- Jean Eric Rakotoarisoa.
Interrogé sur l’indifférence de la population face aux appels de l’opposition, Jean Eric Rakotoarisoa, membre actif du SEFAFI, et non moins spécialiste en droit constitutionnel, apporte une explication par l’histoire politique de Madagascar, et prévient sur un risque d’explosion sociale.
• Madagascar Tribune : Pourquoi les gens sont-ils moins enthousiastes face aux appels de l’opposition ?
Jean Eric Rakotoarisoa : « Cela a un rapport avec les événements politiques à Madagascar. Les gens sont déçus des suites et résultats des événements de 1991 et 2002. Et cette inertie populaire laisse craindre une explosion sociale. Cela arrive lorsque la situation a atteint un certain seuil qui dépasse la capacité de tolérance du peuple. Il peut y avoir par exemple une crise de la faim ».
• Est-ce que l’inertie de la population joue en faveur du pouvoir ?
« Non. Le pouvoir a plutôt intérêt à dialoguer avec les opposants. Il est plus que primordial que tous les acteurs politiques actuels se réunissent autour d’une table pour dialoguer. Il ne s’agit pas d’un dialogue pour un dialogue, mais un dialogue entre personnes responsables. Un dialogue entre des personnes qui se respectent et qui se traitent en égaux ».
• Mais avec quelle opposition le pouvoir va-t-il dialoguer ?
« Pour pouvoir dialoguer, il faut que l’opposition instaure sa notoriété et sa crédibilité. Les dissensions internes des partis politiques ne leur permettent pas de mobiliser et de sensibiliser des gens. Le dialogue n’est pas seulement une nécessité nationale, mais aussi une nécessité interne de tous les partis politiques malgaches ».
• Est-ce que l’opposition sert encore à quelque chose ?
« Bien sûre que oui. Si jamais le seuil de tolérance de la population est dépassé, il faudra une opposition forte et capable pour canaliser la révolte de la population, sinon ce sera l’anarchie totale et la destruction assurée »
Propos recueillis par Manjaka Hery
