à la Sorbonne, tu vas les regarder en te branlant ? » ; « Regarde-moi, sale pédére. Sale putey. Je vais venir chez toi, je vais mettre une cagoule et je vais te violer », lui auraient dit les policiers. Guillaume Vadot est blanc, pourtant. « Mais si je me suis fait contrôler, c’est parce que je suis sorti du rang, analyse-t-il aujourd’hui. Je n’ai pas passé ma route et j’ai donc été traité comme un traître à ma race, ou à la position qui aurait dû être la mienne. Contrairement à ceux qui subissent ça d’habitude, j’ai subi pour ce que j’avais fait. Pas pour ce que j’étais. »

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