La presse se trouve apparemment au centre de la crise qui oppose le pouvoir et la commune urbaine d’Antananarivo. Le premier, fort de la légalité, sévit contre les stations de radio et de télévision jugées « opposantes, peu sûres et impertinentes ». Celles qui essaient de rester indépendantes et libres autant que faire se peut. Le second menace maintenant de représailles le groupe médiatique appartenant au chef de l’Etat en personne mais qui loue, par bail emphytéotique, un terrain de la commune d’Antananarivo. Faut-il se réjouir qu’en dépit de la véhémence des propos, Tsimbazaza n’est pas encore passé à l’acte et semble attendre le moment opportun. Dans la même foulée, la mairie réclame l’ouverture de toutes les stations de radio et de télévision fermées ou interdites dans certaines Régions de l’île. Une manière de faire monter les enchères et d’exporter la « lutte ». Plus que jamais donc, le contrôle des médias et, par ricochet, des journalistes et de l’information anime accessoirement le combat politique actuel.
Attention danger
La presse malgache se caractérise depuis son existence par son militantisme. En plus de 130 ans, elle a toujours été une presse de « combat. » Au début, sous la Royauté, c’était le christianisme contre l’obscurantisme. Sous la colonisation, cela allait de soi, les « indépendantistes » contre les pro-français. Sous la République, la presse gouvernementale contre la presse d’opposition. En fait, on est allé de raccourcis en « caricatures » pour décrire l’héritage et le passé de cette presse qui, actuellement, use à tort et à travers sa marge de liberté accordée par la législation et par la Constitution. Celle- là même qui n’aurait plus aucune valeur, ni légale ni juridique, une fois que la rue prend le pouvoir. Dans de telles circonstances, tout ou presque est permis. Autrement dit, attention, le danger est devant nous !
