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Tribune libre

La sphère politique et le développement de Madagascar

jeudi 24 décembre 2009 |  2450 visites 

Cette contribution porte sur la situation de la sphère politique malgache. Nous analysons son évolution et ses implications en matière de développement.

Evolution globale du profil des hommes politiques depuis l’indépendance

L’administration coloniale a formé des malgaches pour quelques tâches. La première génération d’hommes politiques était ainsi composée d’individus ayant un niveau d’instruction relativement élevé. Toutefois, ils n’ont pas réussi à développer le pays. Cette situation s’explique du moins par leur incapacité à transcender les calculs purement personnels. La politique est notamment considérée comme un milieu où on peut gagner des revenus importants et un grand nombre d’hommes politiques qui arrivent au pouvoir n’ont pas une réelle volonté à améliorer les conditions de vie et le bien-être de la population.

Les évolutions récentes de la classe politique sont mêmes préoccupantes. La situation s’est aggravée depuis quelques années. Le niveau d’instruction des hommes politiques diminue et le monde politique est de plus en plus miné par l’enrichissement personnel et les détournements des ressources nationales et des aides internationales.

La tendance des entrepreneurs à faire de la politique

Les entrepreneurs tendent à investir dans des secteurs à forte valeur ajoutée où le rendement est élevé dans les pays développés. Leurs activités agissent ainsi positivement sur le développement. Par contre, il semble que ces agents économiques ont découvert un secteur particulier d’investissement qui celui de la politique à Madagascar.

L’observation des pratiques d’un grand nombre d’hommes politiques de la génération récente renvoie malheureusement à l’analyse classique de la relation entre le profit et l’investissement.

La politique est devenue un secteur d’investissement à part entière à Madagascar. En effet, un grand nombre d’individus consacrent des ressources dans des activités politiques afin d’obtenir des gains. Il existe des entrepreneurs qui arbitrent entre leur activité de base et faire de la politique. D’autres font de la politique pour favoriser leurs propres entreprises. Ils ont ainsi tendance à faire de la politique pour augmenter leur patrimoine et leur revenu.

L’incidence de la sphère politique sur le développement

Les attitudes et les comportements des hommes politiques agissent sur l’évolution de l’économie malgache.

Le développement de Madagascar requiert une modification profonde de la mentalité des hommes politiques. Il faut arrêter la logique d’accumulation personnelle des hommes politiques et de développer la morale dans la gestion publique.

Il nécessite également une classe politique compétente. Les responsables politiques doivent notamment avoir l’aptitude à mettre en œuvre ou à coordonner l’élaboration de projets de société cohérents. Dans ce contexte, un niveau donné d’instruction semble indispensable pour pouvoir occuper un poste considéré. Par ailleurs, la mise en œuvre des vastes chantiers de réformes institutionnelles, économiques et sociales dont le pays a besoin rend indispensable la contribution d’hommes politiques ayant un niveau élevé de qualification et/ou d’expérience. Des qualités sont aussi requises pour prendre des responsabilités politiques (intégrité, amour de la patrie, sens de l’intérêt général, esprit d’équité).

Enfin, le développement de la grande île nécessite des efforts importants de la part de tous les agents économiques. Les entrepreneurs jouent en particulier un rôle majeur dans l’économie selon l’économiste autrichien Schumpeter. Ils favorisent notamment le progrès technique. Les nouvelles innovations qui émergent grâce à leurs activités conduisent au développement de l’activité économique et à la création de nouveaux emplois. Par conséquent, la décision de certains entrepreneurs à devenir des hommes politiques n’est pas nécessairement favorable au développement du pays. La réduction du nombre d’entrepreneurs peut conduire à un ralentissement de l’activité économique et retarder le décollage économique de Madagascar.

Andrianasy A. DJISTERA

2 commentaires

Vos commentaires

  • 24 décembre 2009 à 09:26 | Mbôty (#3544)

    C’est tellement vrai ce que vous dites. Mais comment peut-on changer les choses ? Et le pire dans tout ça,beaucoup de malgaches trouvent normal que des dirigeants soient des voleurs et ils sont consentants. Dès qu’on commence à critiquer,on te demande :« et toi, si tu seras ministre ou président,est-ce que tu vas pas voler ? ». On critique même Zafy Albert pour ça,on le traite de c...car contrairement aux autres, sa famille et surtout ses enfants ne se sont pas enrichis quand il était Président.

    Quand au niveau d’instruction,je suis tout à fait d’accord avec vous. N’importe qui ne peut pas devenir chef d’Etat. Les candidats devraient justifier de certains diplômes.Personne ne sait exactement le niveau d’étude de Ravalo et de Rajoelina,ça explique beaucoup de choses.

  • 24 décembre 2009 à 17:40 | bema (#828)

    A partir du moment où tout est politisé, il ne faut pas en vouloir aux acteurs économiques de faire de la politique pour se protéger.Dans un système pourri, pour survivre on a intérêt à être avec eux que contre eux. C’est toute une mentalité qu’il faut changer et l’éducation débute au sein même de la famille dès son jeune âge car c’est cette famille qui constitue le socle de la société . A l’époque de l’amiral, sans carte Arema tu ne peux rien faire. Pire Ravalomanana a politisé la FJKM . Il faut vraiment faire une révolution et faire appliquer la loi. La séparation du pouvoir devrait être garantie et c ’est cette moralisation de la vie politique qui est fondamentale. Ce n’est pas les gens qualifiés qui manquent mais des gens honnêtes.La société malgache est malade et que chacun doit se ressaisir et Il est temps de se ressaisir. Tous les pouvoirs qui se sont succéder n’ont fait qu’entretenir le mal pour rester le plus longtemps possible et tout ce qui se passe maintenant n’est que la suite logique des évènements. La 4ème république devrait être basé sur l’honnêteté et c’est ce que je vais demander à Papa Noël (un peu d’humour dans ce monde de brut ne fait pas du mal). Mirary Krisimasy Sambatra .Misaotra Tompoko

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