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Tribune libre

Lettre des lecteurs

Un brin de mémoire

lundi 31 mars 2008 |  489 visites 

« Je me rappelle durant ma tendre enfance à Toamasina qu’un 29 mars a été une journée chômée et morte. Je ne me souviens pas durant cette enfance, ni de culte ni de manifestation le 29 mars mais de journée de recueillement. En tout cas, après la fête du 26 juin, j’ai remarqué que l’accoutrement des parents sortait de l’ordinaire ce jour-là. Je me souviens de rassemblement des parents qui se parlaient entre eux et qui, vers midi, prenaient des photos souvenirs.

Puis j’ai lu plus tard dans les journaux l’affaire Monja Jaona qui revenait souvent. En tout cas pas aussi fréquemment que la guerre au Vietnam. A mes questionnements, un parent m’éclaira tel qu’il a pu sur le Monja Jaona que je lisais dans l’intonation française mais pas comme je le dis aujourd’hui. Ce fut seulement en 1972 que nos parents nous ont raconté comment ils ont vécu cette épisode de la « rébellion ». Etant lettrés et encore au foyer familial, ils ont été enrôlés de manière plus ou moins forcé dans la milice pour pacifier le pays. Ils racontent qu’ils ont été porteurs et interprètes ou dactylographes. Si j’ai bien compris, ils ne portaient pas d’armes mais assistaient plutôt le chef soit du peloton, soit de la colonne. En tout cas, ils ont vu comment ont été traités ceux qui étaient soupçonnés être des « rebelles » ou qui étaient membres du MDRM. Il fallait obtenir sinon des aveux, à la rigueur un reniement de leur part, ai-je compris. Tous les moyens étaient utilisés : pieds et poings liés, les « rebelles » sont jetés dans la mer jusqu’à la noyade pour ce faire. Le plus souvent aussi, ils plongeaient leur tête dans un demi fût plein d’excrément humain jusqu’à étouffement pour obtenir des reniements au MDRM ou des injures contre les leaders du MDRM. Mais ce qui a été drôle c’est quand tous nous ont fait comprendre que la campagne de pacification a duré des mois et des mois et que les chaussures tels les brodequins n’avaient plus de talons, une fois rentré à Fénérive-Est. C’est dire que la marche a été longue et qu’elle a eu raison de toutes les semelles, aussi épaisses soient-elles.

Moins drôle, en cours de route, quand des villageois ont fui leurs habitations à l’arrivée de la colonne de pacification. Avant que le feu ne soit mis aux habitations, le chef de file de la colonne autorise le pillage et beaucoup se sont servis, qui d’une machine à coudre, qui de vivres ou d’un coffre plein d’objets de valeur.

Mais rien de tout ceci n’est ramené à Fénérive-Est car au bout de deux ou trois heures de marche, le poids de ces marchandises ou de ces « butins » se faisait sentir en plus de son barda qu’on ne peut délester ».

Anonyme

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