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Politique

Départ de l’ambassadeur Gildas le Lidec

Quand les fantômes de Bouaké viennent hanter Antananarivo

vendredi 18 juillet 2008

Face aux récents événements qui ont fait l’objet de polémiques incessantes et parfois violentes, nous avons demandé à un analyste de nous faire part de son point de vue. Il a bien voulu nous tenir ces propos sous le couvert de la discrétion.

Madagascar Tribune : Le départ de l’ambassadeur Gildas le Lidec a fait l’objet de commentaires variés, parfois passionnés. Certains ont même vu, dans ce rappel, une sorte de mini-rupture des relations diplomatiques entre Madagascar et la France. Qu’en pensez-vous ?

- Réponse : Je crois que nous commettons réellement une grave erreur d’interprétation. Gildas le Lidec n’a pas été expulsé par les Malgaches, les dessous de cette affaire sont franco-français et certains essaient d’en tirer profit pour discréditer Ravalomanana et la diplomatie malgache. Notre ministre des Affaires Etrangères, dans son discours du 14 juillet à l’Ambassade de France, a dit publiquement que le gouvernement malgache n’a jamais adressé une note verbale demandant le rappel de l’ambassadeur Gildas le Lidec. Le départ de ce dernier n’est pas officiellement le fait de Madagascar.

Quoi qu’il en soit, le départ est précipité et l’annonce a fait l’effet d’une bombe.

- Le rappel précipité de Gildas le Lidec et son coup d’éclat du 14 juillet 2008 font suite à la publication, dans la presse française, d’une fuite concernant l’instruction pénale sur l’affaire de Bouaké : le refus de Bernard Kouchner de communiquer au juge le rapport de l’ambassadeur, pourtant demandé par les proches des victimes françaises. Cette publication est datée du 19 juin 2008, c’est-à-dire, moins d’un mois avant le coup d’éclat et bien après que les autorités malgaches eurent accordé l’agrément de Gildas le Lidec. D’ailleurs, cet agrément avait été donné sans savoir que l’impétrant risquait d’être concerné par une instruction pénale se rapportant à la mort de neuf soldats français et à l’attitude étrangement bienveillante des autorités françaises vis-à-vis de mercenaires qui ont tué ces neuf soldats.

Vous semblez si convaincant.

- Ce dont on ne peut discuter c’est que les proches de Guy André Kieffer, le journaliste de RFI mort en Côte d’Ivoire, ont demandé l’audition de Gildas le Lidec dans le cadre de l’instruction pénale. L’information est parue dans Jeune Afrique du 13/07/2008. Raison de plus pour suspecter une opération d’exfiltration précipitée de la part des autorités diplomatiques françaises

Mais alors ?

- Alors ? je ne peux évidemment que conjecturer ; mais tel que se présente la situation, le rappel de Gildas le Lidec est plutôt une affaire franco-française. On peut même, avec quelque raison, se demander si Gildas le Lidec n’est pas la victime collatérale d’un règlement de compte entre chiraquiens et sarkosystes.
Il ne faut pas oublier que l’affaire clearstream n’est pas close et que G. Le Lidec était ambassadeur de France en Côte d’Ivoire quand neuf militaires français ont été tués dans l’affaire de Bouaké. À ce titre il a probablement fait un rapport circonstancié sur l’affaire à son Département.
Or M Kouchner a excipé le « secret défense » lorsque la juge chargée de cette affaire, à la demande des familles des parachutistes tués, a demandé la communication du dossier Bouaké.

Mais alors pourquoi avoir imputé ce rappel à notre président de la République ?

- D’abord ça mettait, hors de cause, le clan des sarcomateuses. Ensuite ça discréditait un président que n’apprécient guère certains milieux.
Un journal français l’a même traité « d’arriéré ». Que diraient ces « vazaha » si notre Presse utilisait des qualificatifs équivalents à l’égard de leurs hommes d’Etat ? Une mentalité raciste et méprisante n’a pas été éradiquée chez les anciens colonisateurs et certains compatriotes psychologiquement « aliénés » leur emboîtent hélas triomphalement le pas.
On a donc mis sur le dos du président Ravalomanana, à qui on ne pardonne pas non plus l’utilisation de la langue maternelle dans l’enseignement primaire, ce qui est une querelle franco-française ;
Ce faisant, on se défausse de ses turpitudes sur quelqu’un qui, pour le moment, n’a pas rejoint la « France-Afrique ». Ce qui est clair c’est que, dans le départ de l’ambassadeur, ni la superstition, ni le côté arriéré de notre président ne sont en cause.

• Merci, c’est un point de vue que nous nous plaisons de verser au dossier.

Propos recueillis par Raw

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