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International

RDC : un énorme défi électoral et post-électoral

jeudi 24 novembre 2011

(MFI / 22.11.11) Qualifiée par l’ONU de défi logistique, l’organisation en République démocratique du Congo (RDC) d’élections présidentielles et législatives le 28 novembre prochain ouvre la voie à une période d’incertitude qui risque de sombrer dans la violence. Car si la réélection de l’actuel chef de l’Etat Joseph Kabila paraît acquise, la situation dans ce vaste pays à la lisière de l’Afrique centrale et australe est qualifiée de « catastrophique » par des observateurs avertis, malgré ses richesses potentielles, en particulier minières.

« La RDC souffre d’une mauvaise gestion, aucun grand projet n’a abouti et les besoins, en particulier en matière d’infrastructures, sont gigantesques », souligne un observateur. Il évoque aussi les violations des droits de l’homme, les nombreux viols commis à la fois par les milices qui sévissent dans l’est du pays et l’armée nationale, et l’insécurité qui continue à régner dans cette région, du fait des activités des milices Maï Maï ou de celles des rwandais réfugiés, auteurs du génocide de 1994 au Rwanda même.

Le Président Kabila n’a pas caché son souhait de voir partir, après les élections, les forces militaires de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui a remplacé la MONUC et qui reste une des plus importantes forces dans le monde. Il veut, en revanche, le renforcement des activités civiles de soutien des Nations unies.

Concernant les deux scrutins, plus de 32 millions d’électeurs sont inscrits sur les listes électorales, selon l’ONU. Onze candidats se disputent la présidentielle avec une opposition divisée, alors que 18 864 candidats veulent un des 500 postes de députés, soit quasiment le double par rapport à 2006, date des premières élections démocratiques en RDC. Les bulletins de vote font par conséquent jusqu’à 56 pages, ce qui rend le choix encore plus ardu. Quelque 60 000 bureaux de vote ont été installés et 150 observateurs de l’Union européenne (deux fois moins qu’en 2006) ainsi que de la SADC devraient surveiller le processus. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui a prévu de tenir son prochain sommet en RDC, est également présente et s’occupe notamment de la formation des agents électoraux.

La menace des groupes armés

« Les élections de novembre sont les premières d’un cycle électoral qui comprendra également la tenue de très importantes élections provinciales en 2012 et d’élections locales en 2013 », a précisé le représentant spécial de l’ONU pour ce pays Roger Meece, se félicitant du bon acheminement des kits électoraux, des isoloirs et autres matériels nécessaires à l’organisation des élections. Il a toutefois déploré l’absence de moyens concernant l’équipement des policiers congolais formés par la MONUSCO, la France et l’Afrique du Sud. Ainsi, seulement 500 000 dollars avaient été engagés sur les 3 millions nécessaires pour financer ces équipements.

Roger Meece a aussi estimé début novembre que les activités des groupes armés dans l’est du pays continuaient de poser une menace majeure pour les populations civiles et risquaient de perturber le déroulement du processus électoral. « La MONUSCO et les Forces armées congolaises ont perdu de leur élan dans la réponse à apporter aux activités des groupes armés, notamment dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu », a-t-il reconnu, en soulignant que cette riposte insuffisante était exacerbée par une pénurie des hélicoptères à la disposition de la MONUSCO.

Des groupes armés, comme les Maï Maï Yakutumba, en ont profité pour renforcer leur présence dans le Sud-Kivu et renforcé leurs liens avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), a-t-il précisé, assurant que tout est mis en œuvre pour protéger les civils dans la province Orientale du pays des attaques de l’Armée de résistance du Seigneur (ARS), venue d’Ouganda.

Concernant la situation humanitaire, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon a estimé qu’il resterait 1,57 million de personnes déplacées en RDC, dont 1 million dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu et près de 444 000 dans la province orientale.

Ne pas céder à la violence

La France, très active au sein de l’Union européenne, a appelé les autorités et l’opposition à éviter toute déclaration ou action qui seraient de nature à envenimer une situation déjà tendue. Elle a aussi invité les responsables politiques à appeler leurs partisans à éviter tout débordement ou toute confrontation violente. « La tenue d’élections crédibles, transparentes et apaisées doit être l’objectif commun et partagé des différentes forces politiques. Tout appel à des actions violentes doit être proscrit », souligne-t-on au Quai d’Orsay. « La France exprime le vœu que l’ensemble des acteurs du processus électoral, à commencer par les candidats eux-mêmes, privilégient le dialogue politique pour trouver une solution à leurs différends », ajoute-t-on de même source. Un des candidats historiques de l’opposition, Etienne Tshisekedi, avait notamment appelé ses militants à s’en prendre aux forces de l’ordre, ce qui a été jugé inacceptable par les partenaires étrangers.

De son côté, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, a indiqué qu’il suivait avec une extrême vigilance le déroulement du processus électoral en RDC, où des enquêtes sont en cours depuis juin 2003.

« Le recours à la violence ne saurait être toléré, a-t-il dit. Mon bureau recense et examine minutieusement les informations convergentes sur des violences tant verbales que physiques auxquelles donnerait lieu la campagne électorale en vue des élections présidentielle et législatives du 28 novembre prochain ».

Le procureur a appelé toutes les parties au processus électoral à ne pas céder à la tentation de la violence et rappelle que la CPI a compétence pour enquêter et poursuivre les auteurs de crimes graves commis sur le territoire de la République démocratique du Congo ou par des ressortissants congolais depuis le 1er juillet 2002.

« Nous veillons à ce que le processus ne soit pas l’occasion de violences ou d’attaques contre les populations civiles. Nous sommes particulièrement attentifs aux informations faisant état d’appels à la haine et à l’exclusion et de violences physiques de la part des différents acteurs politiques à Kinshasa et dans le pays tout entier », a affirmé Luis Moreno Ocampo. « La violence électorale peut aboutir à la commission de crimes relevant de notre compétence. Que nul ne doute de notre détermination à prévenir et, le cas échéant, à poursuivre de tels crimes comme nous le faisons au Kenya ou en Côte d’Ivoire », a-t-il dit.

Marie Joannidis

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