Or noir contre ors blancs

Nous n’avons certainement pas fini d’entendre parler des prix du carburant. Les négociations entre l’État et les pétroliers continuent et un projet de tarification à deux vitesses reste d’actualité.

Il n’y a d’ailleurs pas qu’à Madagascar qu’on en parle. Aux USA, la politique de Barack Obama en la matière est régulièrement critiquée par les républicains. Le président américain est présenté comme détruisant l’american way of life en rendant plus difficile les forages sur le territoire national et en s’abstenant pour l’instant d’utiliser les stocks stratégiques pour réguler les prix. Pourtant, le prix de l’essence aux États-Unis aurait de quoi faire rêver l’automobiliste malgache ou européen : le prix actuel moyen du sans plomb s’y situe à peine au dessus de 1 dollar le litre, à comparer aux 1,53 dollars d’Antananarivo ou de la moyenne de 2,21 dollars en France.

Inéluctable

Si la question du prix des carburants revient régulièrement dans l’actualité politique de tous les pays, bien peu de dirigeants ont le courage d’avouer une évidence : en l’état actuel des réserves en pétrole de notre planète, toute reprise de l’économie mondiale ne peut qu’entraîner une hausse des prix dans son sillage. Il va bien falloir faire avec et s’adapter.

La tentation de faire porter le chapeau aux compagnies pétrolières n’est pas nouvelle à Madagascar. Le ministre actuel, Mamy Ratovomalala, évoque le manque de transparence des pétroliers sur leurs structures de prix pour justifier une situation de rapport de force avec eux. Si tel est véritablement le cas, ne doit-il pas plutôt remettre en cause la compétence de ses propres services qui semblent incapables de prendre les états financiers de 5 compagnies [1] et de lire attentivement les annexes certainement détaillées qui les accompagnent pour se faire une petite idée ?

On en arrive à se demander ce qu’ont bien pu faire les compagnies pétrolières pour être suspectées de comportement mafieux dans la fixation de leurs prix. Si l’État n’arrive pas à comprendre un secteur aussi limité en nombre d’acteurs que celui des carburants, comment pourrait-il prétendre jouer un rôle utile de régulation dans tout autre secteur ? Pendant que le bras de fer avec les pétroliers se poursuit, les opérateurs en produits alimentaires de première nécessité (PPN) déclarent benoîtement et publiquement qu’il n’est pas normal qu’on réclame d’eux des factures. Et suite à la défaillance d’un acteur important du secteur, on découvre dans la distribution des PPN d’obscures pratiques de constitution d’oligopoles et de ventes croisées, avec des montants faramineux à la clé. Mais les autorités semblent là beaucoup moins bavardes. Est-ce parce que ces opérateurs là sont « nationaux » qu’ils bénéficient d’une bienveillante omerta ?