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Tribune libre

Contribution à une sortie de crise

Le SEFAFI insiste pour des législatives d’abord et…

jeudi 14 juillet 2011

Après deux ans et demi de transition, le pays est toujours dans l’impasse. Si la « feuille de route » a longtemps entretenu l’espoir d’une issue satisfaisante, force est de constater aujourd’hui qu’elle ne fait plus l’unanimité. Parallèlement, l’action des pouvoirs publics est loin de répondre aux critères de la « bonne gouvernance » attendue, à savoir l’État de droit, la démocratie, la participation, la redevabilité, la transparence, la décentralisation, la vision stratégique, etc.

L’État est-il dirigé ?

Plus que jamais, Madagascar vit dans l’anarchie et la corruption. Cette situation ne semble guère préoccuper les dirigeants, soit totalement indifférents, soit incapables d’assumer les plus élémentaires responsabilités. C’est d’abord le cas de la justice. Prétendre que les auteurs du « trafic de bois de rose » ont été identifiés mais que leurs noms ne peuvent être divulgués au motif que l’instruction est en cours, est peu crédible. Dans d’autres dossiers, on ne s’est guère soucié du secret de l’instruction, en révélant au public les noms des inculpés. À présent, le BIANCO, l’ONI et le Ministère de la Justice se renvoient la balle. Le citoyen en conclut que les plus hautes instances de l’État, seules en mesure d’imposer le silence et de laisser faire les trafics, sont complices. Le président de la HAT a promis la lumière sur ces détournements massifs et sur la corruption qu’ils supposent, on attend qu’il tienne parole. Il en va de même pour les cas de pédophilie et d’abus sexuels sur mineurs : à notre connaissance, aucune affaire touchant des politiciens en vue et des étrangers « protégés » n’a été prise en compte par la justice.

L’incapacité de gouverner se manifeste à présent dans les plus hautes sphères de l’État. Alors que le premier Ministre avait interdit aux nouveaux ministres de remanier le staff technique de leur ministère, trois d’entre eux ont sciemment enfreint cet ordre, et s’en sont publiquement vantés, sans la moindre réaction de la Primature. Autre exemple : la mise en place envisagée d’un nouvel organisme chargé de chapeauter la CENI, au prétexte que cette dernière ne ferait pas correctement son travail. Plutôt que de créer une nouvelle institution budgétivore, mieux vaudrait améliorer l’existant et obtenir une plus grande transparence dans la gestion du budget alloué à la CENI, jusque dans ses moindres démembrements. Car s’il est normal que le personnel ne perçoive sa rémunération qu’après le service accompli, il convient aussi de payer ses indemnités de déplacement avant le départ en mission : les déplacements étant fréquents, les employés ne peuvent pas en avancer les frais.

Un constat analogue peut être fait en matière de sécurité. Les forces de l’ordre sont manifestement débordées. Comment pourrait-il en être autrement, sachant que certains de leurs éléments viennent grossir les rangs des malfaiteurs ? Pourtant, aucune affaire les impliquant n’a abouti au tribunal. On retrouve la même anarchie au niveau des investisseurs : certains étrangers agissent impunément, au mépris de la loi et de l’environnement. Dans l’enseignement, la navigation à vue s’est imposée : plus aucune visibilité pour l’enseignement supérieur, plus de politique bien assise pour les niveaux inférieurs ni même de calendrier scolaire pour les élèves. L’État n’exerçant plus ses prérogatives, chacun s’estime autorisé à agir comme bon lui semble, les plus forts au détriment des plus faibles évidemment.

Pour en sortir, l’arbitrage du peuple

La société civile tente d’apporter sa contribution au dénouement de la crise. Mais nombre d’initiatives se heurtent à la politisation de certaines de ses composantes. Car la société civile n’a pas, par nature, à s’impliquer dans l’élaboration d’un schéma politique dont elle serait partie prenante. L’expérience malheureuse du FFKM en 1991 a montré les limites de l’exercice.

Pour sa part, le SeFaFi a demandé depuis des mois la tenue rapide d’élections, aux conditions qu’il n’a cessé d’exposer : code électoral, neutralité (CENI), transparence, financement, sanctions, observation de la communauté internationale, etc. Et s’il préconise de tenir les législatives avant les présidentielles, ce n’est pas seulement à cause de la difficulté d’emploi du bulletin unique, au cas où les présidentielles étaient jumelées avec les législatives. C’est essentiellement pour que la représentativité nationale des hommes et des partis politiques soit garantie par le suffrage universel. À l’inverse, commencer par les élections présidentielles fausserait le verdict des législatives, car l’élection des députés serait inévitablement influencée par le résultat des présidentielles.

Or, après deux ans d’annonces toujours démenties et de promesses jamais tenues, c’est aujourd’hui le silence total sur le calendrier électoral. Et chaque semaine qui passe repousse les échéances électorales à 2012, et donc à une quatrième année de transition, ce que refuse la plupart des citoyens. Il faut en conclure que les responsables de la transition ne songent qu’à conserver leur pouvoir de fait et les avantages qu’ils en retirent à des fins personnelles ; et qu’ils ne se soucient ni de la pauvreté et de l’insécurité croissante de la population, ni de la légitimité de leur pouvoir, ni de la reconnaissance internationale…

D’où la proposition du SeFaFi d’organiser impérativement des élections législatives avant la fin de l’année, au plus tard en novembre. Ainsi une Assemblé nationale légitime pourra adopter en priorité les lois organiques et une loi d’amnistie - lesquelles relèvent exclusivement d’une Assemblée élue. Il lui reviendra, après avoir présenté (« par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale », Constitution, art. 54) le premier ministre de son choix, d’exercer la plénitude de son pouvoir de faire les lois, en mettant un terme à la pratique honteuse qui consiste à entériner sans amendements les textes élaborés par l’exécutif. Les élections présidentielles devront alors se tenir dès la fin de la saison des pluies. Quant aux maires dont les mandats arrivent à expiration en décembre prochain, il serait inopportun et contestable de les remplacer par des délégations spéciales ; mieux vaudra prolonger leur mandat et celui des conseillers jusqu’à la tenue, dans les plus brefs délais, des élections territoriales.

Personne ne peut décemment récuser l’arbitrage du peuple. Mais pour que cet arbitrage soit valable, l’ensemble des parties prenantes doit pouvoir juger de l’objectivité du processus électoral, et en accepter le verdict. Il faut donc leur donner toute leur place en réaménageant la CENI, et leur offrir plus de garanties en acceptant la supervision des observateurs étrangers. Si tel est le cas, aucun démocrate ne pourra s’opposer à une élection, ni en contester le verdict.

Antananarivo, le 9 juillet 2011

SEHATRA FANARAHA-MASO NY FIAINAM-PIRENENA

SeFaFi

Observatoire de la Vie Publique

Lot III R 45 ter Tsarafaritra, Tsimbazaza, Antananarivo 101

Tél/fax : 22 548 88 Email : sefafi@gmail.com

8 commentaires

Vos commentaires

  • 14 juillet 2011 à 09:19 | niry (#210)

    Sefafi, vous y êtes pour beaucoup dans cette situation qu’on vit actuellement, Vous ressemblez maintenant à des pyromanes qui appellent les pompiers à l’aide. Vous chantiez à l’époque ? Et bien, dansez maintenant..

    Bon, allez, je vous écoute quand même d’une oreille, parce que tout n’est pas forcément faux dans ce que vous dites..

    • 14 juillet 2011 à 11:33 | Boris BEKAMISY (#4822) répond à niry

      Niry

      C’est tellement gratuit de dire que le SEFAFI est pour beaucoup dans la situation actuelle....

      Ce ne sont des observateurs ...et on dirait que l’OEIL, pour vous , est tenu le responsable de tout ce qu’il voit....

      Le SEFAFI est fidèle à lui-meme , IL INTERPELLE et tire la SONETTE D’ALARME que Rajoelina et Ravalomanana soient au pouvoir ça ne change pas le mode opératoire de la SEFAFI...il etait toujours ainsi depuis Zafy et Ratsiraka aussi...

      Le SEFAFI est l’Organisation de société civile la plus experimentée à Madagascar et il fait bien son rôle de maniere objective pas comme le CNOSC qui se ridiculise de plus en plus dans la politique politicienne....

      Ravalomanana avait tort de rester SOURD à l’interpellation de la SEFAFI....il y est allé meme plus loin en expulsant un memebre de SEFAFI(P.URFER) comme si l’ AUTISME n’etait pas encore suffisant et cet excès lui a couté cher....le SEFAFI n’y est pas pour rien....

      Rajoelina dispose cette capacité d’ecoute mais trop habitués aux habitudes dictactoriales de Ratsiraka et de Ravalomanana les malgaches trouvent, à tort ,que la capacité d’ecoute de Rajoelina est une faiblesse......

      .Alors c’est plutot SA FORCE ....et on s’etonne que Rajoelina est toujours là.....malgré la complexité de cette crise politique...

    • 14 juillet 2011 à 16:52 | scot (#4482) répond à Boris BEKAMISY

      Hmmm…
      De tous les Bekankana qui pullulent sur ce forum en y vendant leur « talent oratoire » au bénéfice du département de la propagande HATiste, vous êtes, Môssieur l’anonyme, incontestablement le meilleur ! Si si si… je vous reconnais.

      J’en profite donc pour vous demander d’avoir l’obligeance de bien vouloir relayer ce message à vos supérieurs hérarchiques (à moins que ce ne soit vous, d’ailleurs) afin qu’ils vous laissent assigné à ce poste et renvoient tous vos autres collègues bekankana borico à Andralanitra afin qu’ils approvisionnent un peu les neurones.

      Ceci dit, je doute de la capacité d’écoute de votre filou… sauf quand il s’agit de suivre les instructions de notre Astérix national (pour les manœuvres polifika) et du Vatomanga (pour le fric supposé inodore).

      Au plaisir….

    • 14 juillet 2011 à 17:13 | niry (#210) répond à scot

      Certes, Boris, la SeFaFi est dans son rôle.. comme elle l’a été tout au long de son combat contre Ravalomanana. Ce que je ne lui pardonnerai jamais, c’est d’avoir dansé et d’avoir cautionné ce viol collectif de la Constitution (on est d’accord, y compris par Ravalo !). Elle aurai dû dénoncer le coup d’état avec véhémence. Ce n’est pas à des gens pareil que je confierai un quelconque mandat électoral.

      Et très sincèrement, c’est le seul grief que j’ai contre Rajoelina. Je regrette toujours qu’il se soit servi de militaires et d’un coup d’état pour accéder à ses hautes responsabilités. Il aurait attendu son heure, patiemment, il aurait attendu ses 40 ans.. et c’était certainement dans la poche.

      Le résultat est tout autre : on ne peut, certes, nier son obstination et son opiniâtreté à faire (comme vous dîtes) plier la Communauté internationale, il n’en restera néanmoins de lui que l’image d’un putschiste arriviste, n’hésitant pas à marcher sur les cadavres des autres et sur la Constitution, la fierté d’un pays tout entier, pour arriver à ses fins.

    • 14 juillet 2011 à 19:21 | scot (#4482) répond à niry

      Effectivement, pas besoin d’être devin pour prédire l’image qui restera de lui dans l’histoire de Madagascar : à la poubelle (et malheureusement, le pays avec) à la vitesse d’un TGV made in France.
      Et comme il n’est pas sûr de pouvoir gagner la « future élection » (que d’ailleurs, il ne peut financer, malgré ses wawawa nationalistes à répétitions… ) on comprend que ça puisse trainer.... Bonjour l’image finale du naughty boy !

      L’analogie « SeFaFi = pyromane » n’est pas mal non plus… mais je crois qu’on en avait déjà parlé en long et en large lors de leur dernière intervention sur cette Tribune.

    • 14 juillet 2011 à 21:01 | maso (#2264) répond à niry

      Entièrement en accord avec vous Niry, le SeFaFi est sortie de son rôle d’ observateur lors de la crise de 2009 et il ne s en ai jamais excuser a se jour. Pourtant son rôle ne pourra retrouver sa valeur confiance, qu après cette exercice.

    • 15 juillet 2011 à 04:57 | NY OMALY NO MIVERINA (#1059) répond à niry

      Cà cogite, çà propose et çà avance ...

      Pas mal comme idée au lieu de « copier-coller » La France et la démocratie occidentale inadaptée à notre réalité économico-socio-politique.

      L’idéal c’est un régime politique original malagasy. Ni parlemenaire, ni présidentiel, ni semi- présidentiel, ni semi-parlementaire.

      Pour ce faire, nous avons besoin de toutes les têtes pensantes, reflet de notre identité culturelle, philosophique, historique et pratique, ... et capables de l’exprimer.

      Ce qu’il nous faut et ce qui nous fait défaut.

      La Communauté internationale est bien gentille de s’occuper de nos soucis mais ... elle ne vit pas la réalité quotidienne du Malagasy.

      Ma conception politique pour M/car est pratiquement pareille à celle de SEFAFI.
      Les législatives d’abord qui reflètent les attentes du Vahoaka. L’élection présidentielle après, élu(e) :
      - soit par le Vahoaka,
      - soit par des élus (sénateurs,députés, maires, présidents des syndicats, d’associations, ...).

      Facile à dire mais quoiqu’il en soit, il faut avoir le sens de responsabilité, de la volonté politique et de l’honnêteté.

      Servir et non se servir !

      On y va ?

  • 14 juillet 2011 à 12:43 | violety (#3681)

    Si j’ai encore bonne mémoire, le parti de feu Herizo le Leader Fanilo a proposé depuis SEPTEMBRE 2009 que la voie la plus rapide et légitime était d’organiser une élection législative d’où sortira des Députés ELUS par le peuple, et un Premier Ministre issu de la majorité de cette Assemblée Législative. La Communauté Internationale aurait tout fait pour que ces éléctions législatives aboutissent, pour que Madagascar revienne dans l’ordre constitutionnel comme elle a toujours exigé. Et on aurait résolu légalement tous ces problèmes d’amnistie .......etc . Qui sait ? si ces élections ont eu lieu peut être que le TIM et Ravalomanana seraient revenus au pouvoir « légitimement », et ils auraient tiré une bonne leçon de ce « coup d’état populaire !!! ». Ou le TGV et consorts sortaient majoritairement de ces éléctions législatives et Rajoelina aurait été ELU sans discussion non plus. Que de temps perdu pour notre pays. C’est vrai que la notion de temps n’est pas pareil de par le monde. Ici, comme on dit « le temps c’est de l’argent ou plutôt TIME IS MONEY ». From America.

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