Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
mercredi 8 mai 2024
Antananarivo | 21h07
 

Editorial

Subsidiarité

mardi 1er mars 2011 |  1827 visites  | Patrick A.

La Ligue arabe ? Sur la touche. L’Union africaine ? Hyper-discrète. Sur la Libye, les débats multilatéraux se sont passé directement à l’ONU. C’est le Conseil de sécurité qui a décidé des premières sanctions concrètes à appliquer à Mouammar Kadhafi et à son entourage : gel des avoirs, interdiction de voyager, embargo sur les armes et transmission du dossier à la Cour pénale internationale. Pour faire bonne mesure, Barack Obama communique directement avec Ban Ki-moon sur les diverses options, y compris militaires, que les États-Unis envisagent.

Les organisations régionales sont clairement un cran en dessous pour ce qui est du caractère opérationnel des décisions. La ligue arabe a suspendu la Lybie, mais cela ne mange guère de pain. L’Organisation de la conférence islamique (OCI) a condamné le recours à une « force excessive » et appelé à un « sérieux dialogue », mais cette déclaration trahit de fait son impuissance.

L’Union africaine est elle très proche du ridicule. Il faut dire que Mouammar Kadhafi était jusqu’à l’année dernière à la tête de l’organisation, et en dépit de la règle de la présidence tournante, il avait même manifesté l’intention d’assumer un deuxième mandat d’un an. Il avait commencé sa présidence en demandant à ses pairs de l’appeler désormais « Roi des rois d’Afrique », après avoir été « adoubé » par des chefs traditionnels en Libye. De fait, il régnait sur toute une cour de présidents, d’opposants, de chefs rebelles qui dépendaient de ses largesses pour gérer les leurs. Pris entre les exigences de la coopération financière mondiale et les difficultés économiques, peu de dirigeants avaient les moyens de se passer totalement de la générosité du Guide. Par ailleurs, mieux vallait éviter de froisser un homme qui, par le passé, avait financé de nombreux mouvements rebelles.

Comme l’OCI, l’Union africaine s’est donc contentée d’une déclaration plutôt a minima, condamnant l’usage indiscriminé de la force contre les civils et deplorant les pertes en vies humaines. Elle envisage d’envoyer à Tripoli une mission, mais débat encore pour l’instant de sa composition... Et à ce jour, seuls trois pays africains ont condamné la répression sanglante en Libye : le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal.

Petits et grands problèmes

Le principe de subsidiarité au sein de la communauté internationale montre ainsi ses limites dans le cas de la Libye. Si théoriquement, l’action doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre par elle-même le problème et les échelons supérieurs se contentent d’apporter leur soutien si nécessaire, lorsque la situation devient réellement difficile, la suppléance devient de fait substitution.

Si depuis deux ans, la crise malgache reste sous la gestion de la SADC, c’est donc que la situation n’est pas jugée si grave que cela par les grands de ce monde, qui préfèrent que le travail lui reste confié. Les instances de l’organisation régionales ont été tour à tour louées et vilipendées. On trouve aujourd’hui encore des sceptiques par rapport à sa capacité à comprendre la situation. Et plus le temps passe, plus elle risque d’avoir de la difficulté à convaincre qu’elle est capable de prendre de la hauteur. À un point tel qu’on en arrive aujourd’hui, au niveau des forces politiques malgaches, à tenter de diviser artificiellement Joaquim Chissano et Leonardo Simão.

D’autres organisations iront-elles alors s’en mêler ? On peut sérieusement en douter, car le marigot malgache a largement prouvé qu’il était plus susceptible d’amener des soucis que de la gloire aux négociateurs. Et la solidarité entre organisations internationales y a déjà prouvé plus d’une fois ses limites. Pour ne parler que des interdictions de voyager autrefois décidées par l’Union africaine.

16 commentaires

Vos commentaires

  • 1er mars 2011 à 10:00 | Parole (#2602)

    La subsidiarité est précisément le fait de confier aux niveaux inférieurs le soin de gérer les problèmes locaux et de remonter aux niveaux supérieurs si nécessaire. Ce principe se voit par exemple dans la décentralisation.

    La médiation internationale à propos du conflit politique malgache (et non pas de la « crise », ce mot désignant une phase aiguë et brève) obéit parfaitement à cette logique. Effectivement, le conflit malgache ne revêt pas une importance cruciale à l’échelle du continent et pourrait être aisément résolu au niveau régional voire local, pour peu que les acteurs politiques se décident enfin à se considérer comme redevables envers la population.

    Question subsidiaire : la meilleure façon d’obliger les dirigeants à être redevables n’est-elle pas d’exiger que leur comédie cesse ? Rappelons-nous les discussions du Carlton en mai-juin 2009, tout aurait pu se régler là. Les 4 mouvances ont pris le temps de boire du café et manger des petits fours, ne ressentant que très légèrement la pression de l’opinion publique . Imaginez que des milliers de gens se soient massés autour du cube de béton et aient forcé les protagonistes à se mettre d’accord sous peine d’enfermement ? Il n’est pas trop tard...

  • 1er mars 2011 à 11:46 | mpitily (#1212)

    Subsidiarité ou pas, ce que je reproche à la CI dans la conduite de cette médiation c’est son amateurisme et son manque cruel de pragmatisme !

    1/ histoire des 4 mouvances : c’est vraiment une grande première dans les annales ! cela a compliqué plus les choses au lieu de les simplifier.

    2/ inclusif et consensuel : un autre concept apparemment original et séduisant mais complètement nul et inopérationnel ! c’est tout simplement l’histoire du serpent à 7 têtes qui n’a jamais existé jusqu’ici.

    Quel est donc le poids politique de l’ICG et à quoi sert-il à l’ONU et consorts ? C vraiment désolant de constater que la CI et le GIC ont snobé cette institution ô combien respectable et neutre ! De même, nous malgaches avons ignoré l’ICG par ignorance et par outrecuidance, c t bien l’occasion de citer « quand le sage montre la lune, le sot regarde son doigt ».

    Le pire est que Chissano est membre de l’ICG et pourtant !!!!

  • 1er mars 2011 à 12:59 | Ramena (#404)

    De plus, « le marigot malgache » n’a rien à avoir avec la Lybie en terme de rentabilité et de géopolitique (*). Nos biznesman sont des apprentis à côté. Peut-être quand le baril de pétrole sera à 200/250 $ et/ou de nouveaux gisements « rehaussera » le niveau de prise de décision pour « l’agence Madagascar ».
    Pendant ce temps, deux ans ne suffisent pas à ceux qui ont les pouvoirs de gestion sur l’agence pour mettre en place des (pseudo) institutions qui n’auront de démocratiques que l’appellation. S’ils ne se pressent pas, les chefs vont décider pour eux...

    (*)La Libye dans le grand jeu du nouveau partage de l’Afrique http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23372

  • 1er mars 2011 à 13:06 | poiuyt (#584)

    Concernant ce qui est convenu d’appeler "crise’, c’est la singularité de la France qui a neutralisé, annihilé, tous les efforts du passé. Si elle avait non seulement parlé comme tout le monde, mais aussi agi comme tout le monde, joel serait plus sage d’humilité, le pouvoir aurait été partagé, la réconciliation respirée, les amnisties générales, les militaires intègres et dignes, tout le monde serait revenu à la maison, les religions seraient saines et intègres, la nation et la civilisation sauves,

    C’est choquant de voir les fonctionnaires hexagonaux se comporter en terrain conquis à Mada. Il y a du mauvais à être non-violent, aller dire à la France de se comporter de la même manière avec les afgans en Afganistan, ou chez les musulmans au Moyen-orient. Ainsi donc , l’adversité n’est forte que faute d’adversaire. Ainsi en parlait la chanson de Rolland. N’ont-ils pas été renvoyés du Vietnam du Thet ? d’Algérie ? d’où aussi ? Aujourd’hui on se demande si les algériens ne s’étaient pas battus pour le malgache ! Si le malgache ne serait pas aujourd’hui encore colonie sans la fierté africaine des algériens. Quelle reconnaissance devrait avoir le malgache envers l’algérien.

    Parfois c’est à se demander si le malgache les a bien ; en 1947, il les avait, et cela leur a valu d’être jetés des hélicos. Une histoire que l’on tait pour ne pas faire pousser entre les jambes.

    • 1er mars 2011 à 13:29 | mpitily (#1212) répond à poiuyt

      Désolé mais je trouve votre raisonnement très simpliste et trop partisan. Comme si il suffisait que Rajoelina fut plus coopératif que tout irait pour le mieux actuellement à Mada, ou que les malgaches aient plus de courage pour que ...

      Pouvoir partagé : depuis qq temps je lance un appel sur MT pour qu’on m’explique comment un tel gvt à 4 têtes qui n’a jamais existé de par le monde fonctionnerait-il ? A qui obéirait-il ? Fetison rendrait-il compte au PM ou à Ravalo ? de même que Rakotovahiny ? Foutaises !!!

      Réconciliation nationale : ne pas confondre le peuple malgache avec ces bandes de politicards malgaches. Le peuple malgache est uni et digne contrairement à ces derniers.

      Amnisties générales : cf ci-dessus + pour qui ? pour les politicards criminels ou pour tous les criminels ? autant fermer Tsiafahy et Antanimora de suite !

      ...

    • 1er mars 2011 à 13:34 | mpitily (#1212) répond à poiuyt

      et le malgache de 1972, 1991, 2002 et 2009 les avait-il ? Désolé mais le malgache de 2010/2011 est à 75% près, le même que le malgache de 2002 donc un peu de respect svp !

    • 1er mars 2011 à 13:42 | mpitily (#1212) répond à poiuyt

      Je profite de cette occasion pour vous répondre à propos de l’utilité de l’armée.

      Oui, comme tout état souverain, Madagascar a besoin d’une armée forte et professionnelle pour protéger ses richesses, ses frontières et son peuple. Autrement, les pirates somaliens viendront vite nous assaillir et les pirates économiques étrangers pilleront allégrement nos richesses en mer...

      Par contre, il nous faut aussi un service civique très fort et versé dans la production agricole et dans la protection de la nature. Il faut envoyer les appelés travailler la terre avec les moyens qu’il faut. Ce sera une bonne formation pour le jeune malgache issu de la campagne pour la majorité. Ce ne sont pas les terres à défricher qui manquent à Mada.

      Il nous faut également un génie militaire bien équipé et très actif dans la construction de routes et de nouvelles villes.

    • 1er mars 2011 à 15:10 | poiuyt (#584) répond à mpitily

      Amitiés à Mpitily .

      Qu’est ce qui permet à Joel d’étouffer tout autre mouvement d’aspiration, de faire la sourde oreille, de faire multes arbitraires ?

      des militaires malgaches vassaux, à la solde des bailleurs du coup d’état

    • 1er mars 2011 à 15:40 | poiuyt (#584) répond à mpitily

      « très simpliste » : on fait ce qu’ on peut

      « et trop partisan » : c’est la voix du coeur ; rare est celui qui n’est pas partisan un tant soit peu ; celui-là a la froideur du rationel sans émoi

    • 1er mars 2011 à 17:11 | DIPLOMAT (#846) répond à mpitily

      Pardon de vous contredire.
      Tous les Etats Souverains n’ont pas d’armée... prenez l’exemple du Costa Rica, ou bien simplement tout proche de Madagascar, l’ile Maurice.

      Madagascar a besoin d’une gendarmerie et d’une Police FORTE en priorité.
      Non pas pour défendre le pays des étrangers pirates, mais avant tout pour défendre les citoyens des Bandits .
      Bandits qui chaque jour, redoublent d’audace.
      Voilà la priorité .
      Ensuite, en effet Madadagacar devrait se doter d’une « armée » de jeunes formés comme vous l’écrivez d’un « service civique ». Le Costa Rica, précisemment a adopté ce système qui consiste à sensibiliser les jeunes à comprendre la nature et à la défendre. Gérer les forêts, et aussi la défendre contre les hommes !
      Aujourd’hui, Madagascar possède une armée de Généraux et de Colonels.
      Pas un seul d’entre eux ne sont capables de donner à ce pays une armée digne et respectable. La corruption entâche l’institution.
      Compte tenu de celà, cette armée en l’état n’a aucune raison d’exister...

    • 1er mars 2011 à 17:26 | Lezoh (#5181) répond à mpitily

      Les malgaches unis ?? Je ne sais pas si vous vivez à M/car comme moi mais ce que je constate aujourd’hui, c’est que les malgaches sont plus divisés qu’à jamais ; il n’y a qu’à voir autour de vous. Alors arrêtez de dire que les malgaches sont unis. Nos dirigeants actuels font exactement les mêmes erreurs que leurs prédecesseurs : démocratie de façade, traffic en tous genres, gabégies, démagogies, verrouillage de TVM et RNM, place de la démocratie interdite (j’y étais quand M. Andry l’a inauguré et j’avais vraiment l’espoir, mais indrisy), exile forcé de certaines personnes (ça aussi, il a promis qu’il n’y en aura plus) et j’en passe. Ne me dites pas que M. Ravalomanana s’était enfuie de par lui-même, j’ai vu à la télé les militaires envahissants Ambohitsorohitra et j’ai entendu à la radio l’appel des mutins aux partisans de Ravalo massés à Iavoloha de se dégager parce qu’ils vont attaquer le palais, d’où la démission de ce dernier parce qu’il avait peur pour sa vie. Arrêtez de vous voiler la face, les politiciens ont besoins de se reconcilier (j’habite à Ivato et j’ai vu les partisans de Ravalo, il y en avait vraiment beaucoup), et leurs partisans respectifs ; et normalement, on a pas besoin de ces CI pour cela. Le Pb de la solution malgacho malgache comme se plaise à chanter certains, c’est que cela n’a jamais abouti à une solution, d’où la venue de la CI. Puisse, nous, malgaches (j’aime pas le mot peuple), accepte de se pardonner après avoir fait nos méa culpa et se reconcilier pour de bon. A l’allure où vont les choses, nous risquons la guerre civile.

    • 1er mars 2011 à 19:47 | poiuyt (#584) répond à DIPLOMAT

      C’est aussi l’avis du poiuyt. Les soldats ressemblent beaucoup à du surnuméraire : inutile présent, toléré.

      Pour ce sujet, s’il est un partisan dans le sens de Mpitily, ce serait Boris ; dommage que sa réponse soit introuvable. L’avis de Diplomat ne semble pas être partisan.

      Amitiés à Diplomat.

    • 1er mars 2011 à 20:48 | DIPLOMAT (#846) répond à poiuyt

      Merci Poiuyt,
      D’ailleurs pour reprendre votre expression relative aux fonctionnaires hexagonaux, je vous invite à rèflechir sur les prétendus vacances de 4 trés hauts fonctionnaires.

      1 en Egypte= Fillon
      1 en Tunisie = MAM
      1 au Lybie = Guéan
      1 au Maroc= Sarko

      Pas un en Italie, à Malte ou à Chypre....
      Résultat=BOUM
      Serait ce une coincidence à ce niveau là, de l’incompétence ou alors ???...

    • 2 mars 2011 à 09:05 | mpitily (#1212) répond à Lezoh

      Désolé mais vous êtes le seul à soutenir votre thèse, même la CI n’ose donner une telle affirmation gratuite.

      Un éditorialiste de MT peut-il venir au secours de Lezoh pour étayer ses propos ?

      Lezoh ne peut-il pas circuler librement à Mada quel que soit son foko d’origine actuellement ? Y-a-t-il des barrages comme en 2002 actuellement ? Donnez des preuves tangibles mais pas des suppositions svp !

  • 1er mars 2011 à 21:05 | Lekivy (#1953)

    Là où j’abonde dans le point de vue de Mpitily, c’est concernant la contradiction entre l’intention de mettre en place une transition neutre et la volonté des différentes mouvances de faire partie des différentes structures de la transition.
    Ou les mouvances assurent une co-gestion de la transition, ce qui signifie tout bonnement un partage de gâteau, et donc impossibilité d’assurer une répartition équitable des chaises sans élection ; ou bien on laisse une équipe de technocrates gérer cette transition sans la possibilité de se porter candidats eux-mêmes, et laisser les mouvances politiques affûter leurs armes pour affronter les prochaines élections.
    Tant que la HAT voudra gérer la transition, les autres ne la laisseront pas tranquille car rien ne les rassure dans les intentions réelles du pouvoir de fait. Sauf si le PHAT s’engage solennellement à ne pas se porter candidat, ce qui s’avère de l’utopie à l’allure où vont les choses, les autres voudront le contrecarrer en participant à la transition, ce qui nous amènerait à cette monstre à plusieurs têtes qui aurait peu de chance de réussir, tellement les intérêts et les motivations divergent entre les auteurs et les victimes du coup d’état.
    La médiation internationale devrait se rendre compte et imposer fermement que le gouvernement de transition se limite à organiser les élections tout en permettant que ceux qui le souhaitent puissent se porter candidat sans faire l’objet de harcèlement comme c’est le cas actuellement.

    • 2 mars 2011 à 08:58 | mpitily (#1212) répond à Lekivy

      Mais non cher ami, pourquoi insistez-vous sur ce point ? Il est acquis depuis longtemps que le gvt n’a pas à organiser les futures élections pendant la transition.

      C’est le nouveau CENI composé à 50/50 des ProHAT et antiHAT et dirigé par une équipe d’experts internationaux (ou un expert), qui va organiser toutes les élections. Et ce CENI gèrera également tous les fonds y alloués.

      Donc gvt d’union pour organiser les élections = Hors sujet !

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS