Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
vendredi 29 mars 2024
Antananarivo | 02h36
 

Lu ailleurs

Environnement

Madagascar fait l’autruche face au trafic du bois de rose

vendredi 22 janvier 2016

Les élites économiques et politiques de l’île de Madagascar ne cessent de piller à grande échelle les ressources naturelles de l’île. Le 14 janvier, le comité permanent de la Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d’extinction (Cites) s’est réuni à Genève. Il a été obligé de prendre des mesures plus sévères au regard de l’indifférence du gouvernement dans la lutte du trafic de bois de rose, un bois précieux très apprécié par les nouveaux riches chinois, qui sert à la fabrication de meubles de luxe.

Un texte a été adopté en août 2013, et complètement ignoré par Madagascar qui promettait le blocus sur toutes les exportations de bois de rose et d’ébène. Aujourd’hui, en plus de cette interdiction, toutes les parties de la Cites, soit 181 pays, n’auront plus le droit d’importer ces essences exploitées de manière illégale. Les pays tels que la Tanzanie, le Mozambique, le Kenya, le Sri Lanka et Singapourg par lesquels circulent les containers chargés d’arbres coupés interdits, avant l’arrivée vers leur destination finale, la Chine, sont à ce jour également sommés de mettre fin à ce trafic. Si ces pays n’agissent pas, ils pourraient être considérés comme complices.

Des quantités colossales de bois saisies

Malgré l’embargo de 2013, le bois est coupé au sein de réserves naturelles puis transité sur des navires souvent panaméens ou sierra-léonais qui prennent la mer muni de faux papiers. Entre 2013 et 2015, plus de 5400 tonnes de bois ont été saisies sur les côtes de Madagascar ou dans les ports étrangers. La prise la plus importante s’est faite à Singapourg, 3372 tonnes ont été réquisitionnées en mars 2014. Rien que pour les quantités saisies, cela représenterait 35 000 à 40 000 arbres.

Si les autorités malgaches ferment les yeux sur le trafic, elles sont par contre très au courant de la quantité de bois saisie à l’étranger, puisqu’elles appuient la mise aux enchères du bois saisi, le procédé servant d’après elles à assainir la filière forestière. La Cites s’oppose à leur petit jeu et pense que Madagascar doit accroitre ses efforts afin de lutter contre la fraude plutôt que de négocier pour le bois saisi.

Un état corrompu ?

Le trafic de bois rose va de pair avec la corruption qui, aujourd’hui, gangrène l’Etat malgache, jusqu’aux postes politiques les plus importants. Les barrons de la drogue et des trafics décident des carrières politiques à leur guise. Malgré le fait que leurs noms soient régulièrement cités par la presse ou par les ONG qui sont les seules à les attaquer, rares sont ceux à avoir été condamnés.

Les lois interdisant le commerce de ces bois précieux s’accumulent, la dernière datant du 17 décembre 2015, qui prévoit un alourdissement des peines pour les commanditaires, les coupeurs de bois et les exportateurs. L’alliance Vohary Gary qui rassemble une trentaine d’associations de défense de l’environnement a salué le projet de création d’un tribunal chargé uniquement de gérer ces cas de trafic du bois, mais rappelle que le problème ne vient pas des lois mais plutôt de leur application.

Article publié dans www.greenetvert.fr du 21 janvier 2016

10 commentaires

Vos commentaires

  • 22 janvier 2016 à 11:46 | Noue (#2427)

    Un état corrompu ?
    biensûr ! ils remplissent tous leurs poches

    • 22 janvier 2016 à 15:50 | rakoto-neutre (#8588) répond à Noue

      A chaque embarcation ils gagnent des milliards ! Mettez-vous à sa place, ni vu ni connu, je continue !!!

  • 22 janvier 2016 à 12:31 | betoko (#413)

    Et dire que Jean Ravelonarivo avait minimisé l’avertissement du CELiS . J’aimerais bien que la Banque Mondiale et le FMI entrent en jeu , qu’ils donnent un coup, de pieds dans cette fourmilière un bonne fois pour toute . Nous en avons assez des irresponsabilités de nous dirigeants , on dirait que nous avons affaire à des enfants

  • 22 janvier 2016 à 12:45 | takaka (#8449)

    Non ! Le titre est faux ; c’est le bemarenina avec entrée bordélique et sortie baranahina.

  • 22 janvier 2016 à 13:44 | francais (#9362)

    C’est plutôt le jeu ambigu de Madagascar qui pose question ?

    « Les déclarations tonitruantes de la Président de la république lors de sa prise de fonction il y deux ans ainsi que celles de l’actuel Premier ministre sur leur volonté et engagement pour mettre un terme à cet honteux trafic sont restés lettre morte. »
    M-T 19/01/16

    « Notons que plus de 5 400 tonnes de bois ont été saisies sur les côtes malgaches ou dans les ports étrangers entre décembre 2013 et octobre 2015, selon le décompte publié par la CITES. La plus grosse prise – 3 372 tonnes – a eu lieu à Singapour en mars 2014. Au total, ces quantités colossales correspondraient à un volume de 35 000 à 40 000 arbres. Une catastrophe pour l’environnement malgache. »
    M-T 19/01/16

    « En tout cas le Premier ministre Jean Ravelonarivo était amer en répondant aux questions des journalistes relatives à cette décision de la CITES « tout le monde peut dire ce qu’il veut, rétorque-t-il, nous avons fait beaucoup d’efforts malgré les allégations de certains. Je ne peux pas empêcher quiconque de dire ce qu’il veut. J’ai la conscience tranquille ». »
    M-T 20/01/16

    « « Dans les circonstances actuelles, remettre les bénéfices des ventes aux enchères à Madagascar au lieu de les placer dans un fonds sûr pourrait créer une incitation perverse à la poursuite du blanchiment du bois dans le commerce illégal pour qu’il soit mis aux enchères une fois saisi », note la CITES »
    M-T 20/01/16

    Quand Madagascar assure lutter contre le trafic, des quantités énormes de bois de rose ont été saisies !
    Et ces saisies laissent imaginer les volumes qui sont passés au travers... 500000 arbres ? Un million d’arbres ? Dix millions ?

    Et pour récupérer l’argent du produit de ces crimes, l’Etat Malgache déploie une énergie rare et productive, comme quoi, quand on veut, on peut...

    Ce qui met mal à l’aise partout dans le monde, à Madagascar comme à Andafy, puisqu’il s’agit de commerce criminel, d’espèces soit disant protégées, richesses régionales en voie de disparition.

    Il est temps de prendre conscience de la réalité mafieuse qui s’est attaquée au pays malgache.

    Et je m’étonne du silence assourdissant des nationalistes des îles au trésor, qui ne pipent mot, et laissent passer là, à portée de main, des trésors qui naviguent vers des pays lointains...

  • 22 janvier 2016 à 15:58 | Gérard (#7761)

    Il me semble que ici comme dans beaucoup de pays « pauvres » le problème le plus crucial, c’est l’incommensurable besoin d’argent de ces « happy fews » dont le nombre semble, en contradiction avec le vocable anglais, augmenter de jour en jour

    - besoin d’argent pour assurer le train de vie

    - besoin d’argent pour assurer réélection et maintien au pouvoir

    - besoin d’argent pour préparer une base arriéré en cas de départ précipité

    j’en oublie bien sûr mais , si bois de rose, or, holothuries, saphir etc... leurs devenaient inaccessibles, qu’iraient ils nous inventer ?

    • 22 janvier 2016 à 16:52 | kozobe (#7754) répond à Gérard

      Bonjour Gérard,
      Rétablir et légaliser l’esclavage pour envois massifs dans les pays du golfe arabo/persique, vider tous les cimetières et vendre aux plus offrants les os longs ...Et j’en passe. Mais, une chose est sûre, leur imagination ne connait aucune limite quand il s’agit de se faire de l’argent facile.

    • 23 janvier 2016 à 12:27 | Paulo Il leone (#6618) répond à Gérard

      Mais NAN ils sont pas cupides, les « happy few » ! En bons mafieux qui se respectent, Ils créent des opportunités de croissance là où d’autres auraient des scrupules bien inutiles.
      Mais rassurez-vous, à Mada y a le Fiahavanana et une tradition ancestrale de solidarité, c’est bien connu !
      ’Y vont surement faire comme Robin des bois, et redistribuer toutes ces richesses mal acquises aux démunis ... s’il leur reste quelque chose après s’être fait construire un palais (comme le pauvre milliardaire qui s’est fait construire une demeure hollywoodienne digne des mille et une nuits au bord du lac d’Ambohijanary) et après avoir fait cadeau de 4X4 flambant neufs à la faimille et aux copains ...
      On peut pas aider tout le monde, vous le savez bien !

  • 23 janvier 2016 à 12:15 | Paulo Il leone (#6618)

    Merci à MT pour ce scoop digne du pulitzer ! Et ... bienvenue à la RM « autruchienne » énonmoin bananière de ’l’océan indien.
    Z’auriez pas un petit scoop sur les îles éparses pour la route ?

  • 24 janvier 2016 à 19:38 | leclercq (#4410)

    Bonsoir
    Comme l’autruche oui , la tête dans le sable mais les deux mains bien tendues pour les bénéfices

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS