Selon l’humeur du président !

A son habitude, le chef de l’Etat Marc Ravalomanana est difficilement compréhensible. Irrité contre le gouvernement suisse parce que celui-ci a finalement rendu à l’ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo les milliards d’ariary déposés dans une banque suisse, le président de la République a annoncé la fin des relations de coopération avec la Suisse. Le gel à l’encontre du compte en suisse de Tantely Andrianarivo a été levé faute de preuves suffisantes. Le doute a prévalu quant à un détournement de fonds publics, a-t-on compris. Donc, il n’y a eu que des suspiscions et des accusations non fondées. Le président ne l’entend pas ainsi et il annonce qu’il ne veut plus coopérer avec la Suisse. Il faut pourtant admettre que la coopération suisse est dans presque tous les secteurs sur lesquels Madagascar fonde son développement : la promotion de la démocratie, dont le processus électoral, la participation citoyenne, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la protection de l’environnement et le développement rural. Se priver de cette contribution est tout de même osé. Sans compter les hommes d’affaires et entreprises suisses qui coopèrent et/ou travaillent dans le pays. En tout cas, ces hommes d’affaires suisses, ces entrepreneurs suisses doivent s’inquiéter quant à leur avenir. Le président Marc Ravalomanana a démontré sa force. Il a en effet déclaré que parce que la société Dynatec était suisse, il l’a remplacée par une autre société qui s’occupe maintenant du projet d’Ambatovy et qui s’appelle Sheritt. Or personne n’est sans savoir que la société Dynatec est une société canadienne dont le siège est à Toronto (Canada) et qu’à la suite d’une fusion-acquisition, la société Sheritt est devenue le propriétaire des biens de Dynatec. Dès lors toutes les filiales de Dynatec portent désormais le nom de Sheritt. Hier donc, le président voulait-il bluffer - ce qui est risible-, ou bien ne le savait-il pas vraiment ? Quoi qu’il en soit, il est clair qu’il arrête la coopération avec la Suisse. Les autres pays partenaires apprécieront. Qu’est-ce que tout cela veut-il dire ? Sinon une mise en garde contre les sociétés étrangères qui travaillent dans le pays. La confusion est ici facile. Quand l’Etat dont une société est originaire est en brouille avec l’Etat malgache, les sociétés dont les propriétaires sont originaires de cet Etat doivent faire les frais et en baver comme Dynatec. C’est en quelque sorte le genre de climat des affaires qui risque, à ce rythme, de prévaloir dans le pays aujourd’hui. Si jamais le président Tambo Mbéki ne satisfait pas aux sollicitudes de l’Etat malgache, tous les magasins « Shoprite » doivent-ils déjà penser à fermer boutique ?