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Culturel

COP21

Plagiat ou inspiration partagée

mercredi 9 décembre 2015 | Jean-Pierre Domenichini

Il y a quelques jours, le premier ministre Laurent Fabius remplissant pour la circonstance les fonctions de Président de la COP21 évoquait au cours de son discours un point qui devait particulièrement attirer notre attention, nous citons : « Sur le côté gauche de la photo, un arbre qui a perdu toutes ses feuilles, remplacées par des sacs plastiques, une sorte de squelette dans un environnement devenu inhumain ». Il venait de décrire l’œuvre de LANDO, l’artiste peintre malgache, intitulé « Syndrome de l’île de Pâques ».
En effet, il y a un peu plus de deux ans (2013), à Madagascar, un mouvement citoyen principalement composé d’artistes plasticiens s’est mobilisé sous l’impulsion du collectionneur d’art Michel D. Ramiaramanana, lequel exerce également la fonction de Commissaire Général de la Biennale des Arts de l’Océan Indien.

Ainsi, celui-ci ayant conceptualisé depuis plusieurs décennies le récurrent mal social et culturel malgache sous l’intitulé « Syndrome de l’île de Pâques », a passé commande d’une œuvre picturale sur ce thème spécifique auprès de l’artiste peintre malagasy d’origine betsileo dénommé Orlando Rabehiandrina Andriamampihantona et portant le nom d’artiste de LANDO.

Nous nous empressons de préciser que cet artiste vit au fin fond de la brousse malgache, univers où la fracture numérique est encore réelle avec un accès inconnu et impossible à Internet. A l’inverse, ces coreligionnaires européens vivent dans un monde où la modernité le dispute à la profusion artistique et contrairement à ceux-ci, il n’a pas eu occasion de se familiariser avec les différentes écoles de peinture qui ont eu cours durant les siècles passés ; effectivement, pour ces peintres européens, il est loisible de découvrir les grands maîtres de la peinture par une simple visite – grâce à des dispositions prises en son temps par l’Empereur Napoléon – des multiples salons en enfilades existant au palais du Louvre. Madagascar ne dispose malheureusement pas d’un tel panthéon artistique.

Le résultat visuel de cette œuvre originale, signé par le peintre LANDO, présentée publiquement à la Biennale des Arts de l’Océan Indien, qui s’est tenue du 14 au 17 novembre 2013 au Parc des Expositions Forello Madagascar, a été repris ultérieurement, d’une part, comme modèle pour les affiches de l’édition 2015 de la Biennale des Arts de l’Océan Indien et, d’autre part, comme thème majeur d’inspiration pour une pléiade d’artistes qui vont selon leur inspiration respective décliner cette thématique.

Ce thème et variations sur le « Syndrome de l’île de Pâques » est actuellement largement repris sur les réseaux sociaux et chacun admettra qu’il y a pour le moins une communauté d’inspiration, notamment s’agissant de l’arbre effeuillé, les sachets en plastique s’étant substitué aux feuilles, l’ensemble étant resitué dans la désolation d’un paysage désertique (voir la reproduction des œuvres ci-dessous).

A ce jour, l’honnêteté intellectuelle nous commande d’admettre l’antériorité de l’œuvre malgache et l’appréciation artistique universelle nous conduire à relever qu’une préoccupation planétaire pessimiste quant au devenir de la biodiversité dans le monde aura fait cheminer deux artistes l’un de l’hémisphère sud l’autre de l’hémisphère nord vers une conclusion graphique similaire ayant pour objectif d’alerter et marquer tous ces grands esprits rassemblés à Paris, que nous espérons éclairés, pour un bon aboutissement de la COP 21.

Photo présentée à la COP21. Artiste inconnu

Tableau peint et signé par LANDO, intitulé « Syndrome de l’île de Pâques »

17 commentaires

Vos commentaires

  • 9 décembre 2015 à 11:15 | Babah (#9347)

    Merci pour votre défense des droits d’auteur. La question réellement est pertinente. Mais prière de ne plus usiter ce genre d’expression : « malgache d’origine betsileo » qui laisse comme un relent de condescendance et autre allusion à l’existence de je ne sais quel gasy d’origine vazimba...

    • 9 décembre 2015 à 12:03 | spliff (#5871) répond à Babah

      Bonjour Babah,

      Intéressante reaction de votre part.
      En quoi voyez vous un lien entre la citation d’une origine communément dite « ethnique » et la notion de condescendance ?

    • 9 décembre 2015 à 12:10 | Babah (#9347) répond à spliff

      Comme s’il y aurait des gasy « de souche » et d’autres d’origine « ethnique », tout simplement. Je me pose surtout la question d’une nation gasy, si vous voulez... vaste programme.

    • 9 décembre 2015 à 12:15 | RAMAHEFARISOA Basile (#9107) répond à Babah

      - « malgache d’origine betsileo » n’est pas mal placé ni insulte !
      Pour Moi,c’est une expression juste et honorifique.Point barre.

      Le PADESM et ses héritiers.

      Basile RAMAHEFARISOA-1943
      b.ramahefarisoa@gmail.com

    • 9 décembre 2015 à 13:02 | Isambilo (#4541) répond à Babah

      Effectivement, je ne vois aucunement de la condescendance dans l’expression qui n’en reste pas moins maladroite. Lando est Betsileo (il est de la région du Besileo, pour définir son environnement géographique, ses références artistiques, etc), tant mieux pour lui. Point.
      Sur le plan artistique je ne vois aucun lien entre les 2 tableaux. Mais vu mon niveau sur ce plan...
      Par contre le « syndrome de l’île de Pâques » m’est totalement inconnu.

    • 9 décembre 2015 à 14:13 | Babah (#9347) répond à RAMAHEFARISOA Basile

      Je ne dis pas le contraire. Je dis qu’il est inutile donc superflu (d’où la question : est-ce de la condescendance de la part de l’auteur ?)de préciser l’« origine » ethnique ou le signe astrologique ou la religion ou le nombre des poils du menton de la femme de l’artiste, etc... bof, ça s’appelle le rasoir d’ Ockham. Le sujet est autre chose, je rappelle.

    • 9 décembre 2015 à 14:41 | spliff (#5871) répond à Babah

      @ Babah

      L’on peut aussi ne voir aucune malice dans cette mention de l’origine régionale de l’artiste sachant que chaque région présente des particularités culturelles - fait objectif - qui peuvent éventuellement éclairer la lecture de l’oeuvre. [pour aller dans le sens d’Isambilo].
      Les particularités des terroirs n’ont pas systématiquement vocation à être envisagées en contradiction avec la nécessaire unité nationale.

    • 9 décembre 2015 à 17:09 | zatobe (#8788) répond à Babah

      Vous avez un raison. C’est un pléonasme.

  • 9 décembre 2015 à 12:56 | liliquilit (#7755)

    Il a fumé la moquette notre Domenichini national !! Premièrement, Laurent Fabius est Ministre des Affaires Etrangères et du Développement International, et non pas (plus) Premier Ministre. Deuxièmement, peindre un arbre avec des sacs plastiques n’a rien de très original et a certainement inspiré des milliers d’artistes de par le monde, dont cet artiste malgache, Lando. Je sais bien que Madagascar est le centre du monde, mais de là à parler de plagiat... c’est à mourir de rire, ou de ridicule !

    • 9 décembre 2015 à 17:34 | Saint-Jo (#8511) répond à liliquilit

      Juste deux remarques :

      1. Il est d’ usage dans la langue française de d’ appeler une personne par le plus haut titre qu’ elle a obtenu, même si cette personne n’ a plus les responsabilités que lui attribue ce titre. Par exemple, même ce mercredi 9 décembre 2015 je peux appeler Monsieur Raffarin, le Premier Ministre Raffarin ; ou Monsieur Badinter, le Ministre Badinter.

      2. L’ artiste jouit de ce qu’on appelle la liberté de l’artiste. Par exemple, dernièrement un humoriste fantaisiste français a été poursuivi devant les tribunaux par une femme politicienne, car il l’avait traitée de conne dans un de ses sketches. L’artiste avait fait valoir devant la cour ses droits, en particulier son droit à la liberté de l’artiste. Résultat : il obtenu gain de cause.

      Que l’on apprécie ou que l’on n’apprécie pas,
      . le tableau de LANDO est une oeuvre d’art et il faut le prendre comme tel
      . dire le Premier Ministre Fabius est de coutume et il faut souffrir cette appellation.

    • 9 décembre 2015 à 19:21 | liliquilit (#7755) répond à Saint-Jo

      Saint Jo, je suis au regret de vous contredire, mais :

      1. On n’appelle pas « Premier Ministre » un Ministre EN EXERCICE.

      2. Je ne vois pas le rapport entre l’affaire Bedos (qui rappelons le a été relaxé après avoir traité Nadine Morano de « conne ») et l’histoire à dormir debout que Domenichini est en train de nous conter. Parce que franchement, publier que Fabius décrivait l’oeuvre de Lando lors de son discours à la COP21 et que ce tableau a inspiré une « pleïade d’artistes » dans le monde, c’est à se tordre de rire, surtout lorsque l’on découvre l’« oeuvre époustouflante » de cet illustre inconnu ! Que l’on me dise que le tableau exposé à la COP21 s’inspire de la « persistance de la mémoire » de Dali, à la rigueur, mais Lando, fallait le trouver ! En criant au plagiat, c’est à se demander si Domenichini ne cherche pas à soutirer des dommages et intérêts ou des droits d’auteur à tous les artistes qui peignent un arbre avec des sacs plastiques.

      Plus sérieusement, ne voyez aucun mépris des artistes malgaches dans mes propos. Plutôt que de publier de telles c.onneries, j’aimerais au contraire que MT mettent les artistes plus en valeur, en parlant des expos de Pierrot Men, du dernier livre de Johary Raveloson ou des dizzy brains qui est la révelation des transmusicales de Rennes dont tous les media parlent... sauf à Madagascar. Parceque la presse est un vecteur d’information mais aussi d’éducation.

    • 9 décembre 2015 à 21:49 | Saint-Jo (#8511) répond à liliquilit

      Il est évident que vous et moi ne fréquentons pas les mêmes gens.
      Donc nous avons deux manières différentes de nous exprimer.

      Pour moi, appeler un ancien Premier Ministre, Premier Ministre, est d’usage.
      Pour vous donc c’est non !
      C’est clair.

      Selon vos propos,
      l’article de MT relatant que le Premier Ministre Fabius a mentionné le tableau de LANDO affiché au COP21 serait un moyen de soutirer des sous à je ne sais qui.
      Pourtant, toujours selon vous, cet article serait une « histoire à dormir debout » .

      Et vous ajoutez que ce tableau ne s’inspire que d’un autre tableau de Dali.
      Peut-être !

      Mais, il y a aussi des chefs-d’oeuvres de Verdi qui ont été inspirés par des intrigues puisées dans des oeuvres d’écrivains plus ou moins bons.
      Verdi s’était même permis de changer quelques détails afin de mieux traduire en musique l’oeuvre original.
      Et Picasso lui-même se serait, paraît-il, inspiré des oeuvres de jeunes peintres moins connus.
      Alors, on raconte que certains jeunes peintres cachaient leurs toiles quand Picasso s’approchait de leurs ateliers.
      Verdi comme Picasso usaient de la liberté de l’artiste.

      Autres aspects de la liberté de l’artiste aussi sont les tableaux et les sculptures de nus intégraux.
      Voire des représentations d’étreintes entre un homme et une femme.
      Le tableau « L’ origine du monde », exposé au musée d’Orsay à Paris : vous connaissez ?
      Comme le fait, pour un humoriste, de traiter une personnalité publique de conne.
      C’est ça la liberté de l’artiste !

      Si vous ne voyez pas de rapport entre tout ça et mon précédent post, alors je suis désolé, mais je n’y peux rien.

      D’autre part, vous semblez vouloir faire connaître d’autres artistes gasy que vous connaissez.
      C’est très louable de votre part.
      Rien ne vous empêche de les faire connaître, comme MT fait connaître les artistes que ses intervenants connaissent.
      Et je ne peux que vous souhaiter pleines réussites dans vos efforts allant dans ce sens.

    • 10 décembre 2015 à 15:05 | Gérard (#7761) répond à liliquilit

    • 10 décembre 2015 à 17:46 | liliquilit (#7755) répond à Gérard

      You’re welcome Gérard !

      Pour ceux qui s’intéressent aux Dizzy Brains, voici l’intégralité de leur concert aux transmusicales de Rennes diffusé sur Arte :
      http://concert.arte.tv/fr/dizzy-brains-aux-trans-musicales

      A lire également :
      http://www.ouest-france.fr/festivals/trans-musicales/censures-madagascar-dizzy-brains-en-liberte-aux-transmusicales-3891471
      http://www.fipradio.fr/emissions/live-fip/2015/live-fip-dizzy-brains-son-little-12-10-2015-20-00
      http://www.clicanoo.re/502690-le-rock-malgache-met-rennes-en-transes.html

      http://www.lexpress.fr/culture/la-revelation-des-trans-2015-les-punk-malgaches-the-dizzy-brains_1743042.html
      Extrait « Leurs textes chantés en malgache et en anglais, traitent de sexe, de pauvreté, de misère, de corruption. Un cocktail Molotov mal perçu sur l’île prisonnière d’une morale protestante. Un journal local malgache a titré : « Laisseriez-vous votre fille sortir avec un Dizzy Brains ? ». Les chansons ne passent pas à la radio. C’est dans ce terreau - 9 malgaches sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté - que pousse la rage et sa colère du chanteur Eddy Andrianarisoa Zafimanga, 25 ans. »

      Puisque l’on est dans la rubrique culturelle, c’est un appel du pied que je fais à MT pour que the Dizzy Brains soit révélé au public malgache comme il se doit. Ce groupe a été encensé par les media internationaux, le système de la censure qui règne à Madagascar a été pas mal dénoncé par le groupe, voyons voir si MT sait faire preuve de professionnalisme et aussi d’une certaine « ouverture d’esprit ».

    • 10 décembre 2015 à 21:29 | Gérard (#7761) répond à liliquilit

      Oui, Bientôt sexagénaire je ne suis plus tout à fait aussi rock’n roll qu’il y a 50 ans ! Mais je trouve que ces jeunes méritent quelques encouragements

      Merci pour ces liens que je vais exploiter et confier à la dernière de mes filles, sait on jamais !!

      les transmusicales de Rennes m’autorisent elles une transition vers un breton , Felix le Dantec qui a écrit en 1911 :

      « Si l’égoïsme est la base de notre civilisation, l’hypocrisie en est la clé de voûte ».

      So Gasy, isn’t it ?

    • 11 décembre 2015 à 02:31 | liliquilit (#7755) répond à Gérard

      Et bien justement Gérard, la génération des 50/60 ans est la génération punk car le mouvement punk n’est pas qu’un genre musical mais surtout un cri d’urgence sociale de la jeunesse « no future » de 1977. Si les dizzy brains ont eu autant de succès en Europe, c’est que leur rage musicale sonne authentique, leur musique, c’est un cri de détresse d’une jeunesse malgache dont le présent et le devenir est confisqué par des dirigeants inconscients, égoïstes et mégalomaniaques. Quand les dizzy brains disent « ce n’est pas nous qui sommes punks, c’est Madagascar qui est punk », ils ont raison, car ce pays court à la déraison et n’a plus rien à offrir à ses enfants. Ces jeunes sont dans leurs droits de ne pas courber l’échine et de dénoncer la misère, la corruption, l’injustice dont ils sont victimes. Leur rage est complètement légitime.

  • 9 décembre 2015 à 23:28 | Albatros (#234)

    Et, pendant le forum sur MT, ...... les sacs plastiques continuent d’envahir les arbres !!!.
    Bonne continuation !!!.

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