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Antananarivo | 20h39
 

Editorial

Welcome back, Mr Fransman

mardi 13 mars 2012 |  1690 visites  | Patrick A.

Vous arrivez à Antananarivo ce jour. Sincèrement, nous vous souhaitons la bienvenue, Mr Fransman. L’on apprécie toujours pleinement vos passages, même si l’on n’en attend plus forcément énormément.

Car le pays que vous représentez, l’Afrique du Sud, fait aujourd’hui partie d’un club plutôt fermé. Avec la France et peut-être les États-Unis, l’Afrique du Sud fait désormais partie de ces pays assurés d’être, quoi qu’ils fassent, critiqués pour leur attitude à Madagascar. Les gouvernements de ces pays sont tour à tour accusés d’en faire trop et pas assez ; on se plaint un jour de ce qu’ils sont indifférents, l’autre jour de ce qu’ils se comportent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, voire de n’avoir que des visées impérialistes.

Avouons le, je fais plutôt partie de ceux qui considèrent que l’Afrique du Sud n’en fait pas assez. Ou plus exactement, qu’elle manque de continuité et de persévérance dans son action. Ce ne sont pas vos visites ponctuelles, M. Fransman, qui peuvent complètement compenser le retard à l’installation et le peu de visibilité du bureau de liaison de la SADC à Antananarivo. Ou le long délai entre le départ de l’ambassadeur Mokgheti Monaisa et l’arrivée de son remplaçant, Gert Grobler.

Car voyez vous, M. Fransman, chaque fois que vous passez, l’on constate des progrès à la fin du séjour. Et des reculs dès la semaine suivante. Reconnaissez que ce n’est pas comme cela que l’on résout une crise. Lorsqu’on accepte de jouer quasiment les arbitres, il faut être présent sur le terrain en permanence et réagir instantanément pour ne pas trop risquer d’être suspecté de partialité.

Heureusement, le nouvel ambassadeur Grobler est une grosse pointure qui a, me semble-t-il, quelques atouts pour compenser cette démarche hésitante de l’Afrique du Sud à Madagascar. C’est d’abord un vrai diplomate d’expérience, qui a commencé sa carrière au sein du Département des Affaires étrangères de l’Afrique du sud en 1970. Par sa seule présence, il constituera aux yeux de bon nombre de ses interlocuteurs un rappel concret et précieux de ce qui manque cruellement à Madagascar : la continuité de l’État, cette réalité impersonnelle qui permet par exemple à une personne ayant commencé sa carrière sous le régime de l’apartheid de poursuivre celle-ci une fois la majorité noire arrivée au pouvoir. Ce discret rappel que les missions et obligations de l’État persistent à travers les âges et que les hauts responsables de l’Administration doivent obéir à des règles stables plutôt qu’aux possibles caprices d’hommes politiques de passage, ne devrait pas être inutile ici.

M. Grobler était en Allemagne au moment de la chute du mur de Berlin. Son dernier poste était le Japon et il y connut le tsunami de Mars 2011 et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Autant dire que les bouleversements suivis de difficiles reconstructions ne sont pas vraiment des choses inconnues pour lui. Dans le contexte actuel, sa nomination ici ne peut être que bienvenue, et il semble avoir pris les choses à coeur, du moins si l’on en juge par ses efforts pour apprendre et pratiquer la langue malgache.

Cela aurait-il un rapport avec le fait que ses passages en Grande Bretagne et au Japon lui auraient permis de réfléchir sur les spécificités des insulaires ? On l’espère, car les Malgaches habitent effectivement une île, M. Fransman, même si celle-ci est relativement large de superficie. L’on ne sort pas facilement d’une île, ni par le corps ni par l’esprit. Même de nombreux voyages à Johannesbourg, Paris ou New York n’y changeront pas grand chose : il subsiste toujours un peu chez les insulaires l’idée que l’on peut se préserver d’un monde extérieur forcément décadent, et que l’on n’a qu’à s’inventer ses propres règles en faisant fi de l’extérieur. Telle est la difficulté de votre tâche, M. Fransman, d’autant que la classe politique concentrée à Antananarivo constitue presque une île dans cette île.

5 commentaires

Vos commentaires

  • 13 mars 2012 à 17:16 | plus qu’hier et moins que demain (#6149)

    Espérons qu’il ne soit pas l’oiseau de mauvais augure pour notre pays, aussi bien pour les catastrophes naturels que pour la folie humaine.

    • 14 mars 2012 à 01:28 | NY OMALY NO MIVERINA (#1059) répond à plus qu'hier et moins que demain

      Une de nos lacunes et défaillances, vu l’actualité, les médias et les forums, c’est de ne pas agir ou réagir au bon moment.

      C’est toujours un quart d’heure après la bataille ... ou MORAMORA ...

      De 2 choses l’une :

      ou 1°)- on ne sait pas s’y prendre, faute de moyens et connaissances procéduriers. Est-ce le reflet d’une opposition inefficace, désunie, incapable de s’organiser et de défendre leurs droits, ... ?

      ou 2°)- la peur d’une éventuelle repression qui ne devrait pas y avoir lieu et prouver dans cette optique les moyens de pression et de repression... Bafoue-t’on les droits ?

      Si ce n’est pas le cas, même les experts du monde entier ne servent à rien pour nous sortir de notre crise.
      A chacun de défendre nos droits. Et nous sommes adultes, capables, valides pour ce faire.

      C’est pas plus compliqué qu’Israël et La Palestine ou autres ... !!!

      La vie des 20 millions de Malagasy peut bien se passer des relations Ravalomanana-Rajoelina-Zafy-Ratsiraka et de quelques dizaines de personnes qui gravitent autour ...

      A CROIRE QUE LA SADC SE COMPLAIT DANS LA DIFFICULTE ET LA MISERE DES 19 999 900 MALAGASY.

      Si c’est ainsi vos aides et coopérations Messieurs de la SADC : MERCI et je vous invite à rentrer chez vous !
      Non seulement vous perdez votre temps mais en plus vous semez la zizanie et la confusion au sein des Malagasy.

      MISAOTRA TOMPOKO ! MERCI !

  • 13 mars 2012 à 20:47 | da fily (#2745)

    Une réaction un peu « malagasy » Patrick pour ce coup-là, on ne peut le nier, oups !...une petite loupe sur le ras-le-bol qui semble quand même vous miner aussi, on ne peut aussi longtemps se contenter d’être placide. On y est depuis longtemps, et cet appel à un plus grand intérêt de la part de Fransmann aux affaires du pays, sonne presque comme un envol de pigeons-voyageurs...ressenti comme un constat d’ impuissance.

    Nul n’est épargné par le doute ni la peine de se voir embobiner ou piétiner Patrick ; sans avoir une seule envolée lyrique depuis notre exilé de Sandton, nous en sommes à même de constater que la Transition mêle ses pinceaux à ses propres turpitudes et n’a besoin de l’aide de quiconque pour nous démontrer sa tyrannie (celle de s’accrocher vaille que vaille). Le prétexte facile et usé par beaucoup de la nocivité de Ravalo depuis son pied-à-terre sudaf, ne tient plus la route depuis la mi-février. Même Patrick aujourd’hui semble vouloir voir en Grobler, une éspèce de messie qui saura mener la partition à son terme et entrouvrir la mer d’ incompréhension qui nous submerge...J’avoue que je ne m’attendais pas à ce genre de réaction de votre part : peut-être une indigestion de câpres ?

  • 13 mars 2012 à 23:12 | iarivo (#5822)

    Après l’arrivée des experts sud-africains suite à la demande de la Présidence de la Transition, voilà Mr Fransman qui débarque à son tour.

    Pourquoi ???

    Certainement pour finaliser et officialiser la proposition de la loi d’amnistie élaboré dans un double objectifs :
    - rassurer la HAT sur ses préoccupations à propos d’un éventuel retour non souhaité de Marc Ravalomanana,
    - suffisamment cohérent et crédible pour satisfaire la demande de la CI.

    Bref, arrondir les angles pour la (loi d’amnistie) rendre acceptable aux critères de la CI afin que des élections libres, fiables et transparentes, acceptées par la majorité des entités politiques, puissent avoir lieu le plus rapidement possible.

    Les dés ont été jeté depuis bien longtemps et le processus d’application de la FdR continuera son petit bonhomme de chemin jusqu’au bout, quoiqu’il arrive !

    Je me demande même s’il n’y aurait pas un « téléphone rouge » entre Andry Rajoelina et Mr Fransman pour faciliter rapidement les échanges de vues lorsqu’il y a une anicroche...

    Bien sur, une recherche d’arrangement pour que chaque partie soit satisfait de l’accord qui en ressortira, les parties étant, bien entendu, la HAT et la CI !

  • 14 mars 2012 à 00:55 | Jipo (#4988)

    Voilà ce qu’ on peut appeler de l’ impartialité , avec le « time’ s on my side »...
    Ce contre la montre se fait au détriment de la population , mais ça : C 1 détail de l’ histoire que l’ observateur Fransman, n’ a certainement pas été formé à « observer » , commenter ? encore moins !

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