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Politique

Toliara

Manif’ : le chaos règne dans la capitale du Sud

samedi 28 avril 2007 | Alexandre L.

La manifestation politique d’hier a dégénéré. Les armes ont parlé et les blessés se comptent par dizaine. Des pogroms anti-étrangers se développent. L’Etat semble absent.

L’heure est grave à Tuléar. Tout a commencé hier, vers 9 heures, par une manifestation organisée par les élus Robert Razaka, Dimby Benaria et Marcel Eongobelo. Contrairement à ce qui s’est passé jeudi, le mouvement n’est plus animé par des étudiants de l’Université mais par des individus dont les motivations sont purement politiques.

Vers 9h et demie, les manifestants, qui se comptent par dizaines de milliers, ont rejoint l’avenue située au bord de la mer. Mais l’accès a été interdit par les forces de l’ordre. Et après les pourparlers, ils étaient « autorisés » à poursuivre leur mouvement.

Mais les choses ont vite dégénéré. Des éléments non identifiés ou « incontrôlés » ont commencé alors à haranguer la foule pour qu’elle s’en prenne aux « étrangers » notamment à la « communauté indo-pakistanaise » et aux « Merina ».

Très rapidement, les pillages ont fait leur apparition. Les commerces appartenant aux originaires des Hautes-Terres et autres Karana sont saccagés. Les pavillons de Bazar Kely sont dérobés et d’autres sont incendiés. Des habitations sont également pillées et les biens volés. Presque tous les quartiers sont touchés : Sanfily, Betania, Tsianaloka… « Tout cela me rappelle les événements du 6 Mars 1986 » indique un témoin joint au téléphone, en se référant au grand pogrom anti-karana des années 1980.

Les Merina comme cibles

Selon les témoignages que nous avons recueillis, les Merina sont en train de plier bagages et s’apprêtent à quitter la ville. « C’est vraiment ahurissant. Nous sommes obligés de nous cacher et de nous terrer dans notre maison » affirme un autre témoin. Pour ce fonctionnaire, des « ordres » auraient été donnés pour s’attaquer aux Merina. « Ceux qui ont la malchance de se retrouver dehors ont vu leurs bijoux, téléphones ou montres arrachés. Et généralement, ils sont molestés », précise une autre source.

On raconte également que depuis jeudi, des réunions occultes auraient été organisées au niveau des certains quartiers « chauds » de la ville du Soleil (Tsenengeha, Mahavatsy II…). Des « Pamaraky » (NDRL. Jeunes gens) auraient été manipulés pour être le « fer de lance » de l’actuelle manifestation.

En tout cas, les forces armées ont utilisé la manière forte. Des coups de feu ont été tirés et des grenades lacrymogènes ont été lancées. Selon nos sources, les victimes sont au nombre de 12 dont 8 par balles réelles. Elles sont actuellement évacuées à l’Hôpital central de la ville. D’autres sources font état d’un mort. Il s’agirait d’une personne qui a succombé à ses blessures. D’autres blessés n’ont pas pu rejoindre les centres de santé et, de peur d’être à nouveau attaqués, ils ont préféré rejoindre immédiatement leur domicile.

L’Etat absent

Mais là où plus d’un s’interrogent, c’est l’apparent mutisme des autorités. La population s’étonne du fait que le nombre des forces de l’ordre est insuffisant devant ces faits graves. « Où est l’Etat ? » se demande-t-on. Une de nos sources s’interroge même si le président Ravalomanana est arrivé au pays. En effet, la ville est actuellement coupée du monde car les habitants ne reçoivent plus d’informations des différents médias. La télévision et les radios restent muettes du fait que l’électricité est coupée.

Certains avancent même l’idée que certains éléments des forces de l’ordre auraient été de mêche avec les cerveaux de cette manifestation. Pour eux, cela expliquerait le fait que des pilleurs ont pu facilement s’en prendre aux personnes et à leurs biens. Ils tournent alors le regard et leur espoir vers le pouvoir central sinon tout risque d’empirer.

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