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Editorial

La Quatrième République est mort-née

lundi 10 décembre 2012 | Sahondra Rabenarivo

Il est difficile de concevoir une célébration de quelque chose qui n’existe pas encore, et dont l’existence dépend d’élections dont la réalisation semble de plus en plus incertaine. Mais encore plus, de célébrer quelque chose que même ceux qui nous l’ont imposée ne respectent pas, ni à la lettre ni en son esprit. Et de voir le peu du peuple « en liesse » ne rien y comprendre, dupe à nouveau des artifices politiques.

La caractéristique la plus marquante du texte de la soi-disant 4ème République était une tentative de diluer les pouvoirs du Président de la République. Pour ce faire, on revenait à un semi-parlementarisme, qui laissait à la majorité parlementaire la désignation du Premier Ministre, chef du Gouvernement. Mais la Constitution n’a été que superficiellement retouchée, sans prévoir dans le fonds comment cette répartition de pouvoir au sein de l’Exécutif allait se réaliser en pratique. Le Gouvernement d’Unité Nationale nous donne un avant-goût du désastre à venir, avec dysfonctionnement sur fond de Président-Roi. Pour les autres institutions de la République, rien n’a été changé dans le texte, et là aussi on voit venir le pareil au même.

On célébrera dans la plus grande pompe et faste alors une République qui aurait voulu un Président plus modeste (une pompe en contraste certain avec la misère du peuple). Au lieu d’avancer vers un Madagascar nouveau, on fait un « flashback » sur le Madagascar de Didier Ratsiraka, Monsieur comme Madame. Où est cette mémoire audiovisuelle des célébrations à Mahamasina avec portrait géant de Radidy à l’appui ? Ne me dites pas, qu’en tant que quadra et quinquagénaires, ce déjà-vu ne vous gêne pas ! De surcroît, le comportement est de DJ et pas présidentiel. J’essayais d’imaginer Obama ou Hollande dans une telle posture... Quelle vision infantile pour Madagascar nous présente-t-elle ?

On me pousse (n’en déplaise à certains de mes plus virulents détracteurs) à écrire plus sur la politique et moins sur le droit (mais ce réflexe premier est difficile à effacer). Je suis persuadée que la société, pour évoluer et se moderniser, doit se baser sur certains principes de base. Mais force est de constater qu’il s’agit maintenant d’une guerre de communication où les concepts difficiles, voire étrangers, difficiles à réduire à une phrase ou deux, n’ont pas ou que peu de place. Ainsi veut la redoutable contradiction de la démocratie : gouverner c’est choisir et expliquer quand les défis sont complexes et de long terme, alors que la campagne électorale est un tout autre exercice : séduire, promettre, simplifier, voire danser.

Néanmoins, les textes, quels qu’ils soient, traduisent une vision de ce que nous sommes, et ce que nous voulons être. Les rédacteurs de la déclaration d’indépendance américaine savaient que les principes englobés dans ce texte ne reflétaient pas la réalité : « nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes sont créés égaux ... » alors que l’esclavage existait et les femmes ne votaient pas. Mais sur la base de ces principes, et la défense de ces principes par les institutions républicaines (composés d’hommes courageux), nous avons l’Amérique d’aujourd’hui, toujours imparfaite (la perfection étant impossible) mais plus proche de cet idéal.

Que voulons-nous être ?

Que nous dit la Quatrième République qui sera célébrée prochainement sur ce que nous sommes ? Que nous dit sa Constitution sur ce que nous voulons être ?

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