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Société

Société malgache

Mieux manger pour mieux vivre

jeudi 15 octobre 2009

(Syfia Madagascar) À Madagascar, les paysans apprennent le b.a-ba de l’équilibre nutritionnel, démonstration de recettes et dégustation à l’appui. Ces séances sont organisées dans tout le pays et la malnutrition commence à reculer sensiblement.

« Nous mangeons mieux actuellement », se réjouit Christian, un paysan de Tsaramandroso, une commune située à environ 500 km à l’ouest d’Antananarivo, la capitale malgache. « Je sais maintenant pourquoi notre fille était toujours chétive. Nous ne nous étions jamais souciés de la qualité de notre nourriture », ajoute-t-il. Une dizaine de familles du même village suivent désormais à la lettre les recettes et les conseils prodigués par les agents du Programme national de nutrition communautaire (PNNC).

La malnutrition a toujours été un problème majeur à Madagascar, surtout dans les campagnes. Fin 2008, la Banque mondiale relevait que 35 % des décès des enfants de moins de cinq ans étaient liés à celle-ci. Depuis 2004, l’État malgache, avec l’appui notamment de cette même institution, a mis en place 5 550 centres communautaires de nutrition dans tout le pays, chargés notamment de diffuser les bonnes habitudes nutritionnelles.

Pour toucher un maximum de personnes, les agents du PNNC font du porte-à-porte avant chaque séance de démonstration culinaire, où règne toujours une grande animation. C’était le cas en septembre dernier, à Andranofasika, une commune à 400 km à l’ouest de la capitale. Dès cinq heures du matin, une dizaine d’animateurs étaient présents pour préparer la troisième séance du mois. Théorie d’abord : ils ont insisté sur l’importance pour la santé d’une alimentation équilibrée et diversifiée. « Consommer uniquement du manioc n’apporte rien, mais l’associer à des crevettes, du poisson ou de la viande le rend à la fois plus succulent et plus nutritif », a ensuite expliqué Me Line, un agent de nutrition. En effet, la grande majorité des familles paysannes ont remplacé le riz par du manioc dont la teneur en protéines est plus faible. Or, les protéines, appelées parfois « briques de la vie », sont indispensables, notamment pour les enfants en période de croissance. Démonstration ensuite et enfin place à la dégustation qui a fait le bonheur du public. « C’était tellement bon que je vais en préparer pour ma famille dès ce soir ! », lance Ravao, une paysanne.

La malnutrition en recul

Selon Manova Tsibara, le responsable national de suivi et évaluation de l’Office national de la nutrition (ONN), « après les actions menées par les centres PNNC, le taux national de malnutrition est passé de 21,88 % à 19,09 % entre 2007 et 2009. » Ces résultats sont dus, entre autres, à l’éducation nutritionnelle, mais aussi à l’appui financier de l’État et d’ONG pour augmenter la production agricole. Sans cela, l’équilibre alimentaire reste une vue de l’esprit.

Lors des séances de démonstration, les agents du PNNC doivent tenir compte des divers tabous alimentaires qui aggravent la malnutrition, surtout dans les campagnes. « Ces interdits font partie de notre identité culturelle », affirme Jean de Dieu, de Bekobay, une commune rurale à 125 km de Majunga (Ouest). Il appartient à la communauté Sakalava, très attachée au respect des traditions. Dans ces régions rurales, il est, par exemple, interdit de consommer tel tubercule ou de la viande certains jours. Des nutritionnistes ont donc élaboré et montré aux paysans des recettes énergétiques, compatibles avec ce qu’ils cultivent et leurs tabous alimentaires.

Par ailleurs, les agents d’éducation nutritionnelle encouragent les participants à ces séances à consommer davantage d’ananambo ou « arbre de vie » (Moringa oleifera) pour accompagner leurs aliments. Des analyses nutritionnelles ont en effet montré que les feuilles du moringa, qui pousse facilement à Madagascar, sont plus riches en vitamines, minéraux et protéines que la plupart des légumes cultivés. Un précieux atout contre la malnutrition et les maladies qui y sont associées (cécité, anémie, etc.) : « Cette plante est plus riche en calcium que le lait, contient plus de vitamine C que l’orange et plus de vitamine A que les carottes », explique le docteur Jean de la Croix, médecin généraliste dans la capitale.

Malgré l’instabilité politique, les actions de lutte contre la malnutrition se poursuivent dans la Grande île où les aides humanitaires n’ont jamais été suspendues.

Livah Rabearison

1 commentaire

Vos commentaires

  • 15 octobre 2009 à 10:08 | rabri (#2507)

    Notre pauvreté a commencé là où nos autorités politiques (qui se sont succédées) ont ignoré (de façon délibérée) de conscientiser dès leur jeune âge tous les citoyens DU POTENTIEL DE RICHESSE qui les entoure : matières premières alimentaires, matériau de construction, de cuisson, ....

    Autrement dit, pour la n-ième fois, notre SYSTEME EDUCATIF doit être PRIORITAIREMENT adapté à l’ENVIRONNEMENT PROCHE de chaque citoyen

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