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Economie

Entretien avec Raymond Ranaivojaona, responsable technique national de « Tranoben’ny Tantsaha »

« L’élevage de cycle court est le plus sécurisant »

vendredi 6 août 2010
Raymond Ranaivojaona.

Tribune.com : Qu’est-ce que « Tranoben’ny Tantsaha » ?

Raymond Ranaivojaona : C’est la chambre d’agriculture de Madagascar, qui a été créée en 2002. Les 3 premières années ont été consacrées à la mise en place des structures, au niveau de chaque district, de chaque région, et maintenant notre mission est de contribuer au développement agricole. Nous sommes pour l’instant un établissement public à caractère administratif. En décembre 2008, un projet de loi a été rédigé afin de changer ce statut en établissement public à caractère économique, mais avec la survenue des troubles politiques, cela n’a pas pu être finalisé. Nous espérons que ce projet de loi va finir par passer.

Comment pouvez-vous remplir cette mission de développement agricole ?

D’abord, nous assurons la représentation du monde agricole, à qui nous servons également de syndicat. Nous veillons aussi au suivi et à la mise en œuvre de la politique agricole menée par le ministère de l’Agriculture. Enfin nous avons une mission de service agricole. Nous servons d’interface, car nous rassemblons tous les acteurs du développement agricole : non seulement les paysans, mais aussi leurs partenaires et les opérateurs en amont et en aval de la production. Nous aidons aussi les agriculteurs de nos conseils administratifs, ou sur l’utilisation des financements qu’ils reçoivent.

Quelles sont les grandes lignes de la production agricole actuelle ?

Nous privilégions avant tout la sécurité alimentaire, qui passe par la riziculture, et quelques autres productions, dont le maïs et le haricot. À côté de cela, nous encourageons aussi les cultures de rente, notamment le girofle et le cacao, qui améliorent nettement les revenus des ruraux.

Et en ce qui concerne l’élevage ?

Notre politique actuelle est d’inciter les gens à faire des élevages de cycle court. Le zébu, c’est bien beau, mais c’est long, et plus adapté à certaines régions qu’à d’autres. Par contre, les porcs, les volailles, les lapins et les petits ruminants sont accessibles à tous. Sans compter les problèmes de vols qui sévissent pour les éleveurs de zébus. Finalement, l’élevage à cycle court est plus sécurisant sur tous les plans, et il améliore nettement le revenu.

Pouvez-vous revenir sur l’élevage de lapins ?

Cela fait 4 ans maintenant que la chambre d’agriculture œuvre au développement de l’élevage de lapins. C’est un élevage très porteur pour les exploitations agricoles, et notamment les exploitations familiales. Les paysans que nous avons appuyés (et qui se trouvent majoritairement sur les Hauts Plateaux) ont tellement de succès qu’ils n’arrivent pas encore à satisfaire la demande. Ceci est dû aussi à la petite taille des races locales de lapins. Nous avons cherché à importer d’autres races de La Réunion, mais les règles sont très strictes. Nous n’avons pas encore reçu d’autorisation pour ces importations, mais nous ne désespérons pas.

Qu’est-ce que les agriculteurs présents attendent de Fier-Mada ?

En fait, le but n’est pas vraiment la foire, mais plutôt l’après-foire. Vous voyez, si une organisation agricole vient sur ses propres moyens à une foire, dans l’immédiat elle est perdante. Mais ce sont les échanges qui vont se faire après la foire, grâce aux relations qui auront été établies pendant la manifestation, qui la rendront gagnante. C’est pour cela que les agriculteurs présents sont venus grâce à l’aide technique et financier d’organismes d’appuis, et ont été sélectionnées en fonction de l’impact attendu et de leur représentativité.

Propos recueillis par Mona M.

4 commentaires

Vos commentaires

  • 6 août 2010 à 16:43 | Rivohanitra (#142)

    Bonjour à Raymond Ranaivojaona !

    Je suis de très près l’évolution de l’agriculture de notre pays.
    L’agriculture est la clé du développement et la porte de sortie pour vaincre la misère, surtout dans un monde où la terre cultivable se raréfie. En parallèle, on note la flambée des prix des produits alimentaires réduisant de beaucoup le pouvoir d’achat de ceux dont les revenus sont faibles.
    Aujourd’hui, le Niger se bat contre la famine, le kere est toujours là pour nous rappeler un grand défi.

    Mais avant toute chose, je voudrai d’abord vous remercier pour votre courage et votre engagement.

    Pour l’élevage, je pense comme vous qu’il faut favoriser le cycle court, pour des raisons de sécurité, mais aussi parce que nos éleveurs ont un capital de base très faible. Par contre en ce qui concerne les lapins d’importation, le principe de précaution est de rigueur. J’habite dans une région où les lapins se sont beaucoup multipliés, mais hélas ils sont malades (importés d’Australie), la difficulté aujourd’hui c’est d’arriver à les éliminer.

    J’essaie de suivre les cours des produits agricoles, il semblerait que les cours du poivre ont flambé et qu’il y aurait dans le monde un marché à prendre, du côté de l’Inde et des USA. Peut-être que nos agriculteurs malgaches y trouveront leur salut ? Apparemment le poivrier (?) est une plante très résistante.

    Le créneau « apiculture »
    D’après les informations dans les revues, les apiculteurs européens ont de gros problème, là encore, il me semble qu’il y a une stratégie nationale possible. Surtout que le miel d’eucalyptus est très apprécié en Europe.

    Merci à vous Monsieur Raymond Ranaivojaona.

    • 6 août 2010 à 18:45 | rabri (#2507) répond à Rivohanitra

      « Le zébu, c’est bien beau, mais c’est long, et plus adapté à certaines régions qu’à d’autres. Par contre, les porcs, les volailles, les lapins et les petits ruminants sont accessibles à tous. »

      Pourquoi oublier délibérément les élevages de moutons et de chèvres ?? Ce sont 2 espèces qui ont des rôles importants sur l’aménagement des espaces ruraux, dont le plus important est leur faculté à brouter de l’herbe à ras le sol, donc à lutter contre les feux de brousse.

      Mis à part cela, les moutons produisent aussi de la laine et du bon lait pour les fromages

      Quant aux chèvres, leur lait est connu empiriquement avoir une vertu très nourricière et thérapeuthique. Qui c’est qui n’a jamais fait des dizaines de km pour aller chercher du lait de chèvre quand on a dans sa famille un(e)enfant qui tousse gravement ( = koho-davareny ou coqueluche). Les éleveurs de bovins avertis en savent aussi quelque chose car en faisant têter systématiquement les veaux à une chèvre allaitante, l’élevage concerné ne connait jamais aucune mortalité de veaux.

      Pour ces 2 élevages, il faut que les malgaches (surtout des hauts plateaux) lèvent le tabou assimilant ces élevages à la réligion musulmane. Tout est question de formation et d’information et ces tabous disparaissent.

    • 6 août 2010 à 19:02 | rabri (#2507) répond à rabri

      Rivohanitra a dit : « L’agriculture est la clé du développement et la porte de sortie pour vaincre la misère, surtout dans un monde où la terre cultivable se raréfie »

      Je ne suis pas d’accord avec vous si vous avancez comme argument principal que la terre cultivable se raréfie à Madagascar.

      Techniquement parlant, la terre non cultivable est du type « désert » dont la couche arable est complètement inexistante et la vie microbienne dans le sol n’existe plus.

      A Madagascar, toutes les terres sont pratiquement cultivables, même les parcelles les plus pentues et dominées par les « lavaka ». Ces parcelles peuvent être réservées soit à des espèces végétales non exigeantes comme la vigne, le caféier (qui pousse mieux sur les hauts plateaux contrairement aux idées reçues), soit aux élevages extensifs de moutons, de chèvres, de bovins, ...

      Madagascar a des techniciens agricoles de grande valeur mais leurs savoirs faires n’ont jamais été valorisés vu le maigre budget alloué par les pouvoirs successifs au Ministère de l’Agriculture. Il y a aussi le parachutage via l’extérieur de projets non adaptés au contexte local parce que derrière, il y a les multinationales qui inondent de SOUS les instituts de recherche comme le CIRAD (organisme français de recherche tropicale TROP PRESENT à Madagascar)

    • 6 août 2010 à 22:00 | Rivohanitra (#142) répond à rabri

      Non !

      Ce n’est pas à Madagascar que les terres cultivables se raréfient, mais dans le monde.

      Vous ne pouvez pas ignorer cela Mr Rabri.

      La terre est sacrée à Madagascar, mais elle est encore abondante. voilà pourquoi, multinationales, pays tiers, convoitent nos terres....
      Mais je n’ai pas traité longuement du problème car ce n’est pas le sujet du jour

      Rivohanitra a dit : « L’agriculture est la clé du développement et la porte de sortie pour vaincre la misère, surtout dans un monde où la terre cultivable se raréfie »

      Azafady fa précis tsara ilay resako.

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