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Divers

Les Grands travaux

Un des aspects de l’oppression coloniale

mardi 8 avril 2008 | Lahiniriko Denis, RAW

Quand on évoque les événements de 1947 à Madagascar, la mémoire collective malgache retient, en premier lieu, l’image d’une répression sanglante et aveugle. Du traumatisme qui en résulte découle cette impression que l’iniquité du régime colonial se résume à cet aspect répressif. Il n’en est rien.

En effet, la colonisation, dans sa version qui consiste à exploiter les colonies au profit de la métropole, comporte également d’autres facettes « ambiguës ». Tel est justement le cas de ce soi-disant politique de développement au bénéfice de la colonie et de sa population indigène mais qui, au final, ne concourt qu’à la prospérité des colons : celle des grands travaux de modernisation de Madagascar.

  • L’ambivalence d’un système

Au nom de la « mission civilisatrice et humanitaire », chère aux colonisateurs, des grands travaux étaient entrepris à Madagascar dès le lendemain de la conquête.

Ils consistent à mettre en place une infrastructure routière et ferroviaire moderne, une infrastructure hospitalière et écolière digne de l’époque ou encore une infrastructure économique consistant à l’érection des grandes concessions industrielles ou agricoles.

Le discours normatif propre au monde colonial parle alors de mesures humanistes destinées à faire entrer les Malgaches dans l’ère moderne : « des écoles pour éduquer et des hôpitaux pour soigner », répète-t-on dans les différents services du Ministère des Colonies, rue Oudinot.

Mais vu du côté des colonisés, les choses prennent une autre coloration. Celle de ses hommes et des femmes qui meurent par milliers ou par dizaine de milliers sur les chantiers publics lors de la construction de la ligne de chemin de fer Tananarive - Côte-Est ou encore les nombreuses morts lors du percement des tunnels d’Ambohidahy et d’Ambanidia.

  • Un régime au bénéfice des colons

Pour la construction de la plupart des infrastructures coloniales, l’administration recourt le plus souvent à la réquisition de la main-d’œuvre. S’il est prévu que les travailleurs soient rémunérés, force est de constater qu’ils ne touchent, au mieux, qu’un salaire de misère pour un travail très difficile.

Prévus de rester sur le chantier pour une dizaine de jour, souvent ils sont obligés d’y demeurer plus de 3 mois sans qu’ils touchent un centime dans une condition sanitaire désastreuse. Conséquences : le taux de mortalité atteint des proportions inimaginables sur les différents chantiers publics. Qui ne se rappelle pas du sinistre SMOTIG du temps du Gouverneur Général Marcel Olivier ?

Pis, ce système est souvent poussé à l’extrême en forçant les Malgaches à travailler sur les concessions appartenant à des particuliers. Il en résulte alors une immense paupérisation de la population au bénéfice d’une minorité, celle même de ceux qui croient qu’ils sont à Madagascar pour « civiliser » les « barbares ». L’insurrection de 1947 y puise, sans aucun doute, ses origines.

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