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Economie

Intégration régionale

SADC, le grand défi

lundi 18 août 2008 |  2382 visites  | Léa Ratsiazo

La délégation malgache conduite par le Président de la République Marc Ravalomanana a participé au 28è Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la SADC qui s’est ouvert officiellement le samedi 16 août 2008 au Centre de Convention de Sandton, Johannesburg, en Afrique du Sud, pour examiner la mise en œuvre de la Zone de Libre Echange (ZLE) et la situation politique dans la Région.

Le lancement de la Zone de Libre Echange qui a pour thème « la Zone de Libre Echange de la SADC : Croissance, Développement et Création de richesses » constitue le point crucial de ce Sommet.

Aujourd’hui, 11 Etats membres, dont Madagascar, ont rempli leur obligation en termes de réduction tarifaire, soit 85% en franchise de droits de douane. Les 15% restants seront progressivement exonérés pour atteindre également le taux zéro d’ici 2012. « La Grande Ile est ainsi prête à entrer dans la Zone de Libre Echange de la SADC », selon les autorités nationales qui estiment que la priorité sera de renforcer notre compétitivité dans le but de fournir des produits en quantité suffisante et répondant aux normes internationales aux autres pays membres, notamment dans les secteurs agricole, textile et élevage.

250 millions de consommateurs

Quoi qu’il en soit, la SADC représente un potentiel de 250 millions de consommateurs. Or, cette intégration nécessite une compréhension très poussée des procédures d’exportation et d’importation, ce qui n’est pas encore le cas pour le moment. La majorité des opérateurs nationaux ne se sentent pas prêts ou ne sont pas au courant de tous les enjeux. Par ailleurs, rien que le coût d’adhésion s’élève à 1 million de dollars et le coût de participation atteint 500 millions dollars/an environ. Il faut donc que les opérateurs engrangent des bénéfices d’au moins 5 fois ce coût de participation annuelle, sinon le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Handicapé par la langue

A noter que bien que Madagascar soit un membre à part entière de la communauté de la SADC depuis 2005, nos échanges avec les pays de l’Afrique australe ne dépassent pas encore 10% des échanges globales. Plusieurs raisons expliquent cette lacune, dont en premier lieu la barrière de langue. Bien que l’anglais soit déclaré comme langue officielle, dans la pratique ce n’est pas encore le cas. Moins de 1% des malgaches, parle et comprend la langue anglaise. Or, tous les documents, tous les textes et les transactions effectuées au sein de la SADC s’effectuent en anglais. D’ailleurs, Madagascar et la République Démocratique du Congo sont les seuls pays francophones membres de cette zone. Ce handicap de communication freine les opérateurs malgaches notamment les PME-PMI ou artisans malgré leur envie de profiter de ce grand marché. Ceci implique l’incompréhension des textes, en plus du manque de transparence des règles de jeu pour attaquer ce marché. La traduction des textes en français, et pourquoi pas en malgache, est suggérée par les opérateurs pour qu’un grand nombre puisse en profiter.

Un consultant de la place constate que les Malgaches, de par leur culture d’îlien peut-être, ont une aversion pour les risques et sont un peu frileux. Il est temps de dépasser ce stade et saisir cette grande opportunité régionale. Il remarque cependant que pour le moment le transport intra- SADC est encore très onéreux. Le coût de transport entre Madagascar et l’Afrique du sud est équivalent à celui de Paris-Tana ce qui est totalement incompréhensible surtout en tenant compte de la distance. Pareil pour les bateaux, les touchées sont encore très faibles.

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- LA SADC

Madagascar est aujourd’hui membre à part entière de la SADC. Cette organisation régionale est née en 1992
et regroupe 14 pays, notamment l’Angola, le Botswana, la RDC, le Lesotho, le Malawi, l’Ile Maurice, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe.

La SADC a été créée pour servir des objectifs de sécurité et de solidarité régionales. Avec la fin
de l’apartheid, elle a élargi ses compétences. Elle vise maintenant à coordonner également les politiques
régionales ainsi qu’à faciliter les investissements et les échanges régionaux.

En matière de commerce le protocole actuel signé en 1996 et mis en oeuvre en 2000 a pour
objectif la libéralisation des échanges via la suppression des droits de douane et des barrières
non-tarifaires. Ce protocole envisage aussi une coopération réglementaire régionale, la promotion
des échanges commerciaux dans les services, les investissements transfrontaliers et la facilitation
des échanges commerciaux.

A partir de cette année, 85% des échanges devraient bénéficier de la Zone de libre échange, c’est-à-dire
être exemptés de droits de douane. Certains produits sensibles seront libéralisés en 2012 (moins
de 15% des échanges), d’autres pourront être totalement exclus de la ZLE.

A l’intérieur de la SADC il existe déjà une Union douanière (SACU) qui rassemble l’Afrique du Sud,
le Lesotho, la Namibie, le Swaziland et le Botswana.

Les règles d’origine sont un des principaux freins à la promotion des échanges régionaux. Bien que
les règles générales soient les mêmes que celles du COMESA, il existe de nombreuses règles
spécifiques concernant par exemple les véhicules ou le sucre. Un accord doit aussi être finalisé
pour les règles d’origine relatives aux échanges de produits textiles, de farine de blé, et de
produits alimentaires à base de farine, d’épices, de produits plastiques, de machines et
équipements, de véhicules à moteur et de pièces détachées. Ces règles limitent fortement les
échanges avec l’Afrique du Sud principal marché de la région. Or, une partie des produits cités
sont des produits d’exportation importants pour Madagascar
Pour l’instant les exportations malgaches vers l’Afrique du Sud demeurent faibles et sont
concentrées sur le sisal, le girofle et les fruits.

Forces
- Homogénéité géographique des membres ;
- Marché SADC très important avec notamment, un marché sud africain potentiellement
porteur.

Faiblesses
- Forte domination de l’Afrique du Sud et donc hétérogénéité des membres ;
- Une libéralisation complexe qui a du mal à se mettre en place ;
- Des règles d’origine élevées ;
- Une implication financière importante ;
- Des pays déjà membres de la SACU d’autres non ;
- 7 pays membres aussi de la COMESA, dont Madagascar.

Opportunités
- Facilitation de l’accès au marché sud-africain ;
- Renforcement des liens politiques et économiques avec l’Afrique du Sud ;
- Possibilité d’importations d’intrants et de produits finis bon marché ;
- Augmentation potentielle des investissements sud-africains ;
- Possibilités de transferts de technologie.

Menaces
- Pertes de recettes fiscales dues à des détournements d’échanges au profit de l’Afrique du
Sud ;
- Risques de forte concurrence des productions locales par les produits sud-africains ;
- Coût d’adhésion (1 million $) et de participation élevés (500 millions $/an environ) ;
- Problème d’efficacité des douanes malgaches ;
- Règles d’origine de la SADC en conflit avec celles du COMESA ;
- Faible capacité institutionnelle pour Madagascar à suivre la mise en oeuvre de ce nouvel

Accord
- Risque de conflit entre SADC et l’accession à l’Union douanière COMESA.

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