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Environnement

Faux Cap

Le « Gulser Ana » a fait des ravages dans la chaîne alimentaire

vendredi 30 octobre 2009 |  3185 visites 

Les déchets toxiques provenant du naufrage du « Gulser Ana », au large de Faux Cap, à l’extrême sud de Madagascar, ont eu des impacts graves sur la santé de la population locale, ainsi que sur les milieux marin et côtier de la région, selon une étude financée par le WWF.

Le « Gulser Ana », battant pavillon turc, a fait naufrage au large du village de Faux Cap, le 26 août dernier. Ce vraquier transportait 39.000 tonnes de phosphate brut, 568 tonnes de carburant, 66 tonnes de fuel et 8000 litres de lubrifiant. Peu après le naufrage, ces produits se sont déversés dans l’Océan Indien. Le naufrage s’est produit dans un couloir migratoire des baleines lors de leur période de reproduction.

Le rapport a été élaboré par une équipe pluridisciplinaire, composée de huit scientifiques, qui a effectué des études à Faux Cap, sur financement du WWF.

Dans une année normale, une à trois baleines s’échouent dans la région, une zone que ces cétacés fréquentent pendant la saison migratoire, Or, au cours du seul mois de septembre 2009, neuf baleines s’étaient échouées dans la région de Faux Cap. Par ailleurs, les plages ont été envahies par la marée noire. Les habitants souffrent de problèmes respiratoires, et de maladies cutanées et diarrhéiques.

« Le WWF est très préoccupé par les impacts négatifs possibles de cet accident sur la biodiversité marine et côtière, les menaces sur les écosystèmes et la perte de moyens de subsistance pour la population locale dont la plupart vivent de la pêche, a déclaré Olivier Harifidy Ralison, Coordinateur du programme Marin du WWF à Madagascar et dans l’Océan Indien Occidental, et c’est pour toutes ces raisons que le WWF a décidé de financer ces études », a-t-il dit.

De grosses plaques d’hydrocarbures ont couvert les plages sur 30 km à l’est de Faux Cap, mais aussi dans les zones situées à l’ouest de l’épave. Les personnes qui ont été embauchées pour le nettoyage des zones polluées n’ont pas été équipées de façon appropriée, en termes de vêtements de protection, et d’outils adéquats. Par ailleurs, les plaques de pétrole ramassées, et mises dans des sacs en plastique, jonchent sur les plages au risque de provoquer d’autres dégâts écologiques, souligne le rapport.

Plus de 20 000 personnes, sur les 40 000 que compte la région, ont été affectées par les conséquences du naufrage. L’étude a notamment mis en exergue les effets de l’interdiction de la pêche, pour une période de trois mois, sur la subsistance des familles. La pêche constitue en effet la seule source de revenu pour 25 à 40 pour cent d’entre elles.

Les impacts sur les espèces marines sont également tragiques

« Comme les êtres humains, les baleines souffrent de problèmes respiratoires en raison de l’odeur et du fuel lui-même. La baleine revient en surface de temps en temps pour respirer et, lors de cette remontée, si elle rencontre des couches de fuel ou de lubrifiant, elle pourrait en mourir », a déclaré pour sa part Yvette Razafindrakoto, spécialiste des mammifères marins de l’ONG WCS.

Bien que le phosphate brut ne soit pas un poison, une quantité énorme de ce produit déversée d’une seule traite dans l’océan provoque inéluctablement des effets en chaînes. L’équipe d’experts a notamment relevé des signes d’eutrophisation dans les environs immédiats de l’épave du « Gulser Ana ». L’eutrophisation étant la modification et la dégradation d’un milieu aquatique. Ceci est lié en général à un apport exagéré de substances nutritives, qui augmentent la production d’algues.

« Dans le cas de Faux Cap, le phosphate agit comme un engrais mais à très forte intensité. Cet état de chose a provoqué une prolifération d’algues. Le phénomène débute donc par une prolifération anormale de certaine algues et se termine par l’asphyxie et la destruction de l’ensemble de l’écosystème », a indiqué Olivier Ralison du WWF.

Par ailleurs, certaines espèces, comme le crabe des sables, sont devenues rares dans la région. Quant aux différents gastéropodes qui ont été étudiés, il a été constaté qu’ils contenaient une quantité élevée de métaux lourds, ce qui explique un fort taux de mortalité.

Des premières conclusions de ces études, il ressort que la chaîne alimentaire dans la région de Faux Cap est gravement affectée. Ceci signifie, selon l’étude, que les effets de cette catastrophe écologique sur la population et sur l’écosystème marin et côtier de la région de Faux Cap ne pourront être définitivement établis qu’après quelques années.

Il faut relever enfin que le vraquier « Gulser Ana » se trouvait parmi les 66 navires-poubelles inscrits dans la liste noire des bateaux jugés dangereux au sein de l’Union Européenne, depuis 2002. Ces bâtiments sont interdits d’approche des côtes européennes.

Recueilli par Bill

6 commentaires

Vos commentaires

  • 30 octobre 2009 à 11:36 | vuze (#918)

    Merci pour cet article.

    L’avez-vous envoyé aux organisations écologistes en Europe ?

    C’est un scandale. Je ne suis jamais allé à Faux cap mais les personnes qui m’ont parlé de cette région décrivent un paradis sur terre... C’est absolument dégoûtant qu’on en ait pas assez parlé en Europe...

    Cordialement.

  • 30 octobre 2009 à 12:09 | da fily (#2745)

    Vuze, je vous rejoins pleinement ici ! Merci d’avoir intervenu le premier...

    Pourquoi « ils » n’en parle pas ? Rappelez-vous la scabreuse histoire des déchets remisés en Côte d’Ivoire ? Où en est-on ?

    Petit pays lointain qui n’émeut pas grand monde, cela donne envie de pleurer, si vous connaissiez la région...

    Mais le devant de la scène est occupé par qui vous savez, les protagonistes ne pensent même pas "récupéreré cette affaire qui va faire du mal à notre environnement.
    Et oui, on n’en parle que très peu, je crie ici qu’il faut que cela cesse, non de nom...

    • 30 octobre 2009 à 15:52 | courage politique (#1097) répond à da fily

      les politiques devraient tirer des enseignements du passé excrécrables pour s’occuper davantages des gens, des populations et des affaires du pays.

      C’est triste, le pays n’a pas besoin de subir une épreuve complémentaire. La mobilisation de chacun devra être sans faille et sans clivage.
      La quantité de polluant s déversée pèse naturellement lourd sur cet ensemble d’impacts.
      Le ‘’ gouvernement ‘’ épaulé par toute la force vive et des ONG me semble opportun pour pouvoir porter cette catastrophe au niveau où elle doit être portée.
      Faire le recensement des populations sinistrées est déjà une plein de bon sens. Mais se préoccuper, sérieusement de ces impacts négatifs et des conséquences immédiates et à long terme s’en est une autre.

      Indemniser les populations par des denrées ponctuelles à court terme s’avère nécessaire si cela puisse atteindre les destinataires et les vrais sinistrés.

      A ne pas oublier non plus qu’ une démarche ponctuelle de ce type ne permette pas de jauger ni la profondeur ni la gravité des dégâts causés.
      La mobilisation est le maitre mot pour porter cette macabre affaire au niveau internationale, car il faut le dire, Madagascar ne fait que constater les dégâts car il n’a pas les moyens humain, techniques, et surtout économique à faire face seul aux catastrophes de cette ampleur.

      Les secousses telluriques causant le tremblement de terre et/ou le cyclone sont des dégâts ‘’ imprévisibles’’ relevent de la non maîtrise de la nature mais, une marrée noire causée par un bateau poubelle ressort d’un acte criminelle délibéré et nécessitant une traduction des coupables devant le tribunal compétent.

      Il faudra dans ce cas que les services compétents évaluent avec certitude le taux de sinistres écologiques sur l’ensemble des populations touchées et de la biodiversité de cet endroit dans son ensemble. Et c’est seulement à partir de ses évaluations que les indemnisations prennent effet.

      on ne badine pas avec la santé publique,
      crions tous, plus jamais ça et que les coupables soient neutralisés.

  • 30 octobre 2009 à 21:55 | liana (#3410)

    Le gulser Ana est passé au large de faux cap par hasard ou c’était exprès ,on n’est pas assez malheureux à cause de cette crise nationale ou quoi ? ,j’espère que le responsable sera puni à la hauteur de ses actes ! c’est inadmissible !

    NOUS devons réagir car les médias en EUROPE est très silencieuse concernant cette affaire !

  • 1er novembre 2009 à 14:55 | niry (#210)

    Et en plus, le vraquier était sur liste noire... à ces pollueurs, il n’y a que le porte monnaie qui les fait réagir. Il faut vraiment leur faire très mal. Ah mais oui, c’est vrai, on n’a pas d’assemblée nationale, ni de député...

  • 1er novembre 2009 à 20:49 | SNUTILE (#1543)

    Il est à redouter que ce navire ait pu transporter d’autres déchets plus dangereux non déclarés.
    Il est urgent d’équiper Madagascar d’une organisation internationale de scientifiques et de juristes compétents qui peuvent sanctionner sans concession cette insécurité grandissante de la vie marine dont le monde entier dépend.
    Développer les coàpérations internationales.

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