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Dossier

Cité universitaire

Une situation chaotique

mercredi 30 mai 2007 | Alexandre L.

Personne ne s’étonne quand un mouvement social se déclenche sur la colline d’Ambohitsaina. Au fil des années, elle est devenu un chaudron prêt à exploser à tout moment. Reportage sur un lieu qui semble être réservé à tout sauf aux études…

Que des louanges ont été faites sur notre université : belle architecture, vaste emplacement, des cités à proximité… Mais cette période est bien révolue si on regarde la situation actuelle de ce lieu du savoir. La cité d’Ankatso I est, dans ce cas, emblématique. Vue de l’extérieur, elle ressemble à tout autre bâtiment pour étudiants. Située sur une petite colline surplombant le campus, elle permet une vue panoramique sur les autres cités telles qu’Ankatso II et les quartiers aux alentours. C’est un lieu généralement animé avec les va-et-vient des étudiants. Et même tard dans la nuit, il est rare que le calme y règne. Chose curieuse, chaque week-end, des fêtes y sont organisées.

Et les affiches collées sur les murs des maisons rappellent qu’une telle manifestation organisée par une telle association va avoir lieu incessamment. Un petit détour dans ces fêtes permet de constater que la plupart des participants ne sont pas des étudiants et n’habitent même pas la cité.

Au royaume du « bizness »

L’une des spécificités de nos cités, c’est qu’y pullulent toutes sortes des petites affaires montées par les étudiants eux-mêmes. Selon certains, avoir une source de revenus supplémentaires est vitale étant donné que la bourse qu’on leur accorde n’est même pas suffisante pour couvrir leurs frais de déplacement dans la ville d’Antananarivo.

D’ailleurs, souvent originaires d’une région éloignée de la capitale et vu que le niveau de vie général est en constante baisse à Madagascar, les étudiants n’arrivent pas toujours à couvrir leurs besoins au quotidien, même aidés par leurs parents. Dans ce cas, ils sont obligés de se « démerder » s’ils veulent continuer leurs études. Les résultats sont effarants : des petites boutiques apparaissent au tournant des petits couloirs qui serpentent au sein de la cité, des salons de coiffure transforment les chambres, des taxiphones se juxtaposent à des petites épiceries qui vendent aussi bien du sucre que de l’huile alimentaire. « On fait ce qu’on peut pour survivre » confie-t-on. Pire, selon certaines indiscrétions, des maisons closes existeraient même mais nul n’est en mesure de savoir où. En tout cas, beaucoup s’accordent à dire que la prostitution estudiantine prend de l’ampleur. Elle ne se passe pas généralement sur le campus mais en ville. « Pour avoir une idée, il suffit de se promener ici vers 3 heure du matin et vous verrez les filles en train de rentrer chez elle » affirme-t-on discrètement.

Bar et autres lieux de jouissance

Si le campus est censé être un lien d’étude, la réalité semble infirmer cette vocation. En effet à part les petites boutiques de couloir qui, finalement, rendent service, force est de constater que des bars vendant des produits alcooliques ne manquent pas non plus au sein des nos cités universitaires. C’est le lieu de rendez-vous prisé par les copains le week-end ou à la fin de la journée.

Ces commerces sont tenus par des étudiants. Mais certaines personnes laissent entendre qu’en réalité, l’emplacement serait loué par certains étudiants à des particuliers pour qu’ils puissent y faire leur commerce. Et non loin de ces lieux de jouissance, on peut voir les stands réservés aux vendeurs de poulets grillés et autres marinades, très prisés par les « buveurs ».

Finalement, une chose semble être oublié sur cette colline du savoir : les études. Et selon les étudiants eux-mêmes, un assainissement est urgent si on veut conserver encore un certain niveau d’étude dans l’enseignement supérieur. Un campus universitaire est censé être un lieu favorable au sein duquel chaque étudiant pourrait poursuivre son apprentissage et non un lieu de dépravation…


Des chambres délabrées

Une autre réalité qui renseigne sur la situation préoccupante des universités est la situation des chambres universitaires. Selon l’avis général, elles ressemblent plus à des poulaillers qu’à des lieux d’habitations pour des humains.

Déjà leur dimension est trop petite, pas plus de 10 mètres carrés en moyenne. La plupart ne bénéficient pas d’un ensoleillement adéquat, d’où le problème d’humidité qui nuit à la santé de ses occupants. Les murs de séparation ne sont que de nom dans la mesure où ils sont conscrits souvent avec des matériaux de récupération tels que des cartons ou des planches. Les murs de certaines chambres en sont également construits. Et bien sûr, aucune intimité n’est garantie. Il suffit que le voisin fait du bruit et l’étudiant ne peut plus apprendre ses cours d’une manière convenable. Et malgré l’étroitesse des chambres, souvent elles sont occupées par deux ou trois personnes voire plus. Concernant l’électricité, les installations sont souvent dangereuses. Et vue la promiscuité des lieux, certains redoutent le pire en cas de court-circuit. Des fils se baladent un peu partout sans gaine de sécurité ni boîtes de dérivation. Les douches sont communes et en nombre très insuffisant et souvent il faut faire la queue pour… se laver.

Bref, dans nos universités, le minimum n’est pas rempli pour garantir la sérénité nécessaire à tout travail intellectuel.

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