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Société

Enquête

Naufrage en série : les ex-matafs sont navrés

mardi 22 juillet 2008 | Oliva R.
Le Trozona, un remorqueur de haute mer de la marine, ayant comme port d’attache Antsiranana.

Un naufrage peut en cacher un autre. C’est le moins qu’on puisse dire de la série noire d’accidents maritimes ces derniers temps. Le dinghy (zodiac) servant à débarquer les troupes pour l’opération de recherches d’éventuels cadavres des passagers du Tropicana II a chaviré. Deux gendarmes ont péri. Seul un corps a pu être récupéré. Chose curieuse, la brassière s’est détachée à quelques mètres à l’écart du cadavre, et le fusil a disparu. L’autre gendarme est introuvable, englouti dans le grand bleu du Masoala. Les autres occupants du dinghy ont flotté grâce aux brassières enfilées convenablement. Ils ont pu rejoindre le rivage à la nage. Ces gendarmes et militaires participant à un ratissage le long du littoral sont lestés de bardas et de fusil, alors que d’après les survivants, ils ne savent pas nager.

Forme d’EMMO

En effet, il reste 9 personnes du Tropicana II à trouver sous la houlette du Ministère du Transport. Il a été décidé que la coordination des opérations de recherche se fait à Sainte-Marie. Elle est dirigée par le commandant du groupement de gendarmerie de Fénérive-Est sous la forme d’EMMO composé d’éléments de la gendarmerie de Sainte-Marie, de la 302è compagnie de l’armée de terre, et du détachement de la marine basée à Sainte-Marie. La nuit du 16 juillet, deux vedettes V11 et V12 de la marine et un bateau de la SPSM ont appareillé d’Ambodifotatra pour arriver tôt le matin à Masoala. Les trois bâtiments ont mouillé à environ 900 m de la côte en face de l’embouchure de la rivière Fampotabe, commune rurale Vinanivao. Au deuxième va-et-vient de débarquement des troupes, le dinghy a chaviré et c’est le drame, comme un malheur ne vient jamais seul.

A chacun son poste

D’aucun se pose la question : le port de fusil est-il toujours indispensable pour les gendarmes et militaires même pour une mission de ratissage de cadavres en pleine mer ? Les ex-matafs regroupés au sein d’un cadre informel ont déploré la mort des deux gendarmes. Les anciens marins trouvent qu’il s’agit d’une perte de trop. Certes, disent-ils, les militaires doivent se rendre partout où on les envoie à tout moment, mais à chacun selon sa spécialité. Selon toujours ces ex-marins, on exerce un métier pour gagner sa vie et non pas pour la perdre. Les personnes autres que les marins, ne sont pas faites pour les activités périlleuses en pleine mer, déclarent-ils ; elles n’ont reçu aucune formation pour être des professionnels de la mer. Certains sont même des non nageurs. Ceux qui nagent bien ont pu rejoindre le rivage et ont eu la vie sauve. Ils ont à accomplir des missions qui ne sont pas les leurs. Si on envoie les marins à la poursuite des dahalo dans le Bongolova, ils auraient refusé car cet acte ne ressort pas de leur compétence.

Zone économique
exclusive

En outre, les quillards et retraités de la marine se demandent si leurs pairs qui sont encore en activité et qui sont des vrais professionnels de la mer, ne peuvent plus assumer seules les missions spécifiquement à eux confiées. Les anciens marins sont sceptiques quant à l’avenir de la marine. Ils ne voient pas d’un bon œil la création d’une nouvelle entité incluant l’officier de police judiciaire (OPJ) qui va jouer le rôle de garde-côtes. D’après eux, la compétence de l’OPJ s’arrête à la limite des eaux territoriales et ne peut s’étendre par conséquent au-delà de 12 nautiques ou 22,22 km (un nautique, ou un mille marin, ou une minute d’arc mesure 1,852 km. On obtient cette distance en divisant par 360 degrés les 40 000km tour de l’équateur, puis on divise encore par 60 minutes le quotient obtenu). Au-delà de 12 jusqu’à 200 nautiques s’étend la zone économique exclusive (ZEE). Dans cet espace, il n’est plus question d’officier de police judiciaire mais plutôt d’officier de police administrative (OPA). C’est ce que stipule la Convention de Montego Bay (Jamaïque) à laquelle tous les codes maritimes au monde se sont inspirés. La Convention ne permet pas aux gardes-côtes d’arraisonner systématiquement tout bateau qui navigue dans la ZEE, comme font les policiers et les gendarmes à la police de route.

L’arraisonnement (attribution spécifique de la Marine de guerre) ne doit se faire que s’il y a des faits constatés tels que transport de drogue, acte de pollution, acte de terrorisme... Dans de tels cas, l’attribution et rôle d’OPA dans la ZEE correspondent au constat d’infraction et non à une enquête.

FRS

Cette création d’unité de gardes-côtes composée de policiers et civils qui ne sont pas des gens de la mer fait rappeler aux ex-matafs les cinq vedettes rapides gardes-côtes de la Force Républicaine de Sécurité (FRS) basées dans la baie de Bombetoka à Mahajanga. En juillet 1972, après les événements du 13 mai, ils ont eu la mission de désarmer ces engins de guerre détenus par une entité en dehors de l’armée régulière. Pourquoi ne pas doter de matériel adéquat la marine nationale avec ses expériences de 48 ans pour qu’elle puisse faire sa preuve et montrer son savoir-faire ? C’est la question que se posent les ex-matafs.

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