Hâtif comme disait l’autre

La composition du gouvernement de transition d’union nationale a été rendue publique le samedi 26 mars 2011, et le surlendemain, les passations ont commencé ; parmi les premiers concernés, le ministère de la Communication. Le nouveau patron de ce ministère qui n’est plus à présenter aux gens des médias et notamment à ceux de la presse écrite et à ceux des radios privées de la capitale, est apparu très pressé de prendre les rênes de ce département. La Direction de la Communication à la Présidence de la HAT ne lui suffit plus peut-être. Ayant déjà convoité le poste de président de l’Ordre en son temps, le voici maintenant qui va se préparer à signer les cartes professionnelles des journalistes. L’une de ses priorités en plus de la communication en faveur des élections que le régime doit organiser, est en effet d’assainir la profession comme il l’a dit. Il s’est donné ainsi 20 à 25 jours pour la délivrance des cartes professionnelles aux « vrais » journalistes. Il a en outre promis de créer au sein du ministère, un comité d’éthique composé semble-t-il de journalistes de la vieille génération et de jeunes chevronnés ; les véritables fonctions de ce comité ne sont pas très précises ni bien comprises par ses interlocuteurs mais il ajoute que ces membres seront rémunérés. Pour l’instant, aucun texte officiel à ce propos et encore moins sur les procédures à suivre ou les dossiers à fournir pour les organes de presse pour l’inscription des journalistes en vue de cette carte professionnelle. Ou bien suffit-il que le ministre parle pour que cela soit un ordre à exécuter ? Une note verbale nous parviendra-t-elle ?

En tout cas, plus d’un journaliste ont remarqué la vitesse à laquelle se sont déroulées les passations de service et les prises de service des nouveaux patrons de ministères de ce gouvernement Camille remplacé par celui de Vital. La course contre la montre a semble-t-il été enclenchée pour démontrer à la communauté internationale et en particulier à la SADC et aux pays membres de la fameuse Troïka, que le régime conduit par Andry Rajoelina est bien engagé dans la mise en œuvre des grandes lignes de la feuille de route présentée par la SADC par l’intermédiaire du Dr Simão et paraphée par les forces politiques acteurs de la crise. En d’autres termes, le régime Andry Rajoelina veut montrer qu’il a bien observé à la lettre les indications de la feuille de route et il revient maintenant à la SADC et à la communauté internationale de tenir parole. Ce qui sous-entend la reconnaissance internationale et l’appui financier pour l’organisation des élections le mois de septembre prochain.

Mais le bémol viendrait maintenant de la société civile Finoana. Ce mercredi 30 mars, sur radio RDB, le président de l’association Finoana, le Pasteur Nestor a soulevé l’impérieuse nécessité de mettre sur pied le Comité du Fampihavanana pour résoudre le problème de l’amnistie aux politiciens condamnés par la Justice, et cela avant toutes les élections. Les membres de Comité du Fampihavanana devraient être au dessus de tout soupçon et n’avoir été impliqués dans aucune affaire ou événement politique ; donc être d’une réputation et d’une conduite irréprochable. Pour trouver ces oiseaux rares, il ne faut pas se fier aux membres du Parlement de la transition actuelle, indique le Pasteur Nestor, il faut faire appel à la société civile. Le but étant de définir les critères et les grilles de lecture dans le choix et la désignation de ces futurs membres du Comité pour la réconciliation. Le Comité du Fampihavanana ou réconciliation est en effet en charge d’examiner les dossiers et de trancher pour l’amnistie ou non en faveur de tel ou tel politicien. Ils sont déjà nombreux ces politiciens qui sont impatients de se lancer dans la course aux diverses échéances électorales.

Enfin, quand on sait que jusqu’à maintenant les premières élections devraient se dérouler au mois de septembre 2011, il faudrait savoir dès aujourd’hui, si le jumelage des présidentielles et des législatives est toujours maintenu ou si ce sont les présidentielles qui viennent en premier. Tout cela n’empêche qu’il faudrait également savoir dès aujourd’hui les programmes et les tendances des formations ou des candidats qui comptent se présenter sur la ligne de départ. Ceci pour changer et non pour continuer dans le sillage des précédentes propagandes électorales qui sont fondées sur des personnes ou des personnalités plutôt que sur des idées et des programmes.

Les élections présidentielles françaises sont prévues pour 2012 mais d’ores et déjà les candidats ou les partis qui sont concernés entretiennent déjà dans l’opinion publique des débats sur des thèmes de leur programme. Il faut admettre que 4 ou 5 semaines de propagande à Madagascar ne suffisent pas pour imprégner l’opinion pour qu’elle débatte et se fasse son choix en toute connaissance de cause et très librement.