Depuis le début de ce mois, on entame déjà la période de l’exhumation. Comme il se doit, cela devrait entraîner une hausse de la vente de linceuls. Or, ce n’est pas le cas. On constate plutôt une baisse selon les propos d’une marchande de ces tissus réservés pour recouvrir les restes mortels.
Aurélie Ranaivoson, marchande de linceuls à Andravoahangy explique ce phénomène par la baisse constante du pouvoir d’achat de la clientèle. « Auparavant, en pareille saison, nous réussissons à écouler environ une trentaine de linceuls. En ce moment, on a du mal à vendre même une unité par jour ». Et elle d’ajouter qu’une certaine campagne contre les exhumations les accusant, à tort ou à raison, d’anti-économiques aurait porté ses fruits.
Force est de rappeler ici une certaine tendance chrétienne qui interpelle les uns et les autres à ne plus pratiquer carrément l’exhumation car il s’agit, selon les adeptes de cette tendance, d’une considération mal placée de ceux qui ne sont déjà que des … cendres et poussières.
Par ailleurs, l’insuffisance des moyens financiers milite également en faveur de cette mévente de linceuls. Une autre raison réside également dans le nombre excessif de ceux qui s’adonnent à ce métier croyant qu’il est encore porteur, bien que la réalité soit tout à fait autre.
Les recettes journalières de cette marchande de linceuls varient entre Ar 10.000 et Ar 14.000. Autrement dit, quelque 10% de bénéfices bon an mal an. Et notre interlocutrice de signaler en passant qu’il y a des moments où elle rentre bredouille.
A noter toutefois que les mois de juillet et août constituent une période faste pour la vente de linceuls et cela s’explique facilement par le fait qu’il s’agit d’une période d’exhumation, surtout dans la région du Vakinankaratra et celle de Betsileo.
La soie naturelle
révolue
Vu la cherté du coût de la soie naturelle malgré sa bonne qualité, ce produit n’est pas à la portée de tout le monde. Peu de gens optent donc pour la soie naturelle puisqu’elle coûte environ Ar 160.000 contre Ar 3.000 à Ar 15.000 pour les linceuls synthétiques et Ar 80.0000 pour les soies sauvages (landibe) dont la qualité ne différencie guère de celle de la soie naturelle malgré cet écart de prix.
Une autre réalité qui concourt également à la mévente serait l’augmentation depuis ces derniers temps des magasins chinois ou indiens qui mettent en vente des tissus synthétiques ou coton pour servir de linceuls, mais dont les prix sont plutôt abordables par rapport aux « landigasy » (linceuls traditionnels) reconnus d’ailleurs pour leur qualité indéniablement meilleure. Les matières premières pour la confection de linceuls sont aussi achetés chez les chinois à moindre prix pour être tissés ensuite par des artisans malgaches eux-mêmes.
