Facebook Twitter Google+ Les dernières actualités
samedi 20 avril 2024
Antananarivo | 02h33
 

Editorial

Les coups de griffes du samedi 26 janvier

samedi 26 janvier 2013 | Georges Rabehevitra

La nouvelle de l’année, peut-être même du siècle, que notre pays scotché à la pauvreté et à une gouvernance de république bananière depuis des lustres attendait depuis la nuit des temps : Rajoelina annonce sa candidature pour la présidentielle de 2018. Xptdr !

J’ai regardé dans mes archives, mais c’est une première : l’annonce officielle d’une candidature à une élection, avant que la précédente n’ait eu lieu ! Ce qui s’appelle être précoce. Mais la précocité est tout sauf un signe de sagesse ou de maîtrise de soi (mon ami Ndimby parle d’éjac… précoce !).

Rajoelina, pour bien montrer son intention d’être candidat avant l’heure, passe son temps à inaugurer ses GTI (Grands Travaux Inutiles). Le pauvre, il s’occupe comme il peut. Il fait pitié quand même, le jeune homme.

Pour sa candidature en 2018, Rajoelina a pris comme « chanson mascotte » la chanson du Groupe Mahaleo : « Hiaraka isika ». Pour les non-malgachophones, cela veut dire « nous irons ensemble ». Comme il ne précise par pour aller où, faire quoi, quand.., cela ressemble fort au slogan de Ravalomanana, tiré de l’évangile : « minoa fotsiny ihany » ou « il suffit d’y croire ». Avec des politiciens pareils, on n’est pas sorti de l’auberge de la pauvreté, et la France pourra continuer à mettre sa patte sur notre tête quand elle veut, et tout le temps !

« Hiaraka isika » avec Rajoelina, on a déjà vu que cela a amené le pays dans le gouffre. Remarquez, nous les Malgaches, nous sommes bien souvent des moutons de Panurge, alors pourquoi ne pas sauter de la falaise en même temps, sous le charme et la fascination d’un bacc-3 ? Mdr.

Je suis sûr qu’il y a quelques conseillers (en fait les tireurs de ficelle) qui le flattent et qui lui disent : « tu es beau, jeune,….fais-ça, fais-ci,.. ». Et lui, vu son niveau intellectuel, il obéit et fait, sans toujours bien comprendre. En 2009, dans un éditorial, je disais déjà : la marionnette et les guignols. Quatre ans après, je ne retire pas un mot de ce que j’écrivais à l’époque.

Son cas relève de la psychologie quand même. C’est dur d’accepter de mettre la queue entre les jambes, et être obligé de renoncer à être candidat maintenant. Dans une compétition, quelle qu’elle soit, le perdant a du mal à accepter qu’il a perdu. Alors, il gesticule et occupe l’espace (paroles, actes,..) pour se donner l’illusion d’exister !

Lors de son passage à Toamasina, Rajoelina a ordonné à la compagnie chinoise Mainland de démarrer les travaux de réhabilitation de la route de Foulpointe. Pour les inconditionnels de Rajoelina, je rappelle quand même qu’il avait annoncé le démarrage des travaux en octobre !

Les Chinois doivent en rire à s’en faire brider les yeux ! Faire des travaux, juste avec des paroles, sans aucun contrat écrit ? Même au fin fond du Yunnan, on ne ferait pas des choses pareilles.

Quand bien même ces travaux seraient faits, on se demande sur quelle base de cahier de charges techniques, sans parler de réceptions des travaux ? On a l’impression que pour Rajoelina, faire réparer une route nationale, c’est comme chez lui avec des employés non déclarés à la CNAPS, tout se fait verbalement et seulement avec des paroles, qui sont censées être sacrées. Lol.

Idem pour les meubles d’occase offerts par la société minière d’Ambatovy à la Mairie de Toamasina. Rajoelina ordonne que les meubles soient rendus au donateur. Voilà sa conception du rôle de chef d’État : s’occuper de vieux meubles dans une mairie ! Il fait honte quand même.

Rajoelina a dit qu’il deviendrait bientôt un citoyen ordinaire. Ordinaire ? Avec quelques casseroles et des procès en vue, quand même ?

Le général Ranto Rabarisoa a déclaré : « le retour de Marc Ravalomanana avant les élections n’est pas souhaitable ». D’après lui, le retour de Marc Ravalomanana ne peut qu’entraîner des troubles menaçant la stabilité du pays et le processus électoral. Voilà à quoi passe son temps un militaire payé sur les deniers publics : à s’exprimer sur des affaires politiques.

François Goldblatt, le tout nouvel ambassadeur de France, emboîte le pas au général cité ci-dessus, en déclarant être contre le retour immédiat de Ravalomanana, et en rajoutant : « Ne pas compliquer ce qui est déjà clair dans un contexte complexe ». C’est vrai quoi ! Quel intérêt pour la France de faire revenir de suite un ancien chef d’État qu’elle a contribué à renverser ?

Je défie un Ambassadeur de France au Vietnam, au Laos ou au Cambodge, là aussi des anciennes colonies de la France, de faire le même genre de discours en présentant leurs lettres de créances. Chiche !

C’est la preuve aussi que les hauts gradés militaires malgaches ont toujours un petit complexe vis-à-vis de la mère patrie ! En résumé, ils ont le cerveau encore colonisé. La France en profite bien et elle a raison.

Si j’étais un haut gradé de l’Armée, de la Police ou de la Gendarmerie, les déclarations de l’Ambassadeur de France ne m’auraient pas plu, mais vraiment pas. En effet, sans la langue de bois (le langage diplomatique n’est qu’une appelation soporifique de la langue de bois), sa déclaration contre le retour de suite de Ravalomanana pourrait être traduite comme ci-après : « Ecoutez moi les indigènes, euh, pardon, les Malgaches. En tant qu’ancien colonisateur et pays blanc, nous avons toujours le droit de dire ce que nous pensons de votre pays, ancienne colonie et pays pas blanc. Ce n’est pas pour autant que votre ambassadeur à Paris puisse s’exprimer sur les affaires intérieures de la France. On ne va quand même pas commencer à accepter que tous les pays aient les mêmes droits. Cela n’aurait pas de sens. S’il parle un seul instant des affaires Takkiedine, Bernard Tapie, Bettencourt ou autres, on le zigouille comme Kadhafi. La France est le pays des Droits de l’homme, oui. Mais pas du Droit des peuples ou des pays de choisir eux mêmes leur destin, non. On ne peut accepter le retour immédiat de Ravalomanana sur le territoire malgache car cela ne représente aucun intérêt pour la France. On s’est décarcassé pour le renverser, on ne va quand même pas accepter qu’il revienne comme ça, avec en plus le risque qu’il revienne en triomphe. Et puis de toute façon, vos gendarmes, militaires et policiers sont tellement nuls qu’ils seront incapables d’assurer les services nécessaires de sécurité pour un tel retour. »

Il a raison Son Excellence, en ce qui concerne l’incapacité et l’incompétence de nos forces de l’ordre. La preuve ? Lu dans l’Express : « Armés de Kalachnikov et d’une soixantaine de fusils, une centaine de dahalo ont attaqué le fokonolona à Mahaly. Le bilan fait état de neuf morts et 30 blessés graves.
Effusion de sang à Mahaly Amboasary sud. Armés de trois Kalachnikov et près d’une soixantaine de fusils de chasse, 120 bandits de grand-chemin ont arrosé de balles le fokonolona dans le village d’Analambakoa. Cinq villageois dont Albert Mily et ses deux fils , ont péri dans cette fusillade. Frappés de projectiles, une trentaine d’hommes qui se sont lancés aux trousses de la horde de dahalo sont grièvement blessés.
 »

Avec 3 kalaks et 60 fusils de chasse, vous pouvez mettre sous votre coupe toute une région de notre pays. Et tout ça avec plus de 45 généraux dans l’Armée, la Gendarmerie et la Police ! Et ces mêmes généraux se permettent de donner des avis politiques alors qu’ils n’arrivent même pas à mater quelques bandits avec 3 kalaks et 60 fusils de chasse ? C’est-à-dire, faire le boulot pour lequel les contribuables les paient depuis tant de temps. Bande de minables, tous en retraite d’office !

Pendant ce temps, côté US, on réclame le retour de tous les exilés, y compris donc Ravalomanana. Encore une divergence entre la France et les US au pays ? Et ce seront les Malgaches encore qui en payeront amèrement les frais. Les deux grands pays s’en foutent comme de leurs premiers esclaves.

Il faut dire aussi que l’on une classe politique et de politiciens en dessous de tout et qui ont le cerveau et le cœur en forme de portefeuille. Comme dit mon ami Ndimby dans ses éditoriaux qui tranchent : une classe politique qui n’a de classe que le nom !

Lu dans La Gazette :

« Recettes publiques : 1,5 milliard de dollars de pertes

La faible croissance économique enregistrée depuis 2009 ne dope pas la caisse de l’Etat.

Au contraire. La perte de recettes publiques due à cette situation s’élève à environ 1,5 milliard de dollars de 2009 à 2012 d’après les estimations de la Banque mondiale. Quand on y ajoute la chute de l’Aide publique au développement (APD) de l’ordre de 2,3 milliards de dollars, le total représente près du 1/3 du PIB annuel. C’est beaucoup et c’est ce qui explique l’appauvrissement très inquiétant de la population. Si l’on se réfère à l’estimation d’un enseignant-chercheur en économie, le pays devrait afficher un taux de pauvreté de 82% cette année, soit 16,8 millions de Malagasy pauvres sur les 21 millions d’âmes que compte le pays. Mais au lieu d’investir le peu de ressources financières dont il dispose dans des projets à impacts directs sur les pauvres, le régime en place choisit de faire autrement. Il investit dans des grandes infrastructures improductives, peut-être pour marquer son passage au pouvoir et rappeler ses réalisations en temps voulu, c’est-à-dire en 2018. En attendant, les millions de dollars engloutis dans ces infrastructures laissent en plan les pauvres ».

Ils sont d’une mauvaise fois à La Gazette ! 2009 à 2012, c’est la grande période mémorable de Rajoelina. Les grands travaux de Rajoelina, sans appel d’offres et toujours attribués à la même entreprise française, sont reconnus mondialement comme un coup de génie ! Un coup de génie, pour détourner l’argent public et s’en mettre plein les poches. Et le trano mora, vary mora,… cela mérite le prix Nobel d’économie, non ?

Encore lu dans de la Gazette :
« Montée de la pédérastie : La viande de porc comme responsable éventuel ». Voilà un article très sérieux dans son écriture et d’une grande hauteur de vue et scientifique. En tout cas, tant que l’on aura un article de ce genre (d’un niveau intellectuel plus bas que le caniveau) dans nos médias, les petits dictateurs de pacotilles, les politiciens véreux, les colonisateurs en tous genres,.. auront de beaux jours devant eux. En effet, il y aura toujours quelques journalistes qui serviront de relais à leurs conneries, sans le moindre esprit critique.

N’ayez crainte, ces coups de griffes ne sont en fait qu’un petit coup de papattes, venant d’un vieux tonton qui aime son pays et qui est bien triste de le voir dans cet état comateux. Mes seules arme, c’est l’irrévérence et une ironie trempée d’un peu d’humour, en espérant que cela réveille un peu notre sens critique et que l’on arrête d’idolâtrer n’importe quel hurluberlu qui se prendrait pour le Messie (pas Lionel, l’autre barbu).

Qu’il soit amiral d’eau douce, chirurgien en retraite, ancien laitier ou DJ.

Rappelez-vous quand même que cela fait quatre ans que le pouvoir est confisqué par quelques individus qui sont tout, sauf des patriotes ! Quand on confisque le pouvoir, c’est le peuple qui en est privé !

Alors, un peu de dignité, que diable ! Et indignez-vous !

 Tonton Georges 
À

Publicité




Newsletter

[ Flux RSS ]

Suivez-nous

Madagascar-Tribune sur FACEBOOK  Madagascar-Tribune sur TWITTER  Madagascar-Tribune sur GOOGLE +  Madagascar-Tribune RSS